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Actualités du 5 décembre 2007 pour manif du 6 départ de jussieu
Publie le mercredi 5 décembre 2007 par Open-PublishingPour une autre réforme des universités et de la recherche
Actualités du 5 décembre 2007
Sommaire du jour :
Guide pratique pour réussir la manif du 6 décembre (4 déc.)
Sud étudiant : "Au cœur de notre syndicalisme : l’avenir de l’université et la démocratie" (4 déc.)
Bilan des AG étudiantes sur Amiens (du 3 et 4 décembre 2007) 3 pôles bloqués sur 5. (4 déc.)
A propos du "Cahier des charges établi en vue de l’élargissement des compétences des universités prévu par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités par l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche" (4 déc.)
Budget de l’Université de Nice : -76% sur le budget de Lettres et sciences humaines (04 déc.)
Motion de l’UFR de philosophie de Paris 1 contre la loi LRU (04 déc.)
L’Internet du mouvement : des liens pour contourner l’embargo médiatique imposé par Sarkozy
Proposition de loi relative à l’abrogation de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (21 nov.)
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Guide pratique pour réussir la manif du 6 décembre
Par Georges Debrégeas, le 4 décembre 2007
http://www.sauvonslarecherche.fr/sp...
Voici quelques gestes simples, qui, faute de sauver la planète, pourraient contribuer à sauver la Recherche et l’Université.
(Pour ceux qui sont à l’étranger... vous pouvez aussi participer —> regardez la fin du message).
1 - Envoyez le message d’appel de SLR (ou de votre syndicat préféré) à vos collègues, amis, etc (ne vous inquiétez pas de savoir s’ils l’ont déjà reçu : un appel reçu plusieurs fois tend à faire penser que la manifestation sera massive... ce qui incite à à y participer.)
http://www.sauvonslarecherche.fr/sp...
2 - Imprimez parmi les affichettes/tracts jointes à cet article celles qui vous semblent les plus convaincantes.
http://www.sauvonslarecherche.fr/IM...
http://www.sauvonslarecherche.fr/IM...
http://www.sauvonslarecherche.fr/IM...
Affichez-les ou laissez-en une pile dans des endroits stratégiques (cafet, salle de réunion, cantine...). Vous pouvez aussi imprimer les dessins de Francis Haraux :
http://www.sauvonslarecherche.fr/sp...
...et diffuser sa BD "ANR" :
http://www.sauvonslarecherche.fr/sp...
3 - Organisez Jeudi midi une réunion/atelier préparation à la manif.
– Projetez le film Université le grand soir : http://www.sauvonslarecherche.fr/sp...
– Réalisez des banderoles, panneaux, dossards... Quelques propositions de slogans si vous manquez d’inspiration :
Un milliard de plus pour l’université, mais pas un emploi créé... cherchez l’erreur !
Entre autonomie, et autocratie, il y a trois lettres : LRU !
Super-présidents, à la tète de l’Etat comme des université, ça suffit !
Un bon journaliste est un journaliste qui a démissionné
Bruno Julliard, rend-nous service, tais-toi !
La littérature ancienne ne sert à rien ? Et le marketing, c’est vital ?
Pécresse, mes fesses, LRU, mon cul... Voilà ce que donne le pilotage de la pensée.
ENSEIGNANT-CHERCHEUR (RAYER) CHASSEUR DE PRIME
Vous n’auriez pas vu le PS ?
Cours des valeurs mathématiques : Hypothèse (de base) : 1€ Lemme (ordinaire) : 2,5€ Axiome (à tout faire) : 15€ Théorème (premier choix) : 23,5€
Einstein travaillait au bureau des brevets de Genève mais n’en a jamais déposé un seul (à vérifer)
Oui à l’indexation des salaires des chercheurs sur l’indice H
Pour une concurrence libre et non faussée : Centre de Gestion Universitaire de Dunkerque versus Groupe HEC Paris Vive le mécénat privé !
Les bloqueurs bloquent Les anti-bloqueurs débloquent
Vous êtes riches, vous êtes vieux, vous êtes libidineux Donnez pour la recherche qui vous intéresse Soyez partenaires des projets ANR-V’i’a’g’r’a’ et ANR Varices
2 milliards d’euros de crédit d’impôt recherche = 2 Milliards en moins pour la recherche publique = 2 Milliards d’investissements privés à la charge du contribuable
Industries pharmaceutiques Dépenses de R&D : 2,1 milliards d’euros Dépenses de pub : 3 milliards d’euros Budget de l’INSERM : 0,6milliards d’euros
Citations :
"L’enseignement et la connaissance sont importants parce qu’ils définissent ce qui, à travers les siècles, a fait de nous des humains, et non parce qu’ils peuvent améliorer notre compétitivité mondiale", Drew Gilpin Faust, présidente de l’université de Harvard.
"Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études" - Nicolas Sarkozy
"Une agence de financement sur projet n’aurait jamais retenu mon projet : c’était à l’époque un sujet trop marginal et loin des thèmes à la mode." Albert Fert, prix Nobel de Physique 2007
(Si vous avez d’autres suggestions, indiquez les en réponse à cet article)
4 - Munissez vous de sifflets, tambour, trompettes : une manifestation se mesure aussi en décibel.
5 - Pour ceux qui sont à l’étranger photographiez-vous (avec un sigle SLR ou une affiche de protestation) devant un monument ou un paysage typique du lieu ou vous vous trouvez (maison blanche, muraille de chine, ambassade de France...) et envoyez votre photo à julien.brossard@free.fr. Elles seront diffusées sur le site.
A jeudi !
Sud Etudiant
Au cœur de notre syndicalisme :
l’avenir de l’université et la démocratie
Après la parution, d’une chronique de Jacques Julliard sur le mouvement étudiant, publiée dans le Nouvel Observateur daté du 29 novembre au 2 décembre, la fédération Sud étudiant nous a proposé un texte, une "mise au point", sur sa vision de la mobilisation actuelle dans les universités. Nous le publions bien volontiers.
LA CONTESTATION universitaire de la LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités) a mauvaise presse ces derniers temps. Pourquoi ? Deux ans après la mobilisation très populaire contre la LEC (loi d’égalité des chances qui incluait le CPE), comment peut-on expliquer le fait que l’opinion médiatique se retourne contre cette mobilisation alors que les modalités d’organisation sont sensiblement les mêmes ? Peut-on vraiment affirmer aujourd’hui qu’il s’agit d’une mobilisation minoritaire, de laquelle ne se dégagerait aucune perspective ? Pour Sud étudiant, il nous semble qu’il convient d’effectuer une mise au point sur plusieurs éléments qui sont mis de côté depuis quelques semaines : l’état réel des composantes de la mobilisation, la question de l’organisation démocratique du mouvement, et enfin les perspectives sur l’avenir de l’université.
1/ Un mouvement large
En premier lieu, nous attaquons cette idée selon laquelle seules les universités de lettres et/ou sciences humaines seraient mobilisées. Même si les étudiant-e-s de ces filières se sentent plus que les autres menacé-e-s par la loi LRU, ce ne sont pas les seuls à se mobiliser pour l’abrogation de cette réforme : non seulement des universités de sciences dites « dures » se sont très largement investies depuis plus d’un mois, mais l’on constate aussi que des étudiant-e-s d’IUT sont très impliqués dans de nombreuses villes ! Enfin des étudiant-e-s en Master Pro sont aussi entrés le mouvement pour défendre au coté des autres une université critique et indépendante des intérêts privés.
Au-delà des seul-e-s étudiant-e-s, il nous faudrait éviter de sombrer dans le piège d’une mobilisation corporatiste : les enseignant-e-s, les personnels non enseignant-e-s, mais aussi les lycéen-ne-s subiront aussi les conséquences de la LRU ! Si l’on dépasse les propos légèrement condescendants de certains médias sur la mobilisation lycéenne, on s’aperçoit que ceux-ci nourrissent de réelles inquiétudes sur l’université telle qu’ils/elles la connaîtront. Quant aux personnels, il est plutôt positif de voir que leurs organisations appellent à une grève les 4, 5 et 6 décembre et prennent en compte la dynamique lancée par le mouvement étudiant.
Malgré ces composantes assez diverses, il est encore des gens pour souscrire aux propos ministériels selon lesquelles la mobilisation actuelle n’était qu’une mobilisation « minoritaire d’extrême gauche ». De fait, ceux et celles qui s’autoproclamaient spécialistes des mobilisations étudiantes dans les médias ont été surpris de constater qu’une telle mobilisation pouvait maintenant démarrer sans le consentement de l’Unef. Il y a fort à parier que ces observateurs de nos mobilisations risquent d’être d’autant plus surpris en s’apercevant que ces mobilisations peuvent se poursuivre contre la volonté de l’Unef.
2/ Un fonctionnement démocratique et une auto-organisation de la lutte
Il faut bien comprendre que le fonctionnement que nous avons défendu, à Sud étudiant comme dans d’autres organisations syndicales (FSE, CNT, etc.), c’est l’auto-organisation des étudiant-e-s. Concrètement, cela signifie la mise en place d’Assemblées Générales. Le premier rôle de celle-ci est de permettre la tenue de débats ouverts à toute-s, afin de pouvoir déterminer ensemble, de manière collective, les perspectives que les étudiant-e-s doivent adopter. Dans une AG, il ne s’agit donc pas uniquement de soumettre des propositions au vote, mais d’abord de les défendre, les argumenter, les remettre en cause en fonction des positions divergentes, et ce afin d’aboutir à une décision collective qui reflète au mieux les points de vue de chacun.
