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AUDOMAROIS : ASSEMBLÉE DES PAPETIERS CGT À ESQUERDES AUJOURD’HUI CASCADES, DEMAIN ARJO WIGGINS, À QUI LE TOUR ?
Publie le lundi 13 octobre 2008 par Open-Publishing
Par Pierre Pirierros
LE caractère délétère de la situation chez les papetiers de la vallée de lʼAa a été au coeur des débats, vendredi 3 octobre dernier, à la salle de la Poudrerie à Esquerdes. La date de lʼassemblée générale avait été choisie bien avant lʼannonce des 102 licenciements à Cascades- Blendecques mais le calendrier a été ainsi bousculé. Albert Chabé, secrétaire de la CGT, secrétaire du comité dʼentreprise et Joël Lheureux, délégué syndical, y ont dénoncé le climat actuel et les pressions du groupe Reno de Medici exercées sur les salariés, en fait depuis la cession du canadien Cascades à cette entité en septembre 2007. Ces mêmes pressions ont amené lʼannonce de 102 suppressions de postes de travail - dont 93 licenciements secs - sous le prétexte de pertes de marchés et le départ dʼun client important. Lʼeffectif était de 275 personnes au 30 septembre dernier.
La fusion entre diverses activités et la reprise en main par Reno de Medici nʼest pas étrangère à la situation actuelle. “Mauvais état dʼesprit, acharchement sur les contrats de travail, arrêt dʼune des deux machines, (la machine 5), Cʼest tout cela que nous condamnons, soulignent les délégués de la CGT. Travaillant essentiellement pour lʼemballage carton, les produits font lʼobjet de la concurrence sévère sur un marché mondialisé. Les causes sont nombreuses et, en définitive, cʼest toute la branche qui est touchée de plein fouet. Aujourdʼhui, cʼest nous, demain quelquʼun dʼautre.” Le mouvement de concentration nʼen est quʼà ses débuts.
Les investissements en France sont tournés vers la limitation des capacités de production et vers la chasse aux coûts de revient. En trente ans, ces coûts ont été divisés par deux, une grande performance pour une industrie capitaliste. Les patrons des entreprises de la production papetière disent : “il faut baisser les prix de vente, éliminer les surcapacités en Europe, maîtriser la hausse des coûts de production, faire face aux nouveaux producteurs concurrents, subir les impôts, les normes environnementales. Par-dessus le marché, ils prétendent que les frais de personnels augmentent. En fait, tout cela annonce les investissements ailleurs avec des délocalisations à la clé. Le coût de lʼénergie est également mis en avant pour argumenter sur la crise de ce secteur ; tout cela, bien sûr, vu sous le prisme patronal. Les négociations sur le temps de travail ont été menées avec difficulté et les premières alertes sont apparues au grand jour, non comme une menace mais comme une certitude.
Aussi, lʼannonce des licenciements nʼont surpris personne à lʼintérieur de lʼentreprise. “En juin dernier, nous précisent les syndicalistes de la CGT, il y eut déjà des départs, 24 salariés qui refusaient le contrat de travail. Mardi 1er octobre, le couperet tombait. On veut nous faire croire que lʼemballage à partir de fibres recyclés coûte plus cher... Mais la direction arrête la machine 5. Cette annonce brutale, nous ne lʼattendions pas si rapidement. Tout va allait très vite et dʼici le 15 décembre prochain, les lettres de licenciement arriveront au domicile des destinataires. Cʼest un coup très dur pour nous, pour toute la profession, pour lʼAudomarois et toute la région.”
Arjo-Wiggins : la direction veut opposer les salariés entre eux
Jacky Desquirez, secrétaire de lʼUnion locale CGT de Saint-Omer, délégué dʼArjo Wiggins, est catégorique “rien nʼest fait pour pérenniser le site de Wizernes. Les conditions de travail se dégradent. La plus grande des vigilances sʼimpose à tous les niveaux. Cette vigilance fait partie de lʼaction syndicale pour lʼamélioration des salaires, des conditions de travail et surtout la mobilisation contre toute restructuration nuisible à lʼemploi. Spécialisée dans le papier de qualité et le papier haut de gamme, lʼentité Arjo Wiggins de Wizernes fait partie de la branche dite “papier couché”, avec une longue histoire dans cette vallée de lʼAa.
Il y a peu, 52 embauches étaient programmées et devaient sʼajouter aux 470 personnes, avec les départs en retraite et autres départs déguisés, lʼeffectif est, aujourdʼhui, de 368. On est loin du compte promis par la direction.” Le “monde du papier” connaît des mutations profondes et, à chacune dʼentre elles, ce sont les salariés qui trinquent avec des suppressions de postes, des licenciements à la clé. Cela ne peut plus continuer. Opposer les salariés entre eux, les catégories professionnelles entre elles, voilà ce que fait (et veut) faire la direction dʼArjo Wiggins. On le sait, lʼentreprise poursuit son implantation en Chine et achète au Danemark, une usine de fabrication de Papier recyclé.
Les syndicalistes de la CGT entendent démonter les arguments de la direction et préviennent les salariés des mauvais coups qui les attendent.
