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Alger se méfie de l’union sarkozienne
AFRIQUE DU NORD | 22h34 Contrairement au Maroc et à la Tunisie, Alger accueille froidement l’idée d’Union méditerranéenne. Bouteflika se tourne vers la Chine, la Russie et les Etats-Unis.
HAMID GUEMACHE | 10 Juillet 2007 | 22h34/ 24 heures quotidien suisse
Pour sa première sortie en dehors de l’Europe, Nicolas Sarkozy a choisi le Maghreb. Le président français a effectué hier une visite éclair à Alger, avant de s’envoler vers Tunis. Prévue initialement aujourd’hui, l’étape marocaine a été reportée à octobre, à la demande de Rabat.
A Alger, considérée comme l’étape la plus importante de cette tournée, Sarkozy et son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika ont notamment parlé du projet d’Union méditerranéenne souhaité par Paris. Le président français a présenté son projet aux Algériens dans l’espoir d’obtenir leur soutien.
Mais, contrairement à la Tunisie et au Maroc, qui ont déjà apporté leur appui à cette « Union », les Algériens, méfiants, observent le silence. Officiellement, Alger s’abrite derrière le manque de clarté de la proposition française. En réalité, le projet ne séduit guère les Algériens. L’échec du Processus de Barcelone, initié en 1995, le durcissement des politiques européennes notamment françaises sur l’immigration, tout comme la position particulière de l’Algérie comme producteur de pétrole et de gaz, sont autant d’obstacles à la réussite d’une union entre les deux rives de la Méditerranée.
« Néocolonialisme » dénonc
Dans ce contexte, convaincue de la difficulté de construire un partenariat euroméditerranéen équitable, l’Algérie a décidé de se tourner vers la Chine, de renouer avec la Russie et de renforcer ses relations avec les Etats-Unis. Les trois grandes puissances ne cessent de se renforcer en Algérie via des contrats dans tous les domaines, souvent au détriment de la France.
L’Algérie, qui a appris à vivre sans l’ancien colonisateur, s’est également tournée vers les riches monarchies du Golfe pour attirer les investissements dont elle a besoin pour se développer. « Nicolas Sarkozy veut créer cette Union pour contrecarrer l’influence de l’Allemagne au sein de l’UE et renforcer la position de la France au Maghreb, affirme un haut responsable algérien, qui a requis l’anonymat. C’est du néocolonialisme sous une forme économique. » L’Algérie réclame par ailleurs des contreparties économiques et politiques en échange de l’ouverture de son marché aux produits européens. Elle refuse de devenir un poste avancé dans la politique européenne de lutte contre l’immigration clandestine.