L’AG est donc le lieu le plus approprié au fonctionnement démocratique, elle est par excellence le lieu de débat et de prise de décisions collectives. Ce mode d’organisation rend intolérable qu’une hiérarchie, un-e responsable ou "un-e représentant-e" dicte un vote ou appelle du haut de leur chapelle à la fin d’un mouvement. C’est en ce sens que les décisions des AG ne se résument pas à des votes, mais font l’objet d’une élaboration collective au préalable. C’est en ce sens que le vote à bulletin secret détaché de tout débat démocratique est refusé par les Assemblées Générales... Malgré le fait qu’il puisse donner de larges majorités à la grève !
Attention, nous n’affirmons pas que le système proposé est une parfaite démocratie et nous sommes conscients des difficultés. Le décalage même entre l’auto-organisation et l’organisation délégataire que nous pratiquons quotidiennement est la principale de ces difficultés. C’est pourquoi le mouvement est en lui même un moment d’expérimentation de la démocratie. Les relents autoritaires existent, ils font parti de cet apprentissage et tendent à disparaître. La démocratie est apprentissage, voilà quelque chose que la société dans laquelle nous vivons a oublié.
3/ Le fond du mouvement
Enfin, après avoir plus ou moins vainement expliqué que la mobilisation actuelle serait donc l’oeuvre « d’une extrême gauche minoritaire », certain-e-s tentent tant bien que mal d’affirmer que notre mouvement ne donne aucune perspective à l’université. Qu’il s’agirait d’un mouvement conservateur et partisan de l’immobilisme.
D’une part, il faut rappeler qu’à partir du moment où nous avons fait connaître notre opposition à la LRU, nous avons systématiquement tenu à dire que nous n’étions pas pour autant partisans du statu quo dans les universités. Pour appuyer notre propos, nous avons avancé quelques revendications qui nous sont chères : la refonte du système d’aides sociales pour aller vers la mise en place de ce que nous appelons le salaire social étudiant, la possibilité pour chacun-e d’accéder à l’université, notamment en instaurant la gratuité donc la suppression des frais d’inscription, mais aussi la démocratisation du fonctionnement de l’université, avec le développement d’Assemblée Générale par département ou UFR.
Il est évident que nous n’avons pas un projet clefs en main d’université à proposer. Mais est-ce bien notre rôle ? Pour Sud étudiant, la réponse est claire : ce n’est pas aux seul-e-s militant-e-s de Sud d’apporter des pistes pour l’université de demain, mais bien à l’ensemble des étudiant-e-s et des personnels, qu’ils soient grévistes ou non.
Des cadres de débats se créent depuis plus d’un mois dans les universités mobilisées. Des débats entre étudiant-e-s, mais aussi avec les personnels, parfois avec les lycéen-ne-s. Perrsonne ne prétend, spontanément, proposer une réforme alternative. Mais, dans ces espaces de réflexion, se forment des idées, émergent des propositions, et chacun-e peut se réapproprier ou réfuter les propositions formulées par telle ou telle organisation syndicale. Ce sont dans ces dialogues que nous pouvons trouver les perspectives pour l’université de demain. Peut être est ce à ces débats que la presse devrait s’intéresser et non simplement au bilan comptable-Universités bloquées. Quoiqu’il en soit, sans les attendre, beaucoup relayent ces débats. Ce qui nous semble important c’est que l’université ne peut pas se résumer à des débats entre étudiant-e-s et enseignant-e-s, chacun-e doit se sentir concerné par l’enseignement supérieur en tant qu’il doit rester un service public ouvert à tou-te-s ; en tant que lieu de formation et de recherche critique et indépendante. C’est ce qui se joue dans ce mouvement. C’est dans cette forme ouverte que permet la grève que l’université trouvera son avenir et non dans les bureaux fumeux des ministères."
Bilan des AG étudiantes sur Amiens (du 3 et 4 décembre 2007)
3 pôles bloqués sur 5.
– campus (Lettres et SHS) : 800 étudiants environ en AG ; grève reconduite à la quasi-unanimité ; blocage à 65% environ
– pôle Cathédrale (droit/éco) : 700 étudiants environ en AG ; motion proposant à la coordination nationale une journée nationale d’action pour l’abrogation de la loi Pécresse avec manifestation centralisée à Paris la semaine précédent les vancances de Noël votée à plus de 70% ; grève reconduite à 70% environ ; déblocage dans des conditions très litigieuses
– Pôle scientifique Saint-Leu : 500 étudiants environ en AG ; grève reconduite à 80 à 90% ; déblocage voté à 12 voix près
– STAPS : 200 étudiants environ en AG ; grève reconduite à la quasi-unanimité ; blocage reconduit à près de 90%
– Fac d’arts : 200 étudiants environ en AG ; grève reconduite à près de 95% ; blocage reconduit à 85% environ
Des AG auront lieu jeudi 6. Rien ne permet en centre-ville de déterminer ce que sera la tendance ce jour-là.
