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A l’international aussi, les "chiens de garde" sont à l’œuvre
par Front Syndical de Classe
Publie le dimanche 12 février 2012 par Front Syndical de Classe - Open-Publishing3 commentaires
Face à la débandade syndicale et politique à gauche ...
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Malgré le matraquage en règle, on peut considérer que « l’opinion » en général et celle des militants syndicaux en particulier sont assez critiques quant au positionnement des médias dominants et des experts grassement payés pour délivrer "l’information" économique destinée à légitimer les politiques d’austérité et convaincre les peuples qu’ils doivent encore et toujours se serrer la ceinture (jusqu’à en mourir ?) pour que le champagne puisse continuer à couler à flots sur les beaux quartiers.
Curieusement, on ne retrouve pas la même vigilance s’agissant de la politique internationale, en particulier lors d’événements critiques sur lesquels l’attention et l’émotion sont polarisées par des campagnes médiatiques de grande intensité. Pourtant, sans même remonter aux manipulations des guerres coloniales, l’expérience devrait être un vaccin redoutable. Pour ne citer que deux cas parmi un grand nombre :
– Il y a eu medias-mensonges en 1991 puis en 2003 à propos de l’Irak et ses « armes de destruction massive » !
– Plus récemment, la Libye a subi une intervention impérialiste camouflée en « intervention-humanitaire-pour-la-liberté-et-la-démocratie » et la résolution 1973 du Conseil de sécurité qui autorisait seulement la neutralisation de l’espace aérien libyen ("no-fly zone") a donné lieu à bombardements intensifs et intervention directe aux côtés d’une fraction armée du peuple libyen.
A chaque fois, la propagande médiatique fait ainsi état de situations d’urgence avec des populations civiles directement menacées par des « tyrans inhumains » pour justifier auprès de l’opinion des interventions militaires directes ou indirectes, au nom des droits de l’homme : Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, Bachar El-Assad... qu’on invitait quelques années auparavant, quand les intérêts impérialistes le réclamaient, deviennent en peu de temps des « fous sanguinaires » (tandis que les amis-tyrans de toujours, les Mubarak ou Ben Ali, on les soutient jusqu’au bout, sans parler bien sûr des « grands démocrates » du Qatar ou d’Arabie Saoudite....).
Mais les peuples au nom desquels on s’émeut officiellement, on s’en moque autant que les grecs qu’on affame aujourd’hui ou même que les chômeurs qu’on accuse de profiter grassement du système. Les interventions militaires sont bien sûr destinées en fait à contrôler une région et ses ressources, à la remodeler au gré de l’intérêt des grandes puissances, sans que jamais les peuples soient au centre des préoccupations : qu’en est-il de la situation des peuples irakien ou libyen après les guerres impérialistes ?
Aujourd’hui, c’est au tour de la Syrie d’être dans la ligne de mire, la Syrie et l’Iran étant inscrits dans l’agenda du remodelage impérialiste du Grand Moyen-Orient depuis plus de 10 ans !
Sur toutes les télés, le média-cirque bien rodé est reparti avec comme toujours un seul son de cloche, coïncidant miraculeusement avec l’intérêt des grandes puissances occidentales : régime sanguinaire contre population pacifique et désarmée, meurtres de masse, exactions... et l’appel sous-jacent à l’intervention militaire.
Concernant la Syrie, les sources privilégiées par nos médias sont celles émanant de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) basé à Londres sans aucune vérification. Et quand les observateurs envoyés par la Ligue Arabe elle-même dénoncent les exactions militaires des « manifestants pacifiques », on les fait taire.
L’interlocuteur politique privilégié est le Conseil National Syrien (CNS) dominé par les intégristes religieux (salafistes) ; il agit militairement, appelle à l’intervention armée étrangère et bénéficie d’ailleurs déjà de cette aide, tandis que le Comité National de Coordination pour le Changement Démocratique (CNCD), totalement opposé à toute intervention étrangère, est totalement ignoré (à l’exception d’une récente interview dans l’Humanité de son porte-parole Haytham Manna).
