AUTOROUTES : Fillon Relance le GCO de Strasbourg : "Grenelle Complètement Occulté à Strasbourg"

Alors même que la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace vient de démarrer un atelier « mobilité » réunissant les différents acteurs économiques, sociaux et associatifs dans l’objectif d’élaborer un livre blanc pour éclairer les choix des élus sur ces problématiques. Alors même que les conditions d’un vrai dialogue –que nous avons toujours demandé– semblent enfin se préciser, vous décidez unilatéralement et sans concertation de relancer ce projet controversé. Le grand titre des DNA du samedi 6 décembre « GCO : Fillon rouvre la polémique » est à cet égard évocateur.

Notre courrier de septembre était poli, factuel, avec des arguments étayés. Il visait à compléter votre information sur ce projet à notre sens inefficace. Et au lieu de la réponse circonstanciée promise, nous avons cette annonce provocatrice. Nous ne pouvons accepter d’être traités avec autant de mépris !

Sans revenir sur tous les éléments de notre précédent courrier, que nous vous joignons à nouveau, permettez nous de vous dire que nous n’acceptons pas d’être sacrifiés sur l’autel de la communication gouvernementale. Cette annonce, faite dans l’urgence sous prétexte de donner du concret au programme de grands travaux voulu par le Président de la République, est irréfléchie. Si, en dépit du bon sens, cette autoroute devait se faire, les travaux ne commenceront pas avant 2011 au mieux, plus probablement 2012. Or, on nous annonce le pic de la crise économique actuelle en 2009, avec des espoirs de reprise dès 2010.

Le GCO viendra donc après la bataille. Ne serait-il pas plus cohérent de faire porter l’effort sur des projets à efficacité immédiate, à même de résoudre les problèmes concrets des entreprises et des personnes ?

Votre gouvernement a, nous semble t-il, fait sien le concept de « croissance verte ». Votre discours du 5 décembre dernier le reflète. Vous y affirmez, entre autres : « nous nous situons là dans le droit fil des critères du Grenelle de l’environnement pour la construction des nouvelles infrastructures routières et des nouvelles autoroutes. Dorénavant, avant de construire ces infrastructures, on doit s’interroger sur leur intérêt socio-économique, sur leur impact en matière de développement durable, sur l’existence ou non de projets alternatifs qui rempliraient mieux les objectifs assignés ». Cette dernière phrase s’applique parfaitement à l’agglomération strasbourgeoise -où de nombreux projets alternatifs sont en attente- et condamne irrémédiablement le GCO.

Concernant la biodiversité, que deviennent les promesses ? La France reste sous le coup d’une possible condamnation par la Cour Européenne de Justice pour non respect de la Directive Habitats-Faune-Flore au regard de la situation du Grand Hamster (Cricetus cricetus) et le GCO viendra inévitablement sacrifier la survie de cette espèce en France. Nous restons dubitatifs devant le double langage tenu.

Nous rappelons ici que nous ne sommes pas opposés par principe à tout aménagement routier. Si l’utilité est au rendez vous, pourquoi pas ? Or, l’analyse des pièces du dossier nous montre que le GCO ne permettra pas de désengorger l’agglomération, qu’il facilitera surtout le transit des camions indésirables en Alsace et qui n’apporteront rien à l’économie locale. Conçu à l’époque du tout automobile, le GCO n’est plus adapté à la situation actuelle et surtout, il obère des possibilités alternatives par les moyens financiers et intellectuels qu’il mobilise depuis des années entre partisans et opposants. Le problème de Strasbourg, ce n’est évidemment pas son contournement autoroutier, mais l’urgente nécessité d’offrir aux usagers des possibilités pratiques et efficaces leur permettant de limiter le recours à « l’autosolisme » pour les déplacements domicile-travail radiaux.

Ouvrez enfin les yeux , Monsieur le Premier ministre, et abandonnez ce projet toxique au profit d’investissements utiles et écologiquement responsables.