A propos du "Cahier des charges
établi en vue de l’élargissement des compétences des universités prévu
par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités" par Inspection générale des finances et Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche"
Message de Bernard Gensane
ensane@orange.fr"><Bernard.Gensane@orange.fr>
SAES TRIB LRU
04 Dec 2007 15:08:27 +0100
Cahier des Charges
À propos du « Cahier des charges » des universités
"Si vous croyez que la clé de la liberté se trouve derrière une loi injuste
qu’il suffit d’abolir, dites-vous que cette loi a été inscrite de votre propre
main sur votre propre front". (Khalid Gibran)
Je voudrais m’arrêter un instant sur un document que tous les collègues n’ont pas encore lu, un document plus important, à mes yeux, que le texte de la loi car il permet de nous imprégner de l’esprit même de la contre-réforme et, concrètement, de savoir de quoi l’avenir sera fait.
On trouve le Cahier des charges à l’adresse suivante :
https://www.igf.minefi.gouv.fr/sect...
Pour le télécharger en PDF :
https://www.igf.minefi.gouv.fr/sect...
Ce texte est signé conjointement par des hauts fonctionnaires de l’inspection générale des finances et par des hauts fonctionnaires de l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche.
Ces éminences, dont le statut est, pour le moment, en béton, ont donc rédigé un document qui vise à privatiser, à financiariser l’université. Je peux vous assurer que ces huit personnes ont mis, non seulement tout leur zèle dans la rédaction de ces pages, mais encore toute leur jouissance. Ce qui est très frappant, au premier abord, c’est que ce document ne parle jamais d’enseignement, mais de « gestion budgétaire et financière », de gestion des ressources humaines (l’expression " ressources humaines " vient de l’entreprise privée et n’avait pas cours il y a trente ans dans l’administration publique), de « gestion immobilière » (les universités vont devenir des agences immobilières stricto sensu et certains de nos collègues - contre primes sonnantes et trébuchantes - ont déjà enfilé l’habit d’agent immobilier), et enfin de « pilotage et de relation avec la tutelle ».
Alors que Madame Pécresse, et les médias qui la relaient, parlent d’« autonomie » des universités, ce document prouve que d’autonomie, il n’y en aura jamais plus. Tous les établissements seront en effet surveillés, en temps réel, par le panopticon du ministère, dans un constant mouvement d’action et de rétroaction.
Le Cahier des charges permettra « d’apprécier la capacité des universités à assumer les nouvelles compétences prévues par la loi et à en tirer le plus grand parti ». Chaque université devra donc s’auto-évaluer en permanence, s’évaluer par rapport aux autres, tandis qu’elle sera, comme toutes les autres, évaluée par l’administration centrale en fonction de critères qui seront, on va le voir, de moins en moins universitaires. Toute décision du conseil d’administration sera « approuvée par arrêté conjoint du ministre chargé du budget et du ministre chargé de l’enseignement supérieur ». Les personnels universitaires (enseignants, administratifs et techniques) ne seront plus rétribués par l’État, mais par les établissements eux-mêmes. Le document présente ce changement comme une « liberté » puisque le fléchage central des crédits diminuera. Le hic, c’est que la « fongibilité » des crédits sera « asymétrique » (il faut être au moins inspecteur général des finances pour inventer une expression aussi naturaliste qu’opaque). En aucun cas, en effet, l’enveloppe accordée aux personnels ne pourra être majorée. Elle pourra, en revanche, être diminuée au profit des crédits de fonctionnement et d’investissement. Vous pouvez faire toute confiance aux trois-quarts des présidents de la CPU, qui réclamaient cette loi depuis des années, et qui l’ont largement inspirée (ils ont donc toute l’objectivité nécessaire pour en parler), pour faire des économies « inévitables » (aucune ironie de ma part : elles seront inévitables) aux dépens de la rétribution des personnels. En clair, les personnels en place risqueront d’être moins payés, tandis que les personnels à recruter, dans la mesure où l’emploi sera « librement déterminé » par les établissements, se verront offrir des contrats (ce sera le cas, dès l’année prochaine, pour les personnels BIATOSS de rang B voulant passer rang A) " personnalisés ", globalement à la baisse dans la mesure où les avancements de carrière ne seront plus du tout garantis. Si cette catégorie de personnel a tout de suite fait l’objet d’un traitement de faveur, c’est parce qu’elle sera au centre de la "gouvernance" (autre vocable de l’entreprise privée), et donc d’une nécessaire docilité. Les universités devront recruter - aux dépens du personnel enseignant, par exemple - de nombreux personnels de gestion. En effet, la « fonction financière » des établissements sera tellement importante et délicate que des cadres nombreux et de bon niveau seront nécessaires. Ce n’est pas dans le texte, mais je vous fiche mon billet que ces personnels