AVEC SARKOZY LA LAÏCITE EST EN DANGER

de Guy Poussy

Au lendemain de son élection Sarkozy avait écrit une lettre pleine de dévotion au Pape Benoît XVI. Aujourd’hui il va plus loin. Au nom de « Dieu qui libère » le Président de la République engage une croisade. La France est en passe de devenir la fille aînée de toutes les églises. Les infidèles sont cette fois les tièdes, les agnostiques, les athées. L’église de l’ordre si chère à la droite royaliste et ultra réactionnaire est remise au goût du jour. L’histoire de France montre qu’elle peut servir de rempart pour s’opposer aux exigences, et aux colères populaires.

Le discours de Sarkozy devant le Pape à St Jean de Latran présente la laïcité comme une forme de méfiance à l’égard des religions, et un obstacle à l’expression de celles-ci dans l’espace civil, c’est pourquoi à son retour de Rome il propose que le conseil économique et social face une place » Aux grands courants spirituels ».

A Riyad, la citadelle du Wahhabisme (*) ou tout esprit critique est condamné à la potence, la femme réduite à l’état d’esclavage, Sarkozy n’a pas eu un mot pour condamner cette situation. Il est aussi resté muet sur la laïcité, mais a joué sa partition sur « Dieu qui libère ». Le président oppose l’instituteur au curé et au pasteur, accordant le monopole de la conscience morale, de la définition du bien et du mal, à ces deux dernières figures.

Ces prises de position blessent les consciences, elles ébranlent le principe de laïcité, qui n’est pas la neutralité, la République est attaquée. Aujourd’hui la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état serait devenue archaïque.

La liberté d’opinion et de croyances est certes un impératif catégorique, mais respecter la piété d’un chrétien, d’un juif, d’un musulman, d’un bouddhiste ne saurait interdire de passer au crible de la critique rationnelle des fables et dogmes, et des tabous nés dans l’enfance de notre espèce humaine. La laïcité- si propre à la France – est enracinée par notre histoire. Il convient, comme au temps héroïques du combat anticlérical « d’écraser » ce que Voltaire appelait « L’infâme » c’est-à-dire la superstition, l’intolérance et les ingérences cléricales dans l’état. Il faut rassembler et unir ces forces potentielles trop inertes face aux multiples attaques. La défense et la promotion de la laïcité à l’école, et dans la nation, est un combat d’une brûlante actualité.

(*) Wahhabisme mouvement politique et religieux puritain des musulmans d’Arabie Saoudite.