Allemagne : la sidérurgie décroche une hausse de salaire de 5,2%, la plus forte depuis 15 ans

IG Metall, le syndicat de la métallurgie allemand, avait averti qu’il n’était pas question d’accepter des hausses de salaires inférieures à 5%. L’accord entrera en vigueur le 1er mars. Il s’appliquera sur treize mois

La sidérurgie n’avait pas décroché une telle hausse depuis quinze ans. Le syndicat allemand de la métallurgie IG Metall et le patronat se sont mis d’accord pour une augmentation de salaires de 5,2% pour les salariés du secteur de l’acier, a fait savoir IG Metall. Ces augmentations, obtenues au bout de dix heures de négociations, entreront en vigueur à partir du 1er mars et l’accord salarial court jusqu’au 31 mars 2009. En février, les 85.000 salariés travaillant dans la sidérurgie en Basse-Saxe, à Brême et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Nord-Ouest) toucheront également une prime de 200 euros.

Pour Olaf Scholz, ministre du Travail, la hausse est "adaptée". "Après les hausses modérées des salaires ces dernières années et après les deux années de forte croissance, il est nécessaire de voir des hausses salariales plus conséquences", a-t-il expliqué à la radio Deutschlanfunk.

IG Metall s’est aussi félicité de ce résultat, alors que le syndicat avait averti qu’il n’était pas question d’accepter des hausses de salaires inférieures à 5%. Il réclamait des augmentations de 8% au départ et avait encore lancé mardi des appels à la grève pour appuyer ses revendications. "La bonne situation dans l’industrie sidérurgique profite aussi à présent de manière durable aux employés", s’est réjouit le responsable des négociations pour le syndicat Oliver Burkhard.

Le président de la confédération patronale BDA, Dieter Hunt, a renchéri, estimant que "l’accord reflète la situation actuelle et exceptionnelle d’une branche de l’acier en plein boom". Mais "il ne doit en aucun cas servir d’exemple pour les autres branches", a-t-il prévenu. Des négociations salariales sont actuellement en cours dans d’autres secteurs de l’économie allemande. Le syndicat de service Verdi demande des hausses de 8% pour les fonctionnaires et dans la chimie, on réclame des augmentations de 7%. En général, les accords dans l’acier n’ont pas valeur de modèle pour les autres branches de l’économie. "Cette fois, le lien entre l’acier et les autres branches pourrait toutefois être plus serré", a indiqué à l’AFP, Holger Schmieding, économiste à Bank of América.

Après des années de modération salariale, les syndicats font preuve d’une rare combativité, jugeant le temps venu de récompenser les salariés. L’an dernier, la demande intérieure a retrouvé de la vigueur et l’Allemagne est restée la championne du monde des exportations. Sur l’ensemble de l’année 2007, le pays a affiché une croissance de 2,5 %. Mais l’économie allemande a marqué le pas au quatrième trimestre (+0,3% sur un trimestre), affectée par le ralentissement économique mondial. Les experts attendent pour cette année une croissance largement inférieure à 2 %.

Dans ce contexte, certains se félicitent du résultat des négociations salariales les jugeant positives sur le moral des ménages et donc sur la consommation. D’autres, et en premier lieu, la Banque centrale européenne, s’inquiètent des risques liés à ces hausses de salaires sur un éventuel emballement inflationniste. L’inflation nourrie par les salaires est la "raison majeure" pour laquelle la BCE ne devrait pas baisser ses taux avant le moi de mai, et encore de façon "modeste", a jugé Holger Schmieding.

http://www.lesechos.fr/info/inter/300243449.htm