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Analyses et conclusions sur la Conférence de Beyrouth en soutien à la résistance.

Publie le samedi 16 décembre 2006 par Open-Publishing

Billet :

Gauche laïque et mouvements islamo-nationalistes.

Mal comprise par les politistes occidentaux, l’alliance entre la gauche laïque (Parti Communiste Libanais) et un courant islamo-nationaliste (le Hezbollah) a été à l’origine d’une conférence internationale de soutien de la résistance du 16 au 19 novembre à Beyrouth, Liban. C’est l’occasion d’un dialogue noué entre les forces de gauche internationales (communistes, altermondialistes...) et le Hezbollah.

Lors du premier meeting politique le cadre est posé : le représentant du PCL, Khalid Hadada et celui du Hezbollah, Naïm Qassem, saluent d’une même voix la résistance libanaise. C’est dans la lutte contre l’occupation et pour l’autodétermination que leur alliance s’est scellée. Naïm Qassem s’adresse aux internationaux : « Je veux vous rassurer : l’alliance politique que nous composons regroupe des forces très diverses [...] et nous travaillons toujours main dans la main ».

S’il est nécessaire de rassurer les participants, Naïm Qassem en est conscient, c’est que ceux-ci n’ont pas oublié certaines expériences désastreuses à mettre au compte de l’islamisme politique. Mais toutes les expressions de l’Islam politique ne se valent pas. Il y a, dans l’Islam politique comme dans la plupart des courants de pensée, plusieurs écoles. Il est important de distinguer l’intégrisme musulman, représenté notamment par les salafistes (branche fondamentaliste du sunnisme), des autres courants de l’islamisme politique dont le Hamas (sunnite) et le Hezbollah (chiite).

Il suffit de consulter le programme politique de ces deux derniers pour le comprendre : ils sont idéologiquement aussi proche des intégristes musulmans que les sont les démocrates chrétiens des intégristes catholiques ! Et quand le dr. Ali Fayad, proche conseiller de Hassan Nasrallah, prend la parole lors de la conférence internationale de Beyrouth son discours se rapproche plus de celui de Marie-George Buffet que de celui de François Bayrou. Quand il s’agit de présenter les principaux objectifs de son parti Ali Fayad brille : « Nous luttons pour la préservation de la liberté d’expression et d’association. Nous joignons nos forces à ceux qui combattent le capitalisme sauvage incarné par le néolibéralisme, pour la protection de l’économie libanaise des lois du marché et des défis de la mondialisation. Nous réclamons un plus grand rôle de l’Etat dans la protection des classes défavorisées, le développement des services et de la protection sociale » (cité par W. Chahara et F. Domont, Le Hezbollah. Un mouvement islamo-nationaliste, Paris, Fayard, 2004).

Ces positions ne sont pas nouvelles, elles sont le fruit d’une lente évolution depuis 1992. Avec la prise en main du parti par Hassan Nasrallah,le Hezbollah a pris des distances avec les orientations fondamentalistes de la révolution iranienne. Il faut rappeler qu’il a renoncé à la perspective d’un état islamiste et qu’il insiste sur le libre choix en matière de foi et de prescriptions religieuses.

Une fois ces explications faites, il est moins difficile de comprendre ce qui a réuni des acteurs de la gauche laïque et une mouvance de l’Islam politique lors de la conférence internationale de Beyrouth. Cette rencontre marque le début d’une alliance entre ces deux courants jusqu’alors considérés comme opposées. Beaucoup de travail reste à faire. Si certaines divergences subsistent aux termes de la rencontre, les participants auront réussi à souligner trois points de convergence entre les deux courants : la résistance à l’impérialisme, la protection des droits sociaux et la défense des libertés démocratiques.

A. E.


Rencontre internationale de Beyrouth en soutien à la résistance (conclusions).