Par ailleurs, au plan régional, l’alliance avec les monarchies ultra réactionnaires du Golfe (Qatar et Arabie saoudite) qui dominent dans la Ligue arabe, maîtres d’œuvre de l’intervention armée au Bahreïn pour mater dans le sang le mouvement populaire, illustre sans contradiction possible le mensonge du soutien occidental au mouvement populaire dans les pays arabes !
Une démarche syndicale indépendante, anti-oligarchique et anti-impérialiste
Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons que nous étonner et nous indigner du contenu de l’appel intersyndical national signé le 10 février par 5 organisations (CFDT, CGT, FSU, Solidaires et Unsa) qui prend pour argent comptant les proclamations de la presse aux ordres et des services secrets étatsuniens ou français, en appelle à des sanctions contre la Syrie, justifie la politique d’ingérence des grandes puissances et finalement prépare l’intervention militaire.
Au minimum, une telle cécité et un tel suivisme témoignent sur ce terrain aussi de la perte totale de repères de classe des directions nationales et de leur perte de lucidité concernant les enjeux de notre époque ! Comment manquer de voir que les interventions guerrières répétées du bloc occidental sont le contrepoint de la crise qui frappe le système, le prolongement dans les politiques extérieures des politiques d’austérité imposées aux peuples d’Europe eux-mêmes ?
La solidarité internationale du mouvement syndical progressiste digne de ce nom s’est toujours exprimée dans le respect de la souveraineté des peuples. Par exemple, des millions d’européens sont descendus dans la rue en 2003 pour s’opposer à l’intervention armée en Irak, sans que cela signifie le moins du monde un soutien au régime irakien. Simplement, il s’agissait de s’opposer à une intervention extérieure prétextant de faux motifs pour des objectifs politiques qui se sont soldés par un véritable désastre, l’éclatement d’une société et la mort de centaines de milliers de civils !
L’opinion publique avait raison contre les va-t’en-guerre et les mêmes raisons demeurent valables pour ce qui est des enjeux de l’heure !
Et il faudrait à présent céder aux injonctions des interventionnistes déguisés en « journalistes » ou en « philosophes » au nom de la défense des droits de l’homme par ailleurs à géométrie variable ?
Si l’on est attaché à l’indépendance syndicale, le positionnement syndical devrait au minimum se fonder sur une appropriation indépendante de l’information à l’égard de l’appareil de production dominant de l’information qui s’apparente de fait à un appareil de propagande ! A partir de ses propres principes et de ses propres sources d’information dûment contrôlées.
La bataille pour la Paix et la solution politique des conflits en cette période de crise grave et de montée des périls constitue un devoir majeur pour le mouvement syndical. Pour défendre les travailleurs et les peuples, les directions syndicales feraient bien mieux de dénoncer l’impérialisme et d’appuyer une solution politique dans cette partie du monde plutôt que d’attiser l’incendie !
Le Front Syndical de Classe, 12 février 2012
Messages
1. A l’international aussi, les "chiens de garde" sont à l’œuvre, 12 février 2012, 19:40, par pilhaouer
Il manque le texte du communiqué :
Communiqué commun CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA. Halte aux massacres en Syrie !
6000 tués par les forces de répression depuis près de 11 mois de contestation du régime syrien par la rue. Le massacre doit s’arrêter !
Les organisations syndicales françaises CFDT, CGT, UNSA, FSU et Solidaires saluent le courage incroyable du peuple syrien qui s’est soulevé pacifiquement contre le pouvoir despotique familial et corrompu de la famille Assad. Chaque jour ce sont des milliers de personnes qui protestent malgré une répression sauvage et qui maintenant doivent faire face à une véritable guerre à Homs et dans d’autres villes insurgées.
