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Aillagon temporise...

Publie le mercredi 2 juillet 2003 par Open-Publishing

Wed July 2, 2003 7:04 PM CEST PARIS (Reuters) - Les intermittents du spectacle ont multiplié les actions mercredi pour dénoncer l’accord réformant leur régime spécifique d’assurance-chômage, provoquant de nouvelles annulations de festivals.
La journée de mobilisation nationale a culminé à Paris avec une manifestation entre les ministères de la Culture et des Affaires sociales, à laquelle 10.000 personnes ont participé, selon des estimations syndicales.

Derrière une banderole : "Nous sommes le spectacle, le Medef, c’est l’obstacle", les manifestants ont défilé en brandissant des affichettes "Artistes en danger" ou encore "Ne nous Fillon pas à Aillagon".

Une délégation syndicale devait être reçue en fin de journée au ministère des Affaires sociales, à qui il appartient de valider l’accord signé vendredi dernier par le Medef et trois syndicats minoritaires (CFDT, CFTC et CGC), qui réduit notamment la durée d’indemnisation des artistes et des techniciens.

En début d’après-midi, le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a reçu une vingtaine de représentants syndicaux qu’il reverra jeudi, afin d’étudier "les problèmes techniques (de l’accord), qui, dans leur rédaction actuelle, pourraient prêter à confusion".

Au terme de deux heures de discussions rue de Valois, le ministre a laissé entendre que l’accord du 27 juin pouvait être amélioré. "Si le gouvernement a le sentiment que certains points mériteraient d’être améliorés, éclaircis, il en fera part à l’Unedic", afin que soient engagées des procédures d’amélioration, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.

De plus, Jean-Jacques Aillagon a confirmé la création d’un fonds d’aide aux jeunes compagnies et annoncé la nomination, dans les jours qui viennent, d’une mission d’évaluation des abus au recours du système de l’intermittence.

Les deux syndicats ayant refusé de parapher le texte vendredi dernier, CGT et FO, ont estimé que cette entrevue n’avait permis aucune avancée.

"L’Unedic vient de confirmer que ce texte exclurait 23% de la profession (de l’assurance chômage)", a expliqué Jean Voirin, secrétaire général de la fédération des syndicats CGT du spectacle.

"Nous pensons qu’en réalité ce chiffre sera de 35 à 40%. (...) Ce n’est pas un bon accord et le ministre est incapable de répondre à nos questions et de nous contredire", a-t-il ajouté.

"On a le sentiment d’un grand embarras du côté du gouvernement", a résumé Jean-Luc Bernard, membre de la délégation FO, qui réclame "tout au moins" une révision des points de l’accord allant à l’encontre des conventions collectives existantes.

De son côté, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a de nouveau justifié la signature de vendredi dernier, qualifiant le protocole d’accord de "bon".

"Nous avons signé un accord qui maintient le système (...) Le Medef nous proposait tout simplement de le supprimer", a-t-il dit sur France Inter.

FAIRE SAUTER TOUS LES FESTIVALS ?

Dans ces conditions, la CGT-spectacle, majoritaire dans la profession, maintient son préavis de grève générale à compter du 8 juillet, date de l’ouverture du festival d’Avignon.

"S’il faut faire sauter tous les festivals de l’été, nous le ferons", avait prévenu dans la matinée Jean Voirin, lors d’une conférence de presse au théâtre du Rond-Point, sur les Champs Elysées.

En plus de la réouverture immédiate de négociations sur le régime d’assurance-chômage des intermittents, la CGT souhaite une "concertation nationale et décentralisée sur les métiers de la création", a déclaré Marc Slyper, du Syndicat national des artistes musiciens (SNAM-CGT).

La journée de mercredi a été marquée par plusieurs actions des intermittents, notamment au siège du CSA, à Paris, que plusieurs dizaines de personnes ont tenté d’envahir.

Auparavant, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant le siège de l’Unedic, dans l’ouest de Paris, et des défilés étaient annoncés dans une quinzaine de villes, notamment à Avignon, Nantes, Montpellier, Saint Etienne et Perpignan.

Les mouvements de grève des intermittents ont provoqué de nouvelles annulations de festivals, les Tombées de la nuit, à Rennes, et les rencontres chorégraphiques "La part des Anges", en Gironde.

Par ailleurs, un groupe de cinéastes, derrière Jean-Pierre Torn et Christian Vincent ("La Discrète"), a décidé de retirer les films présentés dans le cadre du festival Paris-Cinéma et du festival de la Rochelle.

"Nous voulons vous montrer ce que serait le paysage cinématographique français si la remise en cause du statut des intermittents se confirmait : un monde avec moins de films", peut-on lire dans un appel commun intitulé "La mort dans l’âme".

Selon Jacques Maillot, l’un des cinéastes signataires, "on nous reproche depuis quelques jours de scier la branche sur laquelle on est assis mais, en réalité, c’est le Medef qui scie l’arbre".