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5 ans dans des préfabriqués à Issy-les-Moulineaux !

Publie le vendredi 24 septembre 2004 par Open-Publishing

Logés depuis cinq ans dans des préfabriqués

DES PRÉFABRIQUÉS pour habitat et aucun relogement à l’horizon... Après plus de cinq ans, un profond sentiment d’abandon domine aujourd’hui les six familles africaines qui habitent ce terrain vague coincé entre la RD 7 et les rails du tramway T 2. A la frontière entre Issy et Meudon, loin des beaux quartiers du centre, une quarantaine de personnes, dont beaucoup d’enfants, continuent à vivre dans la précarité en attendant que l’on s’occupe vraiment d’eux.

« En avril 1999, on nous a déplacés d’un immeuble insalubre pour ces préfabriqués, raconte Balazongo Ngamaba, qui vit là avec son mari Romain et leurs quatre enfants. C’était pour six mois et cela fait plus de cinq ans... On a l’impression qu’on nous a oubliés », lâche-t-elle. Le temporaire s’éternise et c’est plein d’amertume que les habitants du camp s’apprêtent à passer un sixième hiver sous la tôle.

Une pièce de 7 m 2 pour trois adultes et deux enfants Ils payent un loyer pour ces logements, environ 75 € par mois, à quoi viennent s’ajouter l’eau et l’électricité. « Nous payons 152 € d’eau par mois, explique Balanzongo, mais c’est l’électricité le plus cher, parfois près de 3 000 € pour l’hiver. » « Ce n’est pas isolé et l’hiver il y a des infiltrations d’eau sur les murs et au plafond, ajoute Romain. On doit chauffer constamment.

L’été, c’est pas mieux, il fait parfois plus de 38 o C ! On doit parfois rester dehors jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. » Romain et Balanzongo ont une baraque de deux pièces, une chambre pour leurs enfants tandis qu’ils dorment dans le salon. Bosoboli Luamba, leur voisine, n’a pas cette chance et doit se contenter d’environ 7 m 2 à partager avec ses deux filles et leurs fillettes de 2 et 7 ans. Dans l’unique pièce, deux canapés sur lesquels la famille dort, une télé et des affaires empilées partout jusque dans la petite salle de bains. « C’est très difficile, avoue-t-elle simplement, surtout pour les enfants. » « C’est inadmissible, s’insurge Robert, son frère venu en visite. Personne n’accepterait de vivre dans ces conditions ! Il y a des rats partout. Des gens sont venus mettre du produit et des rats sont morts, mais ont pourri sous les baraques et ça a pué la mort pendant un mois. Et il y en a toujours. »

En l’espace d’une demi-heure, pas moins d’une quinzaine de rongeurs ont effectivement été aperçus... « Pourquoi sont-ils encore ici ? Il y a des constructions neuves partout dans cette ville, mais pas une seule place pour eux », s’étonne Roger. « Nous avons des papiers, nous travaillons et nos enfants sont scolarisés, plaide Romain. Nous aurions de quoi payer un loyer mais on ne nous donne pas d’appartement. Qu’a-t-on fait pour mériter ça ? » « On dit que les gens doivent s’intégrer, lance Marie, une amie, mais on les laisse dans de tels ghettos. Cet endroit doit fermer et on doit trouver une solution car c’est pathétique ! »

ISSY-LES-MOULINEAUX, LUNDI. Déplacés d’un immeuble insalubre en 1999 pour des préfabriqués (en médaillon), six familles attendent depuis plus de cinq ans une solution de relogement. (LP/SYLVAIN MERLE.)

Sylvain Merle
Le Parisien , vendredi 24 septembre 2004