Assad a déclaré la guerre à son propre peuple. Face à ces crimes contre l’humanité, les responsables de ce régime qui ne possède plus aucune légitimité devront répondre devant la justice des atrocités commises.
La Syrie ne pourra désormais plus rester isolée ni le régime imposer sa terreur. Ce n’est qu’une question de temps. Mais combien faudra t-il de morts pour que la communauté internationale puisse condamner ce régime sanguinaire et imposer des sanctions contre celui-ci et ses dirigeants ?
Le vent de libertés qui depuis plus d’un an souffle sur les pays arabes a emporté plusieurs despotes. Le régime syrien touche lui aussi à sa fin. Et comme en Egypte, en Tunisie, en Libye, au Yémen, au Koweit ou au Bahrein, la société civile syrienne fera valoir ses droits et un syndicalisme indépendant émergera.
Les organisations syndicales françaises soutiennent l’appel à manifester des associations syriennes de France :
Le samedi 11 Février 2012 à 14 heures à Paris
Départ métro Temple, rue de Turbigo en direction de la Place des Victoires.
http://www.transports.cgt.fr/spip.php?article976
1. A l’international aussi, les "chiens de garde" sont à l’œuvre, 12 février 2012, 20:08, par A.C
pour info ; cette interview
– le 2 Février 2012
Syrie : Haytham Manna « L’opposition doit s’unir autour d’un programme commun »
Mots clés : syrie, entretien,
Haytham Manna est responsable à l’étranger du Comité national de coordination pour le changement démocratique (CNCD), l’une des principales branches de l’opposition syrienne.
Les discussions sont toujours en cours à l’ONU concernant la Syrie. Une résolution pourrait être votée dans les prochains jours. Sa dernière version souligne la nécessité de résoudre la crise « de manière pacifique » et précise condamner « toute violence, d’où quelle vienne ».
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Comment jugez-vous ce qui se passe à l’ONU, et plus particulièrement l’attitude de la Ligue arabe ?
Haytham Manna. Nous vivons une période très difficile et cruciale. La Ligue arabe est sortie de son état de sclérose dans lequel elle se trouvait depuis plus de soixante ans, pour participer activement à la résolution des situations de crise dans certains pays. Mais lorsque les pays qui sont traditionnellement forts et modérés, comme l’Égypte, sont affaiblis à cause de leurs problèmes internes, le Conseil des pays du Golfe joue un rôle spectaculaire et plus important que son poids réel, rôle qu’on essaie de contrebalancer avec la présence de l’Afrique du Nord. On essaie de faire de notre mieux pour que la Ligue arabe apporte des réponses adéquates et équilibrées à la situation. Car malheureusement les pays du Golfe mélangent deux données principales : leur conflit avec l’Iran et la situation interne en Syrie. Nous en faisons les frais. Chaque fois qu’il y a une poussée dans le conflit avec l’Iran, on voit l’intensification des attaques, la surenchère et l’appui inconditionnel aux extrémistes parmi les révolutionnaires syriens. Quand je dis « extrémistes », je pense à deux tendances très dangereuses : le confessionnalisme et la militarisation de la révolution.
La Ligue arabe semble se placer dans le camp occidental et tente de marginaliser la Russie. Est-ce votre avis ?
Haytham Manna. J’ai personnellement demandé au secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Araby, d’aller à Moscou avant d’aller à New York. Parce qu’il n’est pas très logique qu’un pays presque invisible sur l’échiquier international comme le Qatar ait un rôle plus important que la Russie dans le dossier syrien. Mais cette négligence ne peut que générer des blocages à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité de l’ONU.
Pensez-vous que le projet de résolution actuellement en discussion est de nature à débloquer la situation ?
