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AU SUJET DU VOTE SUR L’EXCLUSION DE LA COORDINATION...

Publie le mardi 18 février 2003 par Open-Publishing

Coordination 93 de Lutte pour les Sans papiers
42, rue de la Boulangerie - 93200 Saint Denis

Saint Denis, le 17 février 2003

AU SUJET DU VOTE SUR L’EXCLUSION DE LA COORDINATION

DE DEUX DÉLÉGUÉS DES SANS PAPIERS ET DE DEUX SOUTIENS

Les « soutiens » représentant des partis politiques, des syndicats et des associations au sein de la Coordination qui ont décidé d’exclure de la Coordination 2 délégués des Sans Papiers et 2 Soutiens ont fait savoir oralement qu’ils acceptaient la tenue d’une Assemblée Générale des Sans Papiers et les deux votes proposés, mais que cette AG se tiendra le mercredi 19 février à 18h30 et non pas le lundi 17 comme les Sans Papiers l’avaient proposé.
Qui s’agit-il d’exclure ?
Un sans papiers, qui a marché de Marseille à Paris, qui, élu délégué, a préparé l’occupation de la Basilique et en a été un des animateurs les plus actifs, au reste un père de deux enfants nés en France qui se heurte toujours au refus obstiné de la Préfecture...
Le porte parole de la Coordination, qui a conduit l’occupation de la Gendarmerie, puis celle de la Basilique, qui a marché de Marseille à Paris, qui a mené une grève de la faim de 52 jours, qui a lutté obstinément sans ménager sa santé ni sa vie privée pour la régularisation de tous ses camarades...
Deux soutiens qui ont dépensé sans trop compter leur énergie pour toutes les formes d’action de la Coordination, sur tous les terrains, depuis plusieurs années.
Personne n’est indispensable, soit ; mais est-ce à ceux qui se sont éloignés ou absentés de la lutte pendant des années de le dire pour faire de leur retour ou de leur entrée une chasse aux sorcières ?
Surtout, est-ce à des représentants d’organisations syndicales, politiques ou associatives de parrainer une opération qui dépossède les Sans papiers de leur propre lutte et veut en faire les soutiens aveugles et passifs de leurs soutiens ? est-ce à ceux qui refusent les pratiques monopolistiques de tolérer procès et auto-exclusions de triste mémoire ? à ceux qui se réclament de valeurs humanistes de prêter la main aux chantres d’un « collectif » qui ignore l’individu ? à ceux qui veulent promouvoir la citoyenneté de laisser donner aux Sans papiers l’exemple de la manipulation, de la menace, de la violence, qu’ils n’ont que trop connues dans leurs pays d’origine ? Et la vraie politique de l’immigration passe-t- elle par l’excitation de haines intercommunautaires, par l’utilisation d’une communauté nombreuse repliée sur ses intérêts contre les autres communautés ?
Il est temps pour ceux qui les représentent d’ouvrir les yeux : les responsables de l’APEIS viennent de dénoncer l’usage frauduleux de leur signature au bas de ce texte d’exclusion et de rappeler les « soutiens », fussent-ils organisationnels, à leur rôle étymologique.
Il est temps de sortir de la tour d’ivoire idéologique : la nature d’un mouvement comme celui des Sans papiers mêle inextricablement le collectif et l’individuel. La liberté de circulation ne peut pas s’accommoder de l’esprit de clocher. Elle est consubstantielle à une transversalité qui a peu à voir avec la trajectoire des insultes, des calomnies, des fausses rumeurs.
Nous voulons garder l’espoir. Nous savons que les illusions lyriques, comme celle qu’a soulevée l’action de la Basilique, ne perdurent pas, et que leur succède souvent le temps des récupérateurs. Nous osons pourtant encore croire à cet esprit démocratique que les luttes en France nous ont enseigné, et dont syndicats libres, partis libres, associations libres sont à nos yeux les porteurs. Nous souhaitons ne pas nous tromper, nous le souhaitons pour les Sans papiers, parce que seule la lutte dans l’union peut les faire gagner.

MICHEL CLÉMENT, ALI MANSOURI, LISA OLIVEIRA-JOUÉ ET ABDELAZIZ SELLALI