auront pris le pouvoir dans les universités avant dix ans. La tâche de ces experts sera ardue. Il leur faudra prendre en compte l’exécution budgétaire passée et la répartition des crédits entre unités budgétaires. Ils devront suivre pas à pas le déroulement de l’exécution budgétaire, effectuer un bilan annuel, maîtriser l’exécution budgétaire, optimiser celle-ci en réorientant les crédits en cours d’année et en limitant les reports de crédits. Les universités disposant, en principe, d’une masse budgétaire double de celle actuellement à leur disposition, elles devront éviter de voter des budgets en déséquilibre, négocier sur des bases objectives le volet financier de leurs contrats pluriannuels, et « apprécier si elles sont capables de supporter dans la durée le coût de leurs décisions de gestion, notamment en matière de ressources humaines ou en matière immobilières ». Ces deux ressources figurant dans la même phrase, on sent bien que, dans l’esprit de nos éminences, les cerveaux ne compteront pas plus que les briques. C’est pourquoi les universités devront réaliser chaque année des « analyses financières rétrospectives et prospectives », en évaluant « le coût à court et moyen terme » de leurs décisions importantes. La comptabilité des établissements aura été « remise à plat ». Le diagnostic des comptes devra être « de qualité », en particulier dans le domaine patrimonial. Pour « tirer le plus grand bénéfice de la réforme » (on ne parle toujours ni d’étudiants, ni d’enseignants, ni de recherche), les établissements devront limiter au maximum la part des crédits considérés comme fléchés, c’est-à-dire (à noter que les auteurs n’utilisent jamais " c’est-à-dire ", mais " i.e. ") dont l’emploi « n’est pas fixé par l’université mais par le financeur ». Une part des crédits sera évaluée en fonction « d’une appréciation de la performance des composantes », et pas seulement en fonction « du nombre d’étudiants ». Ouf ! Nous sommes à la page 6 du Cahier. Nos hauts fonctionnaires se souviennent brutalement qu’il existe des étudiants, mais ils en parlent à regret, de manière négative. Qu’en sera-t-il, dans les faits, de la gestion des ressources humaines ? Trois articles du « nouveau Code de l’éducation » (954 1, 2 et 3) sont capitaux. Le conseil d’administration définira la répartition de service des personnels enseignants et de recherche. Le conseil d’administration pourra créer des « dispositifs d’intéressements permettant d’améliorer la rémunération des personnels ». Le Président de l’Université (lui seul) pourra recruter « pour une durée déterminée, des agents contractuels pour occuper des fonctions techniques ou administratives de catégorie A » ou « pour assurer par dérogation [&
138 ;] des fonctions d’enseignement et de recherche ». Les articles que je viens de citer ont été pensés pour faire disparaître la fonction publique de l’enseignement supérieur, comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Europe et d’ailleurs. Tout président pourra, dans le secret de sa conscience, récompenser « le mérite et l’implication des personnels ». Chaque fin de mois, les personnels seront rétribués par un établissement qui devra « sécuriser le processus de paye ». Le payement pourra faire l’objet d’une « procédure de paye à façon », « prestation payante proposée par le Trésor Public », ou d’une « paye interne », qui serait une « solution prudente ». Comme pour toute entreprise privée, le « pilotage » de la masse salariale va « devenir un enjeu essentiel pour les universités ». Les universités devront se doter d’un « logiciel de pilotage » (avec un pilote pour piloter, j’imagine), elles devront analyser finement les « effets volume » (?), les « effets prix » (?). Les auteurs du Cahier sachant pertinemment que les universités risquent de n’avoir ni les compétences financières ni les compétences techniques pour accomplir ce travail, ils suggèrent qu’elles « mutualisent » cet effort, car « il serait dommage que les universités se préparent en ordre dispersé à affronter un défi (je suis déçu : j’attendais " challenge ") qui se présentera partout dans les mêmes termes. Il existe d’ailleurs un Guide pratique du pilotage de la masse salariale (voir le site performance-publique.gouv).
Il faut attendre la page 10 pour que les auteurs du Cahier abordent la dimension « qualitative » de la réforme. Pour les inspecteurs, qualité signifie avant toute chose « redéploiement ». En fonction des « besoins », bien sûr, en recrutant largement, à l’extérieur, des personnels enseignants titulaires (tant qu’il en restera, il suffit d’aller voir ce qui s’est passé à France Télécom, à La Poste ou à EDF), ainsi que des personnels non enseignants non titulaires, chaque université pouvant jouer « sur les modalités et les volumes de recrutement, sur les modalités de rémunération, de promotion et de carrière, de représentation, de régime horaire et de congés ». Tiens, tiens, pourra-t-on nous expliquer ce que les congés (de maternité, par exemple) ont à voir avec la rémunération et la promotion des personnels ?
