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À LA GAUCHE DE LA GAUCHE...

Publie le jeudi 26 octobre 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

À LA GAUCHE DE LA GAUCHE...

Depuis le 29 mai, la gauche antilibérale se sent pousser des ailes. Elle sait désormais qu’elle peut même donner le « la » à gauche. Après vingt-cinq ans marqués par la panne communiste et la conversion des socialistes au libéralisme, la question peut se poser, sans rire, d’imaginer un rapport de force et une politique qui renouent avec le progressisme. Pas facile, toutefois... Les différentes forces qui ont contribué au succès du « non » de gauche s’interrogent donc, d’universités d’été en Fête de l’Humanité et en réunions de direction.

Chacun s’accorde à reconnaître que le cœur de toute construction est dans la remise en cause du libéralisme. Elue verte, devenue porte-parole des écologistes antilibéraux, Francine Bavay martèle : « L’antiproductivisme suppose de s’opposer au libéralisme. » Un projet partagé, tout compte fait, ne paraît plus si impossible. Il y aura bien sûr des points d’accord et des divergences. Mais là non plus le pessimisme n’est pas de rigueur. José Bové, par exemple, n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat sur la question du nucléaire. « Si nous voulons nous séparer, sur ce sujet, c’est possible. Si nous voulons avancer ensemble, faisons aussi le constat que globalement sur la question énergétique ce qui nous rassemble est supérieur à ce qui nous divise. » Et de citer l’accord possible sur la diversification des sources d’approvisionnement, sur des rapports Nord/Sud équitables, sur le droit à l’énergie, etc. Yves Salesse, président de la fondation Copernic, confirme : « Nous avons réussi cette campagne pour le “non” au projet constitutionnel aussi parce qu’au sein de la fondation Copernic nous avions vérifié par un long travail entre toutes les forces de gauche les bases d’un accord sur le libéralisme et sur le projet européen. » Ainsi, sans nier les différences entre les cultures et sensibilités de la gauche antilibérale, beaucoup font le pari qu’il est possible de prolonger la dynamique du référendum. « L’appel des 200 », qui a eu un rôle fédérateur entre des partis, des associations, des individus, des groupes locaux, s’est transformé en « Appel du 29 mai » pour bien signifier qu’il y avait là un esprit gagnant qu’il fallait poursuivre.

Quelle dynamique commune ?

Comment dépasser l’éclatement de la gauche d’alternative et la sortir, au final, d’une minorité électorale qui fait toujours le bonheur du PS ? Sur ce point, un constat s’impose à tous : ce qui a permis de gagner en mai est bien plus qu’une addition de forces. Les résultats des partielles de l’automne viennent encore de le confirmer. Pour la première fois, le Parti communiste et la LCR ont présenté un candidat commun à des élections législatives partielles à Nancy, sans parvenir à faire mieux que la somme de leur maigre score habituel. Ce qui marche n’est donc pas la seule alliance, mais une dynamique large, commune. Les foules de la Fête de l’Huma ne s’y sont pas trompées en scandant avec une vigueur particulière « tous ensemble, tous ensemble » à la fin des rendez-vous politiques de La Courneuve.

Première à en prendre acte, jusqu’à infléchir son propre discours, la direction du PCF. Alors que le parti annonçait jusqu’alors son intention de présenter en toute hypothèse un candidat communiste à la prochaine échéance présidentielle, c’est désormais sur la co-élaboration que l’accent est mis... Co-élaboration qui ne peut exclure le choix même du candidat, selon les termes du rapport présenté par Patrice Cohen-Seat lors du dernier comité national. Le PCF considère certes, dans cette perspective, qu’une candidature communiste pourrait être « un atout » selon les termes de sa secrétaire nationale. Mais ce qui prime officiellement désormais, c’est la recherche de convergence et d’élaboration commune.

