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A quoi donc joue Jacques Chirac ?
PRÉSIDENTIELLE
Le président refuse de baisser les bras. Vers une cinquième campagne ? Hypothèses.
MATHIEU VAN BERCHEM / PARIS
Publié le 06 janvier 2007
PRÉSIDENT : Jacques Chirac, à quelques semaines de la fin de son mandat à l’Elysée, s’agite comme au premier jour. Le Corrézien se présentera-t-il pour une cinquième campagne ? Rien ne peut être exclu. / AFP
A son âge - 74 ans - Charles de Gaulle décidait de rempiler à l’Elysée, François Mitterrand savourait les joies d’un second septennat et Valéry Giscard d’Estaing s’inventait une carrière européenne. Jacques Chirac a du mal à accepter un départ sans gloire, le 6 mai au matin, au lendemain du second tour de l’élection présidentielle. L’idée de siéger bêtement au Conseil constitutionnel et de passer ses vieux jours au Château de Bity, guetté par de « petits juges », ne le réjouit guère.
Alors il étire les jours, prépare sommets et voyages en cascade. Et fait mine de repartir au combat. Dans ses vœux aux « forces vives de la nation », le Président n’a pas parlé bilan, mais avenir. Il a même dessiné un programme économique et social sur cinq ans, histoire de montrer qu’il n’est pas l’homme du passé. Faut-il y voir la bande-annonce de Chirac III, Président à vie ? Personne, dans son entourage, n’exclut que le Corrézien se présente une cinquième fois à la présidentielle. Même chez les partisans de Nicolas Sarkozy, on reste sur ses gardes, tant est redouté le pouvoir de nuisance du chef de l’Etat. Pourquoi Chirac s’agite-t-il comme au premier jour ? Voici quelques hypothèses, de la plus audacieuse à la plus réaliste.
CHIRAC SE REPRÉSENTE En poste à l’Elysée, le Corrézien a « subi » les socialistes pendant cinq ans, puis « cohabité » avec Sarkozy cinq autres années. Tout cela ne compte pas. Le moment est venu de découvrir Chirac, le vrai, enfin « libre » de s’attaquer à la fracture sociale. Rien ne l’en empêche, pas même la Constitution. Et l’occasion s’y prête : seule sa candidature bousculerait celle de son vieil ennemi Nicolas Sarkozy. Voilà la belle histoire, pleine de croix de Lorraine, qui peuple les rêves de Jean-Louis Debré et de quelques autres chiraquiens. L’intéressé y croit-il vraiment ? Non. Ses chances sont très minces. La perspective d’être battu au second tour, voire au premier, et de finir comme Giscard, devrait le dissuader de se lancer dans une cinquième campagne.
CHIRAC SOUTIENT SARKOZY Les relations entre les deux hommes sont plus complexes qu’il n’y paraît. Si le premier n’avait que haine et mépris pour le second, il l’aurait nommé au Plan ou à l’Agriculture, comme Mitterrand l’avait fait, dans un premier temps, pour Rocard. Pas à l’Intérieur. Une fascination mutuelle les lie, teintées de vieilles rancœurs sans cesse renouvelées. Les raisons objectives devraient pousser Chirac à soutenir son cadet : la tradition politique, la certitude aussi d’être moins inquiété par la justice avec Sarkozy à l’Elysée qu’avec Montebourg garde des Sceaux. C’est sans compter des facteurs moins rationnels : l’exaspération que provoque chez Chirac le désir de « rupture » de Sarkozy. La crainte aussi que ses douze ans à l’Elysée soient éclipsés par l’« œuvre » de son successeur.
Il LAISSE FAIRE L’HISTOIRE Le Corrézien le sait bien : aucun président n’a jamais pu préparer sa succession. Lui-même n’a pas réussi à imposer son dauphin, Dominique de Villepin. Chirac préfère laisser de lui l’image d’un homme travaillant jusqu’au dernier jour. Ne se mêlant pas publiquement de la campagne électorale. Laissant l’Histoire se faire tout en exerçant, en sous-main, son pouvoir de nuisance légendaire. Et pas fâché si, par hasard, une femme lui succède.
Le retour des promesses
M.VB./ATS/AFP/REUTERS
Pour ses vœux, Jacques Chirac s’est lancé dans des promesses électorales inattendues. Il faut, a martelé le chef de l’Etat, baisser de 40% l’impôt sur les sociétés au cours des cinq prochaines années. Le président n’a pas cru bon de préciser comment cette baisse subite serait gérée par l’Etat. Chirac mise-t-il sur la croissance, réponse magique à toutes les promesses électorales formulées en France depuis 30 ans ? A gauche aussi on sème à tous vents des engagements financiers, pas toujours raisonnés. Les candidats peuvent-ils, comme par le passé, multiplier les promesses sans prendre en compte leur coût ? 2007 n’est certes pas 1981. En témoignent les réactions immédiates qu’ont suscitées les paroles de Chirac. « Si on ne dit pas aux Français où on va trouver l’argent pour compenser ce manque à gagner, on n’est pas très crédibles », estime ainsi l’ex-ministre Pierre Méhaignerie, proche de Sarkozy. Mais la dette publique, qui représente plus de 65% du PIB, reste un sujet marginal. Un sondage BVA montre que 3% seulement des Français estiment que la dette pèsera dans la campagne présidentielle.
Le président français Jacques Chirac a vivement critiqué hier la politique américaine en Irak. Il a affirmé que la guerre voulue par les Etats-Unis et à laquelle il s’était farouchement opposé avait « offert au terrorisme un nouveau champ d’expansion ».
Messages
1. A quoi donc joue Jacques Chirac ?, 6 janvier 2007, 13:25
Une petite precision la "dette" correspond en fait pour une grande part à des interets bancaires et oui l’Etat lui aussi contracte des emprunts aupres des "organisme financiers"
dans ces conditions on comprend mieux, les decisions politiques.....ainsi que le concepte de "dette" et que ce point particulier ne soit pas pour l’instant evoqué dans la campagne et je ne m’attend pas à ce que segosarko
évoque ce point qui pourrait embarrasser les banquiers....
cordialement JL Youpy