Les présidents pourront récompenser les plus méritants. Ils pourront « concentrer les primes sur un nombre raisonnable [sic] de bénéficiaires ». Ce qui permettra d’« élever » le montant des primes. Les primes pourront être modulées « en fonction de la manière de servir ». Vous avez bien lu : " servir ". Oui, il conviendra d’être les fidèles serviteurs de l’Université rénovée.Concernant la gestion immobilière, les universités pourront « aliéner tout ou partie de leur patrimoine ». Elles seront forcément conduites à le faire. Elles auront besoin de cache-flot (je m’initie au langage de l’Inspection Générale). Elles se retrouveront dans la situation, par exemple, de France Télécom qui vend ses bâtiments pour avoir du cache-flot et qui, l’instant d’après, les loue car il faut bien se loger. Avant de vendre, les universités pourront faire appel à des expertises privées pour évaluer leurs biens. Pour les universités, connaître en temps réel leur valeur patrimoniale impliquera un suivi de tous les instants, et l’obligation d’entrer dans une logique capitalistique et marchande afin de faire fructifier leurs biens. Mais il est clair que, dans l’esprit des rédacteurs du Cahier des charges, les établissements finiront, à terme, par vendre leur immobilier (« traduire dans les comptes la diminution progressive de la valeur des biens de ’université »). Ils vendront, simplement parce que l’université française possède un formidable patrimoine que le privé convoite depuis longtemps (mais il y a loin de la poubelle de Toulouse le Mirail - invendable en l’état - à l’ancienne faculté de droit de Poitiers), et qu’elle ne pourra pas garder éternellement parce que les établissements devront désormais « supporter les charges budgétaires liées aux amortissements », jusqu’à présent à la charge de la collectivité nationale.
Restent le pilotage et les relations avec la tutelle. On a beau être autonome, on n’en est pas moins tenu de fournir une « information régulière », après s’être doté « d’instruments d’audit interne et de pilotage financier et patrimonial selon des modalités fixées par décret ». Pour être efficace, il conviendra d’élaborer « un schéma directeur des systèmes d’information », accompagné d’un « renforcement des fonctions techniques et politiques dédiées [sic] au système d’information ». Dans la mesure où les établissements seront surveillés en temps réel, il sera possible « d’adapter les objectifs et le programme de travail de l’Agence de mutualisation des universités et établissements ». Comme on sait, par ailleurs, que la recherche sera elle aussi pilotée par Paris, les conséquences de la nouvelle loi seront la disparition d’un grand nombre d’établissements ou, à tout le moins, de parties d’entre eux, le regroupement autoritaire d’universités qui auront réussi à préserver provisoirement leur intégrité, et la constitution d’énormes pôles, non pas d’excellence, mais de rentabilité. Cette masse considérable d’informations à fournir (nos hauts fonctionnaires, nourris de culture française, utilisent le terme reporting, trouvé, j’imagine, dans leur lecture du Financial Times) au ministère impliquera, je l’ai dit, le recrutement d’une armée de clercs, des contractuels, cela va sans dire. Les universités joueront leur existence dans une sorte de Bourse (aussi rationnelle que les "Stock Exchanges" que nous connaissons déjà). Elles ne s’en sortiront que si elles offrent une « sécurisation juridique et financière » de leur fonctionnement.
Il aurait suffi, il y a quelques mois, qu’une poignée de conseils d’administration se sabordent et boycottent la Loi Pécresse (un seul vient de le faire tout récemment). L’histoire aurait basculé en faveur des défenseurs du service public, de la vraie mission de l’Université qui n’est pas de faire des affaires, de coller au train du patronat en fournissant, loin de tout projet humaniste, des compétences sans aucune réflexion critique, de marchandiser le savoir et de précariser tous ses personnels. Nos présidents ne pouvaient prendre cette initiative. Ils veulent être réélus. Un coup de pied dans la fourmilière, et ils auraient dû faire une croix sur des lendemains qu’ils croient enchanteurs et qui ne le seront pas. Maîtres en leur demeure, recevant des émoluments assurément plus élevés qu’aujourd’hui, ils devront cependant filer doux devant les vrais détenteurs du pouvoir.
Il y a beaucoup plus préoccupant que les calculs tactiques des présidents d’université. Les universités européennes sont entrées dans un processus d’« économie de la connaissance », pour reprendre une expression officielle de Bruxelles. Qui dit économie dit compétition, raréfaction, renchérissement de ces connaissances. Le premier chapitre du Cahier des charges, celui qui commande le reste, s’intitule, je le rappelle, « la gestion budgétaire et financière ». Ce qui sous-entend clairement que les universités vont devenir des entreprises, mais non des entreprises industrielles vendant (ou achetant) des brevets ou des diplômes, ce qui serait déjà un pur scandale : elles seront des entreprises financières, ce qui est une horreur. À très court terme, les droits d’inscription des étudiants vont exploser. Lorsque la loi était encore en discussion, les responsables des syndicats étudiants s’étaient polarisés sur ces droits, sans regarder plus loin que le bout de leur nez. Madame Pécresse leur avait donné momentanément satisfaction pour obtenir leur neutralité bienveillante. Que ces responsables aillent observer ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis : comme leurs parents victimes des taux de crédit immobiliers, des milliers d’étudiants ne peuvent plus rembourser les sommes considérables empruntées pour financer leurs études.
