A Calais, le bras d’honneur du gouvernement... (video)

de Jules

Ce matin, des policiers et des bulldozers ont "nettoyé" (selon les mots du préfet) la "jungle" de Calais (appellation donnée par le gouvernement et les médias pour désigner l’ensemble des campements ou vivaient les sans-papiers qui voulaient passer en Angleterre), sous les regards de nués de caméras et d’appareils photo, qui s’apparentaient plus à des mouches à merde qu’à des journalistes.

Les policiers ont interpellé 276 personnes sans-papiers dont 135 mineurs, qui seront toutes, on peut s’en douter, interrogées, fichées avant d’être "relogée" en centre de rétention.

Des militants de "No border" ainsi que d’autres associations étaient présents pour protester contre cette opération froide, dénuée de tout humanité.

« La jungle », résultat de la fermeture du centre de la croix rouge de Sangatte

En 2002, Sarkozy ferme brutalement le centre d’accueil des migrants tenu par la Croix Rouge à Sangatte en déclarant : « La vie d’un Afghan, c’est de participer à la reconstruction de l’Afghanistan ». Prévu initialement pour 200 personnes, ce hangar ouvert en 1999 accueillait parfois 2000 personnes dans de très mauvaises conditions. Pendant 3 ans, l’Etat n’a pas apporté la moindre solution pour ces femmes et ces hommes venant principalement d’Afghanistan, d’Irak ou du Kosovo et qui fuyaient la guerre. Si les occidentaux ont le droit de voyager, les afghans, les irakiens et toutes les personnes venant de régions en conflits doivent rester dans leur pays, pour « reconstruire » …

L’impuissance feinte des gouvernements français et britannique

Entre la fermeture du centre de Sangatte en 2002 et le démantèlement de la jungle en 2009, sept ans ont donc passé. Sept ans pendant lesquels les gouvernements français et anglais ont feint l’impuissance. De nombreuses alternatives à la tactique de l’autruche existent en effet, et la première, la plus évidente, serait de donner l’asile politique à tous ces migrants qui fuient la guerre. Alors pourquoi les laisser dans la clandestinité et dans la misère de leurs bidonvilles et de leurs campements, qui poussent peu à peu sur toute la cote ? En Angleterre, les migrants sans-papiers constituent une main d’œuvre bon marché, exploitable à souhait tandis qu’en France, ces derniers servent à illustrer le fantasme démagogique que les gouvernements de droite agitent depuis des années, celui du clandestin vagabond et parasite. Ce n’est pas un hasard si ce démantèlement intervient maintenant, Sarkozy Hortefeux et Besson ont été tenus en échec politique par les grèves de travailleurs sans-papiers lancées par la CGT, alors que les élections régionales arrivent à grand pas. Le « problème » des sans-papiers de Calais, entretenu par le gouvernement, leur sert donc de « joker » démagogique pour justifier sa politique sécuritaire et inhumaine envers les migrants.

Les médias, vecteurs de la propagande démagogique du gouvernement

Les médias sont le principal relai de cette mascarade politique, en contribuant aux mythes du « clandestin », de la « jungle ». Leur présence ce matin n’a pas empêcher les violences policières à l’égard des migrants (on le voit sur les images, mais les journalistes n’en parlent pas). Pire encore, ils contribuent à généraliser et normaliser les violences étatiques à l’égard des étrangers, sans jamais les dénoncer. Leur « objectivité » n’est qu’un prétexte pour généraliser ces violences. Il est urgent que les citoyens prennent conscience du rôle politique des médias de masse dans cette société.

Dernière nuit dans la "jungle" de Calais