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35 heures : dialogue de sourds entre les députés UMP et les partenaires sociaux

Publie le mardi 10 juin 2008 par Open-Publishing
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Les députés UMP prennent le relais du gouvernement dans le conflit sur les 35 heures. Les dirigeants de la CGT, de la CFDT, du MEDEF et de la CGPME sont venus défendre mardi devant les députés de la majorité leur position commune, remise en cause par l’avant-projet de loi du gouvernement.

Les parlementaires UMP ont affiché, à quelques exceptions près, leur "solidarité" avec le gouvernement.

Cette réunion inédite entre le groupe majoritaire et Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT), Laurence Parisot (MEDEF) et un représentant de la CGPME, prévue de longue date, s’est tenue dans un contexte social tendu par la décision du gouvernement de passer outre l’accord signé en avril par plusieurs organisations sur la représentativité et les 35 heures.

L’article 17 de ce texte signé en avril prévoyait la possibilité de négocier le temps de travail dans les entreprises sur la base du contingent d’heures supplémentaires et "à titre expérimental". Mais dans son avant-projet de loi, qui sera présenté mercredi à la Commission nationale de la négociation collective (CNNC) et le 18 juin en conseil des ministres, le gouvernement autorise les entreprises à déroger par des accords majoritaires à la durée légale du travail.

Les signataires, qui s’estiment trahis par le ministre du Travail Xavier Bertrand, ont donc demandé aux députés, qui examineront le texte en juillet, de respecter leur accord. "On vous demande simplement de nous respecter", a déclaré François Chérèque. Le secrétaire général de la CFDT a proposé aux députés de donner aux partenaires sociaux un délai de six mois supplémentaires pour trouver un accord satisfaisant.

Au nom de la CGT, Bernard Thibault a brandi la menace de "conflits très importants" si le projet de loi est voté en l’état. "Ce texte de loi remet à plat tous les accords sur le temps de travail à l’échéance du 31 décembre 2009. C’est la première fois qu’un projet de loi nous annonce la date d’un futur conflit important de portée nationale", a ironisé le dirigeant syndical.

"Attention à ne pas briser un élan nouveau dans les rapports sociaux en France, élan qui peut être porteur de réformes fondamentales", a averti Laurence Parisot (MEDEF).

Ces appels n’ont pas été entendus par la majorité du groupe. Lors de la réunion, des députés UMP ont rappelé les engagements de campagne de Nicolas Sarkozy pour "sortir du carcan des 35 heures imposées". "On a un calendrier politique et une feuille de route depuis la présidentielle", a fait valoir Marc-Philippe Daubresse, selon un témoin.

"Nous sommes totalement solidaires de la démarche du gouvernement. Il y a urgence à avancer", a répondu Jean-François Copé. Le président du groupe UMP a défendu la position du gouvernement sur les accords d’entreprise, "une avancée très importante" et "tout à fait nécessaire".

Jean-François Copé a écarté la suggestion de M. Chérèque d’un délai supplémentaire de six mois, affirmant qu’il "faut avancer" sur la question.

Le président du groupe UMP s’est néanmoins dit prêt à poursuivre le dialogue. Il a proposé une autre réunion pour la fin juin-début juillet, avant l’examen du projet de loi par les députés.

Cette fin de non-recevoir a satisfait le gouvernement. "Nous sommes les uns et les autres en phase, chacun prenant clairement ses responsabilités", s’est réjoui Xavier Bertrand lors des questions au gouvernement.

Bernard Thibault a déploré "l’approche politicienne" des députés UMP. "Il est clair pour nous qu’il faut travailler plus que jamais à une forte mobilisation le 17 juin prochain", a conclu le leader de la CGT. La CFDT et la CGT ont appelé à des manifestations ce jour-là, mais les autres syndicats ne se sont pas associés à cet appel.

Les arguments des partenaires sociaux ont quand même ébranlé certains députés UMP. "Thibault est moderne par rapport au groupe UMP", ironisait le villepiniste François Goulard. "Le gouvernement et le groupe sont en train de casser quelque chose d’extrêmement positif".

La gauche a observé cette rencontre en spectatrice. "Pour établir des relations de confiance, M. Bertrand a une grosse pente à remonter. Je ne suis pas certain que cela change quoi que ce soit", a estimé Arnaud Montebourg (PS). AP

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