Du 16 au 19 novembre 2006 s’est tenue à Beyrouth une rencontre internationale de soutien à la résistance Libanaise. L’idée d’une telle rencontre avait été émise par les forces engagées dans la résistance libanaise et les délégations internationales qui se sont rendues à Beyrouth sous les bombardements israéliens. L’agression israélienne commandée par l’administration américaine avec le but d’« éradiquer » le Hezbollah n’a pas atteint les objectifs souhaités. Au contraire l’ampleur de la résistance armée d’une part et celle non moindre de la population libanaise ont revivifié l’idée même de la résistance dans la région, mais aussi dans le monde.

Ce qui s’exprime par une guerre directe dans la région, s’exprime par une guerre sociale, économique et culturelle dans des environnements politiques pacifiés et la nécessité de faire face est donc commune entre les forces de la résistance au Moyen-Orient et les forces qui luttent contre les ravages de la mondialisation ailleurs. Encore faut-il qu’il y ait des ponts et un dialogue entre certains mouvements qui paraissent au commun comme antinomiques et qui aujourd’hui sont dans la nécessité de construire ensemble.

Si aller à Beyrouth pour rencontrer le Parti Communiste Libanais était tout à fait normal pour un quelconque parti communiste, où un quelconque mouvement de gauche, la normalité peut devenir de l’agacement quand il s’agira de participer à une rencontre organisée par le Hezbollah conjointement avec le Parti Communiste Libanais, et d’autres forces de la gauche libanaise. Voilà l’un des objectifs majeurs de cette rencontre : faire dialoguer des mouvements de gauches internationaux avec des mouvements islamiques engagés dans une lutte de libération.

Sur ce premier objectif, nous ne pouvons que constater le nombre, la diversité des participants et leur enthousiasme dans les séances de travail. Ainsi plus 300 délégué-e-s représentant divers partis de gauches, de mouvement sociaux, d’associations et média, ont fait le déplacement depuis l’Amérique Latine, l’Inde, l’Afrique et plusieurs pays arabes. La séance d’ouverture a permis d’entendre une personne par continent notamment, Mohamed Salim, membre du parlement national indien et du parti communiste indien, Gilberto Lopez du Parti de la Révolution Démocratique mexicain, Victor Nzuzi, agriculteur et syndicaliste congolais, George Isaak porte parole du « mouvements égyptien, « Kefaya » et l’ancien président du parti communiste grec ainsi que Naim Kacem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, Khaled Hadada, porte parole du Parti Communiste Libanais, Salim el-Hoss, ancien premier ministre libanais et leader du forum pour l’unité nationale, Najah Wakim leader du Mouvement du Peuple, Ghassan Issa pour le Club Al-Leqaa/Samidoun ainsi que Nahla Chahal qui a coordonné l’événement.

Par la suite, les participants se sont répartis dans les 4 axes de travail : axe Stratégie, axe média, axe juridique, axe de la reconstruction. Les recommandations, qui ont résulté de ces axes, sont présentées dans l’appel final disponible en anglais et en arabe et prochainement en français et en espagnol.

Par ailleurs, les participants ont visité la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que le sud libanais où ils ont pu mesurer la réalité destructive de l’agression notamment dans l’une des villes symbole de la résistance, Bint Jbil, où ils ont pu s’entretenir avec des combattants.
Enfin, deux soirée artistiques ont eu lieux : la première autour des courts métrages faits pendant la guerre par le collectif des cinéastes, « cinésoumoud . La seconde avec la troupe égyptienne de Samia Jaheen venue spécialement pour l’occasion.

Evidement il y a eu des lacunes parmi lesquelles la faiblesse de la participation de mouvements européens, excepté les grecs qui eux étaient plus d’une quarantaine. Egalement, l’axe stratégie a intéressé une grande majorité des participants ce qui en soit dénote d’un intérêt à confronter les différentes analyses et à clarifier les malentendu et les divergences. Il aurait fallut peut être diviser cet axe en groupe de travail pour permettre un échange accru ou le transformer suffisamment à temps pour permettre un échange entre les libanais et les internationaux, ce qui s’est finalement produit à la demande des participants eux même.

CCIPPP