Beaucoup plus confuse est la situation de la Ligue communiste. Elle n’a certes pas manqué d’inviter tous ses partenaires du « non » lors de son université d’été et ses militants sont nombreux à s’investir dans les collectifs unitaires du 29 mai. Alain Krivine ne sèche aucun de ces rendez-vous... Dans le même temps, la direction semble désireuse de jouer l’atout Besancenot. Les sondages de popularité ne le placent-ils pas dans le top 50 des Français les plus aimés ? Situation paradoxale, où la Ligue veut favoriser tout à la fois un fort mouvement antilibéral unitaire et jouer sa propre carte ! Concrètement, la coexistence des deux orientations se traduit par une certaine stratégie de la surenchère politique, Olivier Besancenot jouant, bien qu’il s’en défende, « le monsieur plus de la radicalité ». Cette ambivalence de la position de la Ligue ne va pas sans créer de fortes tensions à l’intérieur même de l’organisation... On devrait y voir plus clair en novembre, lors de la prochaine réunion de direction où les responsables de la Ligue auront aussi à analyser les effets politiques en Allemagne de l’émergence d’un mouvement antilibéral et les récentes positions du PCF.

Reste encore le positionnement des Verts. La ligne officielle du parti reste celle d’une candidature séparée en 2007. Mais les Verts sortent ébranlés par le vote du 29 mai comme en témoigne leur participation à la manifestation qui a suivi le référendum pour exiger que la France retire sa signature. L’enjeu du positionnement des Verts français dans le camp antilibéral est tout autant national qu’européen. Francine Bavay est claire sur ce point. « Il faut faire tout notre possible pour démontrer que l’on a la volonté d’avoir un projet et un candidat commun avec des porte-parole issus des différents courants de la gauche anti-libérale. C’est difficile mais pas plus que de changer le cours de la construction européenne. »

1er octobre 2005 - Catherine Tricot

article de regards nov/06

medji

Messages

  • Que la gauche antilibérale redéfinisse ce qu’elle entend par libéralisme et antilibéralisme. Je sais ce que veut dire capitalisme et anticapitalisme. Le capital, c’est des sous qu’il faudra bien contrôler, diminuer ou pas, en tous cas, répartir.

    Mais je ne sais pas ce que veut dire antilibéralisme. Est-ce d’ériger des murs pour éviter des délocalisations ? Est-ce d’interdire telle ou telle profession parce que d’aucuns auront jugé, non pas qu’elles n’étaient pas rentables, mais qu’elles l’étaient de trop ? Est-ce de s’accrocher à des principes moraux de gauche, quasiment robespierristes, quitte à couper des têtes qu’on aura imaginées à droite dans des délires de gauche ?

    Monique Renouard, encartée PCF depuis avril 2005.

    • Complètement d’accord !

      Je ne suis pas anti-libéral, je suis anti-néo-cons ! Je suis marxiste, et anticapitaliste.}}}
      Le sens des mots est hyper-important. Or, le terme "d’anti-libéral" est particulièrement mal choisi :
      1) dans les pays anglo-saxons, "liberals" fait référence à la gauche.
      2) historiquement, le "libéralisme" était une position philosophique en opposition avec l’absolutisme, avec la royauté.
      3) les "anti-libéraux" ne veulent pas moins de libertés : ils en veulent PLUS ! Avec de l’égalité, et de la fraternité.
      4) Nos ennemis ne sont pas "libéraux" : ce sont des néo-conservateurs.

      Il aurait donc mieux valu se dire anti-capitalistes : au moins, c’est clair ! Et ça aurait eu l’avantage de désamorcer les critiques de l’aile anti-rassemblement du PCF ...
      On pourrait également parler de rassemblement anti-néo-cons. Parce que nos ennemis de classe n’ont rien de libéral ! Ils ne défendent pas un espèce de "capitalisme utopique" inspiré du libéralisme philosophique, contrairement à leur propagande ! Ils défendent un impérialisme militaro-étatique, afin de globaliser PAR LA FORCE leur modèle économique oligarchique.

      Je ne suis pas antimondialiste, je suis anti-globalisation (du capitalisme)
      Il en va de même pour le terme "anti-mondialiste". parce que le capitalisme se mondialise moins qu’il ne se GLOBALISE : c’est à dire que les rapports marchands s’infiltrent dans toutes les sphères de l’activité humaine, y compris celles où ce rapport marchand est anti-social : on peut acheter un foie, un rein, du sang, des armes, ou un ministre ... Et contre cet impérialisme GLOBAL, nous devons lutter globalement, dans la foulée internationaliste de Marx et de Che Guevara. Nous sommes anti-fascistes et donc anti-nationalistes : internationalistes : ce n’est pas pour rien que "l’Internationale" est devenu l’hymne mondial du mouvement populaire :
      "L’état opprime et la loi triche.
      L’impôt saigne le malheureux
      Nul devoir ne s’impose au riche
      Le droit du pauvre est un mot creux
      "