Concluons : l’objectif de cette loi et de son Cahier des charges est de détruire l’université française en tant qu’outil de formation et d’émancipation afin de la soumettre - classement de Shanghai oblige - aux desiderata du CAC 40. Pour faire entrer en application un projet, une loi aussi réactionnaires, il fallait interdire tout espace de contestation en réduisant le poids du conseil d’administration, en introduisant des chefs d’entreprise en tant que tels dans les instances dirigeantes, en réduisant l’influence des personnels et des étudiants. Ce déni de démocratie coupera à jamais l’Université de la citoyenneté, du politique au sens noble du terme. Les marchés apprécient déjà.
Budget de l’Université de Nice :
– 76% sur le budget de Lettres et sciences humaines (03 déc.)
Lettres et sciences humaines
Budget (dotation 2008) :
– 76% pour notre département, toute l’UFR est touchée...
( lundi, 03 décembre 2007 )
Bonjour à tous,
Pour information : je suis enseignant-chercheur en fac de lettres et sciences humaines.
Vendredi dernier (23 novembre) on nous a annoncé le budget (dotation 2008), - 76% pour notre département , toute l’UFR est touchée... Nous avons contacté d’autres fac de lettres le constat est le même voir même pire.
Les médias sont complètement muets, aucune information n’est relayée - mis à part pour dénoncer des agitateurs d’extrême-gauche dans les facs (je n’en ai vu aucun à Nice...).
La situation est dramatique.
Nous avons eu une réunion de crise enseignants et étudiants hier (vendredi 30 novembre) mais pour le moment nous n’avons débouché sur aucune action concrète seul mot d’ordre : informer.
Ce qui se passe actuellement est très grave et complètement passé sous silence.
Merci donc de faire circuler cette info.
Bien cordialement,
Nathalie GAUTHARD
Maître de Conférences en Ethnoscénologie Université de Nice Sophia Antipolis
Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines
98 bd E. Herriot BP 3209 - 06204 Nice Cedex 3
Cher Collègue,
Excusez-moi si je vous réponds un peu tardivement mais il y a actuellement beaucoup d’agitation dans mon université.
Je confirme, malheureusement, l’authenticité de ce courrier et j’en suis bien la signataire. L’université de Nice ne fait qu’exécuter les ordres ministériels (baisse d’effectifs = baisse de budget sans tenir compte de la spécificité des enseignements). D’autres universités sont également touchés : Lyon II, Dijon,...
Les restrictions budgétaires sont là, malgré le discours convenu de nos dirigeants que les médias se chargent de répercuter. Dans notre UFR, le choix s’est posé de la façon suivante : soit les enseignements allaient être réduits (réduction des "heures complémentaires", c’est-à-dire celles qui sont assurées par des chargés de cours non titulaires ou par des titulaires en plus de leur service), soit les restrictions allaient concerner les crédits de fonctionnement des sections et des départements. C’est la seconde solution qui a été choisie, afin de préserver la pédagogie.
Néanmoins, notre fonctionnement est singulièrement affecté : en musique, les crédits annuels passent de 1900 € à 1200 €. Les sections Danse et Théâtre sont également affectées dans les mêmes proportions. Pour ce qui est du département des Arts, les crédits passent de 6600 à 1500 euros !!!! Ces crédits nous permettent (en principe, car ils sont déjà assez peu élevées) tout d’abord de parer aux dépenses dites "contraintes" (papier, cartouches, téléphone, reprographie, accordage des pianos) mais aussi à des dépenses (très modestes) pédagogiques et techniques (achat de manuels et usuels, logiciels, casques, prises multiples, etc.).
En 2008, avec 1200 €, la section Musique ne couvre même plus ses dépenses contraintes. Donc, plus rien pour la pédagogie, pour l’entretien technique du parc de matériel, etc.
Ma démarche n’est pas de faire pression sur les responsables de l’UFR qui, en l’occurrence, semblent gérer la pénurie générale. Mais simplement d’informer que nous sommes entrés dans une grave période de crise et de pénurie.
Un petit tour de France des sections et départements de musicologie et Arts du Spectacle fait apparaître des problèmes très sérieux à Lyon 2 , à Bordeaux 3, à Nanterre (nous n’avons pas les autres réponses pour l’instant). D’autre part, au-delà de la musique et des Arts, ce sont toutes les disciplines qui sont touchées.
Nous n’acceptons pas, en tant qu’enseignants et responsables pédagogiques, que nos filières, sans doute peu rentables, soient ainsi sacrifiées.
Je vous fais parvenir un document interne. Nous avons aujourd’hui une réunion avec la doyenne pour voir comment sortir de cette crise.
