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A Lille, après un an et demi de démarches et de manifestations...

Publie le dimanche 18 avril 2004 par Open-Publishing
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42 femmes se lancent dans une grève de la faim pour "obtenir un logement décent"

Leurs corps couvrent la totalité du sol de la pièce principale de cette grande maison délabrée, au 87 du boulevard de Strasbourg, face au métro aérien, dans le quartier populaire de Moulins, à Lille. Certaines serrent un enfant contre elles. OAS_AD(’Middle’) ;

Toutes observent une grève de la faim depuis le début du mois. Quarante-deux femmes au total. Une Française, une Ivoirienne, une Malienne et trente-neuf Guinéennes. Epuisées mais déterminées dans leur combat pour "obtenir un logement décent".

Vendredi 16 avril, elles devaient recevoir la visite de Mgr Jacques Gaillot, du professeur Albert Jacquard, de Jean-Baptiste Eyraud, représentant national de l’association Droit au logement (DAL), et de plusieurs personnalités politiques venues les assurer de leur soutien.

"On est fatiguées à mourir. On se bat pour nos enfants. Pour retrouver la dignité qu’on nous a prise", explique Azizé Chaloub, l’une des trois porte-parole du groupe. "Elles sont très déterminées, confirme Albert Prissette, permanent du DAL lillois. Nous étions contre cette grève, leurs maris également. Nous avons dû nous incliner. Elles sont parfaitement conscientes des risques qu’elles prennent pour leur santé. Quelques-unes, sans titre de séjour, risquent l’expulsion et le savent."

Cette action spectaculaire - la première menée en France pour des problèmes de logement et uniquement par des femmes - fait suite à dix-neuf mois de démarches et de manifestations. La maison a d’abord été squattée en septembre 2002 par quatre familles de réfugiés guinéens, sans abri après un séjour en centre d’hébergement, raconte Albert Prissette. Elles ont trouvé rapidement un logement social, mais d’autres les ont immédiatement remplacées. Trois semaines après leur départ, 11 familles, soit 53 personnes dont 29 enfants, vivent dans cette bâtisse de quatre étages. Le propriétaire obtient un jugement d’expulsion fin mars 2003. Commence alors une longue série de pressions, notamment des coupures d’eau et d’électricité. Mais chaque fois, la situation est rétablie grâce à l’aide des syndicalistes CGT d’EDF et, "après deux occupations de la mairie de quartier de Moulins", de la municipalité lilloise.

L’espoir survient le 15 juin, avec la "promesse verbale" d’une table ronde réunissant la mairie, l’Etat, les bailleurs sociaux, le DAL et des représentants des familles pour régler le problème. Trois mois plus tard, personne n’avait été convoqué. "C’est alors qu’on s’est énervées", dit Azizé Chaloub. Les occupants du 87, mais aussi d’autres familles vivant, elles aussi, dans des squats ou des logements insalubres du quartier se sont organisés et ont créé le "Collectif 87", soutenu par le DAL, et qui rassemble aujourd’hui 42 familles représentant 163 personnes dont 92 enfants. La grève de la faim a été décidée fin mars.
Les grévistes ont reçu à de nombreuses reprises la visite d’élus lillois qui s’engagent à "reloger les familles relogeables" en logement social, c’est-à-dire, légalement, celles qui disposent d’un titre de séjour depuis plus de trois ans. Le préfet a envoyé, jeudi 15 avril, au DAL, une lettre précisant que six d’entre elles remplissent ce critère, que huit autres, demandeurs d’asile en attente, peuvent bénéficier d’un hébergement d’urgence et que trois doivent quitter le territoire. Les autres, "venues se joindre à ce groupe ces derniers jours espérant pouvoir profiter d’une solution globale", ne peuvent "évidemment pas prétendre à un relogement", précise le préfet, qui ajoute être "tenu d’exécuter la décision d’expulsion".

"Si les familles sont évacuées, elles iront continuer la grève de la faim ailleurs, estime Albert Prissette.Chez les ministres concernés, par exemple, Jean-Louis Borloo, à Valenciennes, ou Marc-Philippe Daubresse, à Lambersart. C’est juste à côté d’ici."

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-361380,0.html

Messages

  • J’ai habité dans cet immeuble de 1998 à 2oo4 au 2ème étage en tant que locataire avec bail (propriétaire : Monsieur Dumont). J’ai été évacué en octobre 2004 pour problème d’arriérés de loyer au même titre que les squatteurs. Il ne faut pas exagérer sur cette grève de la faim du printemps 2003. S’ils refusaient de s’alimenter le jour, ils se rattrappaient la nuit. Il s’agit bien d’une grève de la faim à temps partiel. J’en suis le principal témoin car leurs soutiens ne leur rendaient pas visite la nuit. Par ailleurs, on ne peut prétendre que j’ai bénéficié de beaucoup de solidarité dans ma situation personnelle de qui que ce soit et en premier lieu des squatteurs. J’avais l’impression d’être un intrus dans cette communauté. Il faut en outre préciser qu’a certains moment, ils ont pû bénéficié de propositions de relogement mais dispersées, ce qu’ils refusaient ,voulant à tout prix être regroupés dans un même immeuble ou un même quartier.