      On ne vit pas en démocratie : nous sommes les sujets taillables et corvéables du monarque-président
      Un autre poncif récurrent de l’impérialisme est de prétendre que nous vivrions en démocratie. Rien n’est plus faux ! Nous vivons dans des monarchies électives, dominées par des oligarchies. Nous vivrons en démocratie quand le peuple votera le budget, et les lois, et que nos "représentants", révocables au cours de leur mandat s’ils trahissent leurs mandants, joueront un rôle d’exécutif des décisions populaires au lieu de décider à la place des citoyens, et contre l’intérêt général.

      Il y a bien d’autres termes que la novlangue néo-cons utilise comme armes de propagande contre nous :
       la "liberté de la presse", alors que les journalistes sont devenus "les nouveaux chiens de garde" de nos saigneurs, et qu’ils sont grassement payés par les grands trusts de l’armement auxquels ils collaborent.
       la "liberté du travail" : celles des moutons "libres" gardés par des requins libres.
       la "liberté d’entreprendre", garantie aux seuls fils-à-papas. Alors que les coopératives sont fortement déconseillées par les CCI et que les grands trusts reçoivent des milliards de fonds publics, avec NOTRE argent.

      En tant que militants de la liberté, la vraie, la seule, celle d’Eluard, de Prévert, et d’Aragon, nous nous devons de démonter cette novlangue, pour ne pas être complices des propagandes néo-cons.

      Minga, militant anti-impérialiste, anti-globalisation, internationaliste et solidaire : marxiste.
      "Parce que le vrai courage est de faire ce qui est juste"

    • Merci au pote antinéocons. Et nous sommes aussi anticapitalistes qu’antinéocons. Des
      renouardistes.

  • Bonjour, on a bien du mal a se faire une idée sur c’est quoi une véritable candidature a la gauche de la gauche ? Ok ! l’idée c’est peut être de rassembler des militants politiques ou encore ex-MP qui il faut bien l’avouer sont un peu paumés et on bien du mal a trouver le Nord d’une stratégie a la gauche de la gauche....Mais bon, si déjà il faut inventer du neuf pourquoi partir au combat politique avec du vieux ? Et on peut également s’intéroger sur la lisibilité politique de la Chose.
    Salutations
    GP

  • La gauche de la gauche doit faire face à deux grands défis pour mobiliser les gens :

     Le premier médiatique :

    1. Souvent les militants ne prêchent que pour des initiés.
    2. Les médias aux ordres sont verrouillés pour les idées progressistes.
    3. Il faut donc encourager les médias alternatifs accessibles aux non initiés.
    4. Il faut penser que la diffusion de points de vue, des arguments, des idées et des éclairages différents que ceux que diffusent des médias qui relaient les idées libérales soir et matin, nuit et jour est très importante pour que les gens puissent se construire leurs propres arguments, leurs propres armes critiques.
    5. Il faut être patient avec les gens qui n’ont pas de culture politique, qui sont victimes du libéralisme sauvage mais répètent ce qu’ils entendent et ne connaissent pas encore les autres points de vue.

     Le second "symbolique" :

    La jeunes surtout ne se reconnaissent plus dans les partis. Dans les manifs et les mobilisations, beaucoup de jeunes se veulent "apolitiques", ne veulent pas être récupérés etc. C’est bien compréhensible que les partis politiques soient déconsidérés en bloc et que l’on s’en méfie.

    Pour ma part un parti vraiment à gauche n’est pas une chapelle à gagner 5 ou 6 % ici et là mais bien un outil pour mener un combat et diffuser les idées anti-libérales au plus grand nombre.

    Je pense qu’il y a un immense mouvement de ras-le-bol par rapport au carcan libéral qui pollue les âmes et la nature qui ne cherche qu’à s’exprimer et à se cristalliser. La gauche de la gauche est bien morcellée, elle doit s’unir sur des idées et offrir aux électeurs une solide alternative politique à gauche

    ...mais elle doit aussi penser aux moyens de diffuser efficacement ces idées le plus largement possible...

    Je pense que, plus que jamais, il est possible de construire ensemble et de rassembler.

    Joël - "Quintessence"