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Alfortville : a la rue avec leurs enfants pour deux mois de loyer

Publie le lundi 27 septembre 2004 par Open-Publishing

ÇA SE PASSE en France, aujourd’hui... Pour deux mois de loyer impayés, depuis dix jours, un couple d’Alfortville et ses trois enfants âgés de 4 à 9 ans, vivent dans deux chambres d’un hôtel de Vincennes. La semaine dernière, ils ont été expulsés de leur logement (voir notre édition du 4 septembre) .

« Les forces de l’ordre sont arrivées, le matin, vers 10 h 45, et ont crié : Ouvrez, c’est la police, raconte le père, M. Jeyalingam. Il y avait six personnes, trois policiers, deux huissiers et un serrurier. Tandis que l’artisan changeait les serrures, un fonctionnaire de police mettait toutes nos affaires dans un sac et répétait en criant Vous descendez, vous descendez... » Vingt minutes plus tard, le couple se retrouve dans la rue, avec quelques habits et quelques papiers. Le reste a été transporté dans une cave de l’immeuble et sera vendu aux enchères s’il n’est pas récupéré d’ici à un mois.

Alfortville submergé par les demandes de relogement « C’est très traumatisant, commente M. Jeyalingam. Ma femme pleurait et a fait un début de malaise. Heureusement que les enfants étaient à l’école... » Le couple, encore sous le choc, s’adresse alors au service social de la mairie qui parvient finalement à trouver deux chambres dans un hôtel de Vincennes. Mais, le mari et la femme étant au chômage, leurs maigres économies leur permettent tout juste de rester encore une semaine dans cet établissement. « Nous touchons 1 400 € par mois d’allocations et de RMI, explique le père de famille. La chambre coûte 80 €. Heureusement que l’aide sociale à l’enfance du conseil général nous donne 294 € pour payer l’hôtel. Sinon, je ne sais pas comment nous ferions. »

Selon une assistante sociale, proche du dossier, « Dans cette histoire, tout le monde se renvoie la balle. Les élus ferment les yeux alors que cette famille est de bonne foi. Si elle a été expulsée, c’est aussi parce que la propriétaire de l’appartement, elle-même dans une situation financière délicate, souhaitait récupérer son logement. » Actuellement, le quotidien de la famille Jeyalingam est rythmé par la recherche d’un logement et de deux emplois. « Ma femme cherche du travail dans le nettoyage et moi comme livreur, souligne le père de famille. Le pire, c’est pour les enfants. Leur école, Henri-Barbusse, est à Alfortville.

Tous les jours, nous sommes obligés de partir, au plus tard, à 7 h 30, pour ne pas manquer le début de la classe qui commence à 8 h 20. Et puis, il y a le problème du week-end, poursuit M. Jeyalingam. La semaine, chaque midi, ils ont un vrai repas à la cantine. Mais, le dimanche, il n’y a pas beaucoup de restaurants ouverts et nous n’avons rien pour faire la cuisine dans la chambre d’hôtel. » Selon l’Association Force ouvrière-Consommateurs (Afoc), émanation du syndicat éponyme, « la situation est catastrophique ».

« Je n’ai jamais vu ça, s’insurge Ginette Planty, bénévole de l’association. Le maire d’Alfortville est injoignable et la préfecture ne me répond pas. Qu’est-ce que va devenir cette famille ? » Une situation d’autant plus délicate que la commune est submergée par les demandes de relogement toutes plus catastrophiques les unes que les autres. « Nous avons 1 700 demandes de logements, souligne la commune. Alors qu’avec les rotations nous ne pouvons en honorer que 300. »

http://www.leparisien.com/home/maville/valdemarne/article.htm?articleid=241149079