Incompréhensions
Chez Arjo Wiggins Belgium, même discours et même état dʼincompréhension en rapport avec les décisions prises par la direction. Le site de Nivelles est condamné à disparaître cette année ; les machines ont, déjà, été en partie installées à Virginal un autre site, qui se trouve à plus de 20 kilomètres de Nivelles. On investit à Virginal un site avec un accès très difficile pour les camions, des machines et une usine très peu adaptée à ce changement : manque de place et vétusté des bâtiments. On fait miroiter au personnel des investissements durables. Alors que lʼon place les bureaux dans des bâtiments préfabriqués qui sont loués, des châpiteaux qui font fonction dʼatelier, cela ressemble plus à du provisoire... Le site de Nivelles a une unité de production de micros capsules indispensables pour le papier autocopiant ; cette unité qui dessert Virginal et aussi Wizernes en capsules synthétiques. Le climat, en Belgique, nʼest pas très favorable au personnel de Nivelles qui accumule le stress et le risque dʼaccidents.
La vallée de lʼAa nʼest plus ce quʼelle était
La filière employait 4200 personnes en 1980, 2600 en 2000 et aujourd ʼhui le chiffre est de 1650. Ces entreprises du Papier Carton recouvrent la “dénomination de la Vallée de lʼAa” : Cartonnerie de Gondardennes à Wardrecques (450 personnes) ; La Sical groupe Rossman, Lumbres (350) ; Cascades Blendecques,fusion de Cascades et de Réno Dominici, (275 avant les licenciements ) ; Norampac Blendecques (170) ; les papeteries Sill à Wizernes, (110) ; Arjo Wiggins (Wizernes) 350 personnes. La responsabilité des salariés et des syndicalistes cégétistes est activement engagée pour défendre la filière papetière contre des stratégies de grands groupes qui considèrent le pays comme un champ de spéculations.
Lors de lʼassemblée générale, Bertrand Péricaud, au nom du Parti communiste a fustigé les grands groupes et soutenu lʼidée de défendre une industrie régionale forte. (Lire ci-dessous) Côté riposte, lʼorganisation de la mobilisation, à lʼappel de la CGT, est sur de bon rails. Élus politiques, salariés, syndicalistes, ne lʼentendent pas ainsi et proposent une manifestation le 11 octobre à 14 heures (départ Place Foch) dans les rues du centre de Saint-Omer.
BERTRAND PÉRICAUD, AU NOM DU PCF : “LA FRANCE A BESOIN D’UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE VOLONTAIRE”
« JE tiens tout dʼabord à vous apporter le soutien des communistes du Pas-de-Calais et de leurs élus.
Lʼindustrie papetière nʼen finit pas de subir la loi du capitalisme mondialisé, celle de“lʼargent roi” . Après STORA ENSO Corbehem, les papeteries de MARESQUEL, cʼest au tour deCascadesBlendecques de connaître des licenciements massifs. Les camarades dʼARJO-WIGGIN tirent également la sonnette dʼalarme. Au-delà même de cette industrie, cʼest tout le tissu industriel dans le Pas- de-Calais qui“fout le camp”. Vous connaissez dans lʼAudomarois, les coupes sombres chez Arc International. Sur le bassin minier, cʼest toute lʼindustrie de lʼéquipement automobile qui subit, année après année, suppressions dʼemplois et fermetures dʼentreprises. Lʼan dernier, cʼétait CADENCE-INNOVATION qui fermait. Dʼici 2010, FAURECIA à Auchel risque de connaitre le même sort, et ses 600 salariés viendront grossir les rangs des chômeurs.et sur le littoral, cʼest la Dentelle de calais qui nʼen finit pas dʼagoniser, avec la mise en redressement judiciaire de Noyon, annoncée aujourdʼhui même.
Nous vivons chaque année, plusieurs METALEUROP dans ce département. La France libérale nʼa plus de politique industrielle depuis belle lurette. Cʼest le règne du “laisser-faire, laisser passer” qui prévaut. Au nom des dogmes du libéralisme économique, les entreprises ont été encouragées à délocaliser massivement. Il faut arrêter le massacre ! Notre département veut voir vivre sa vocation industrielle. Il faut que toutes les forces de la région se lèvent pour stopper la casse.
Nos institutions régionales, élues par le peuple, nʼont pas à gérer la crise, à accompagner les plans de licenciements ou de reconversion, à coup dʼargent public. Elles doivent servir les travailleurs en lutte, en se dressant, tel un “bouclier”, comme le proposait Alain BOCQUET. Il est temps, grand temps, de dépasser les luttes sectorielles, qui sont autant de “chants du cygne”, dont se moque le capital. Lʼheure est à lʼaction conjointe de tous les secteurs pour changer fondamentalement dʼorientation politique. LʼEtat doit prendre ses responsabilités. Il sait trouver du jour au lendemain, des milliards dʼeuros pour voler au secours de banquiers véreux ; et il ne sait pas intervenir pour sauver la vie de dizaines de milliers de familles menacées par le chômage ?!
La France a besoin dʼune politique industrielle volontariste ! Elle en a les moyens ! Les communistes du Pas-de-Calais seront avec vous pour la défense et le développement de lʼindustrie papetière. Ils sont preneurs de toute action dʼenvergure régionale et nationale, pour exiger un moratoire sur tous les licenciements, et la mise en oeuvre dʼune vraie politique industrielle pour notre pays.”