Haytham Manna. La formule présentée à l’origine ne va pas dans le bon sens. Il faut des modifications et un dialogue très constructif entre la Russie et la Ligue arabe. La Syrie est le dernier bastion de présence militaire et stratégique de la Russie dans la région. Elle ne va donc pas laisser les choses se passer comme en Libye. Il y a un « complexe libyen ». Depuis le 1er novembre, il y avait une chance pour l’opposition syrienne : le plan d’action arabe. Le régime syrien, l’ensemble des forces de l’opposition, la Russie et les Occidentaux ont accepté ce plan. Pour la première fois, après huit mois de conflit, on est arrivé à un plan accepté par les belligérants et les forces concernées. Nous avons dit qu’après les modifications faites au Caire sur ce qu’on appelle les étapes de l’application pratique de ce plan, s’il y avait des critiques ou un refus de la part du régime syrien et de la Russie, on devait trouver un compromis.
N’y a-t-il pas un problème de représentativité et d’unité de l’opposition syrienne ?
Haytham Manna. On ne peut pas défendre les positions du Conseil national syrien (CNS), qui ne cesse de répéter qu’il est le représentant unique du peuple, de la révolution et de l’avenir. Cela fait quarante ans que je me bats contre de telles pratiques. C’est une attitude fermée mais en même temps soutenue par des pays comme la France et les pays du Golfe. On ne peut pas parler d’un avenir brillant pour l’opposition, sauf si le CNS revient à la raison et aux principes démocratiques qui manquent totalement dans le discours de ses dirigeants depuis l’échec qu’ils ont planifié concernant le document que nous avions signé, Burhan Ghalioun et moi-même, finalement dénoncé par le bureau exécutif du CNS. Il y a une tendance au sein du CNS qui estime que le soutien des pays du Golfe et de la France, de pays très influents dans le dossier, avoir de l’argent et l’appui des médias ne nécessite pas d’avoir l’unité avec les autres pour être plus représentatif. C’est le péché originel de M. Juppé et de la politique du Quai d’Orsay, qui donne beaucoup de poids à une seule branche de l’opposition au détriment des autres, comme s’ils étaient en train de voter à la place du peuple syrien. Contrairement au CNS, nous sommes complètement opposés à une intervention militaire. Quant au corridor humanitaire dont il est question, pourquoi n’a-t-il pas été mis en place à Gaza lors de l’intervention israélienne ?
On nous reparle de la nécessité d’une intervention pour des raisons humanitaires. Que répondez-vous à ça ?
Haytham Manna. Vous pensez que ceux qui se font massacrer ne sont pas les nôtres ? Certains nous enlèvent même les martyrs de nos familles. Il y a des surenchères sur la « victimisation ». Il existe aujourd’hui le risque d’une guerre civile que personne ne peut contrôler. Aujourd’hui, les journalistes acceptent à peine de nous parler, nous les politiques. Dans un mois, si les choses continuent, on interrogera les émirs de guerre, des deux côtés. On a d’ailleurs commencé. Maintenant, dans les médias occidentaux, on glorifie tout ce qui concerne la militarisation, même quand il s’agit de tueries confessionnelles. C’est la transformation de la révolution en guerre qui peut amener un autre régime autoritaire. La révolution a des valeurs, elle est là parce que les gens se sont révoltés contre la corruption et le despotisme.
Existe-t-il encore une fenêtre d’opportunité pour une résolution pacifique et dans le sens des demandes initiales du peuple syrien ?
Haytham Manna. Le défi principal est de garder l’espoir que le mot « politique » reste plus fort que le mot « militarisation ». L’opposition doit s’unir et le dialogue entre les différents courants doit aboutir à un programme commun pour qu’existe une force politique capable de répondre aux défis de la situation actuelle.
Entretien réalisé par Pierre Barbancey
2. A l’international aussi, les "chiens de garde" sont à l’œuvre, 13 février 2012, 00:08
meme scenario qu avec la Lybie
c est la social democratie qui mene la danse...voia ce qui prefigure le futur parti fdg...tiedeur, compromision, collaboration.