Je suis à votre disposition pour tous renseignements complémentaires,
Bien cordialement,
Nathalie GAUTHARD
Maître de Conférences en Ethnoscénologie - (Département Arts du Spectacle)
Université de Nice Sophia Antipolis
Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines
98 bd E. Herriot
BP 3209 - 06204 Nice Cedex 3
Motion de l’UFR de philosophie de Paris 1 contre la loi LRU
A l’issue d’une réunion tenue le 4 décembre, les enseignants de l’ufr de philosophie de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne se déclarent solidaires des mouvements de contestation de la loi « LRU » dite sur l’autonomie des Universités, tant au sein de l’université de Paris 1 qu’au niveau national. Ils rappellent les très graves dangers que cette loi fait peser sur le fonctionnement démocratique de l’université française, le statut des enseignants-chercheurs, les conditions de travail des personnels BIATOS, et, plus largement sur les valeurs humanistes et scientifiques qui fondent l’université française. Ils exigent la suspension immédiate de son application et l’ouverture d’un vrai débat avec la communauté universitaire. Conscients de la nécessité de réformer l’université française, ils affirment que cette réforme ne peut intervenir qu’après une vaste concertation de l’ensemble de la communauté universitaire et une réflexion globale sur l’enseignement supérieur français et les missions de l’université.
Document mis en distribution le 6 décembre 2007
N° 431
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
TREIZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 21 novembre 2007.
PROPOSITION DE LOI
relative à l’abrogation de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités,
(Renvoyée à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)
PRÉSENTÉE
PAR M. Pierre GOSNAT, Mme Marie-Hélène AMIABLE, MM. François ASENSI, Alain BOCQUET, Patrick BRAOUEZEC, Jean-Pierre BRARD, Mme Marie-George BUFFET, MM. Jean-Jacques CANDELIER, André CHASSAIGNE, Jacques DESALLANGRE, Mme Jacqueline FRAYSSE, MM. André GERIN, Maxime GREMETZ, Jean-Paul LECOQ, Roland MUZEAU, Daniel PAUL, Jean-Claude SANDRIER et Michel VAXÈS,
députés.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Notre pays connaît une longue mobilisation étudiante et lycéenne, pour refuser la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU). Par la mise en concurrence des universités et des étudiants, cette loi vise à détruire les fondements du système éducatif français. Nous en demandons donc l’abrogation. Il ne s’agit pas de défendre un statu quo, mais contrairement à la loi LRU, de proposer pour l’université une réforme ambitieuse.
Cette loi représente un danger tant pour le fonctionnement financier que démocratique des universités. Elle renforce le pouvoir des présidents d’universités et restreint le nombre de membres des Conseils d’administration. Un CA de moins de 30 personnes pourraient donc être à la tête d’universités de plus de 100 000 étudiants (ex : l’université de Provence). La composition des conseils d’administration est aussi contestable, le nombre de représentants extérieurs à l’université (7 ou 8) étant supérieur au nombre de représentants étudiants (de 3 à 5).
Le volet financier de cette réforme est plus que préoccupant. L’autonomie financière proposée aux universités est un voile de fumée pour cacher le désengagement financier de l’État alors que ce dernier se devrait de doubler le budget alloué à l’enseignement supérieur afin de mener une réforme efficace des universités. Les 15 milliards d’euros promis par le Gouvernement, compte tenu de l’inflation et des besoins des universités, ne seront pas suffisants. En encourageant une politique d’emploi basée sur la contractualisation, ainsi que la création de fondations comme source de financement, cette loi accentue la dépendance financière des établissements d’enseignement supérieur. Les acteurs privés, nouveaux bailleurs de fond des universités françaises, pourraient revendiquer des modifications des formations proposées au sein des établissements les plus fragiles financièrement. La possibilité des fondations d’avoir recours à des actions fait peser la menace d’un financement instable dépendant du marché des capitaux. Une forte augmentation des frais d’inscription est aussi à prévoir comme cela est déjà le cas dans les instituts d’études politiques, déjà soumis à l’autonomie. À l’heure actuelle, les universités proposent déjà des formations à plusieurs milliers d’euros. Enfin, bien qu’assurant ne pas remettre en cause le cadre national des diplômes, l’autonomie financière créera des disparités de moyens se répercutant indéniablement sur la qualité des diplômes délivrés par les universités les plus exposées.
Il y a urgence à donner de nouveaux moyens à l’université, en recrutant massivement des enseignants chercheurs sur statut de la Fonction publique ainsi que du personnel technique et administratif. Le budget de fonctionnement par étudiant doit être doublé pour permettre aux universités d’assurer leurs missions de formation et d’engager un vaste plan national de rénovation, de construction et d’équipement des universités.
L’université doit rester accessible à tous, sans discrimination sociale, c’est pourquoi il faut établir une gratuité véritable des études.
La présente proposition de loi qu’il vous est proposé d’adopter vise donc à supprimer un projet de loi qui, loin de répondre aux besoins des universités, engage l’enseignement supérieur français sur la voie de privatisation et rompt définitivement avec la vision républicaine de l’éducation.
PROPOSITION DE LOI
Article unique
La loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités est abrogée.
http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion0431.asp