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de Jean-Luc Gonneau
Il faut toujours se méfier des chouchous des puissants. Lors de la nomination de Patrice de Carolis à la tête de France Télévision, alors que son bagage télévisuel était bien maigre*, la presse avait largement fait écho des amicales pressions exercées par "Bernie" Chirac, vous vous souvenez, la dame aux pièces jaunes. Question de look sans doute : Madame Chirac appréciait les gens bien mis et le cheveu court, pas le genre Luc Ferry, par exemple, pourtant, comme Madame, fieffé réactionnaire, mais trop long du capillaire.
Monsieur de Carolis, donc, a été blessé, le malheureux, qu’on puisse le soupçonner d’avoir cédé à des pressions politiques pour avaliser la suppression d’Arrêt sur images. Monsieur de Carolis n’a pas supporté, apparemment, que Daniel Schneidermann s’en fasse l’écho. Peut-être, en fait, n’y a-t-il pas eu de pression concrète. Il est possible qu’aucun ministre ou président n’ait exigé la tête de l’émission. Mais on connaît la chanson : le prince n’a pas besoin de demander au courtisan, car celui-ci, par nature, court au devant de ses désirs, et même de ce qu’il croit être ses désirs.
On sait aussi que dans le monde télévisuel, Daniel Schneidermann, en dévoilant certaines de ses faiblesses ou turpitudes, ne s’était pas fait que des amis : on aura remarqué l’assourdissant silence (à peu d’exceptions près) des journaux télévisés, publics ou privés, sur cette affaire.
On convient aussi généralement que les motifs invoqués pour supprimer l’émission, qui figure parmi les bonnes audiences (modestes toutefois par rapport aux "grandes" chaînes, mais ne comparons que ce qui est comparable) d’une chaîne qui n’en compte pas tant que ça.
Dès lors, le licenciement pour faute lourde apparaît pour ce qu’il est : la vengeance d’un marquis poudré exaspéré par l’insolence prêtée à un manant. Manière de rapiat aussi, afin d’éviter de verser des indemnités au salarié chassé. Attitude méprisable, évidemment.
On sent bien que Monsieur de Carolis s’est engagé dans un processus irréversible : se déjuger maintenant le déconsidérerait plus encore, si cela est possible, en tout cas vis à vis de ses soutiens. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras : il faut continuer de signer les pétitions de soutien qui circulent sur le net.
A ce propos, quelques uns se sont étonnés du fait que plusieurs pétitions (trois à notre connaissance) circulent. Pour ce qui nous concerne, Cactus/La Gauche ! a lancé la sienne au même moment qu’une des deux autres, et il était alors difficile d"arrêter la machine". Il ne s’agit évidemment pas de concurrence et nous sommes convenus de regrouper les signatures recueillies. Autre précision : certains organes de presse ont présenté notre initiative comme "émanant de personnalités de gauche". Au Cactus, nous sommes honorés d’être considérés comme des "personnalités", mais avant tout contents de voir la pétition signée par des citoyennes et citoyens (plusieurs milliers à ce jour) d’horizons très divers, dont quelques élus du Modem. Si notre initiative est politique, elle l’est en tant que citoyenne, et dépasse en ce sens les clivages de la "politique politicienne", comme disait l’autre.
* Son principal fleuron est l’émission Des racines et des ailes, une émission convenable. La télévision publique compte un certain nombre d’émissions convenables. Elle a peu, très peu, d’émissions stimulantes et/ou dérangeantes, et une de moins si Arrêt sur images disparaît.
Messages
1. APRES LE SCANDALE, LA HONTE, 4 juillet 2007, 21:52
Des racines et des ailes : une émission blabla, blabla, où le présentateur se met en vedette.
2. APRES LE SCANDALE, LA HONTE, 5 juillet 2007, 09:12
Tout ce qui est stimulant pour la curiosité et la réflexion à la radio doit disparaître aussi . Voyez ce qu’ils essayent de faire à France Inter après s’en être pris à Mermet . Un peuple d’abrutis est plus facile à mener .
1. APRES LE SCANDALE, LA HONTE, 5 juillet 2007, 17:25
A force, nous n’écoutons plus la radio et de moins en moins la télé.
Parce que c’est ennuyeux.