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Annemasse a baissé ses rideaux.

Publie le vendredi 30 mai 2003 par Open-Publishing

Annemasse a baissé ses rideaux et le pont de l’Ascension n’est pas seul en cause. Seules quelques boutiques étaient ouvertes jeudi dans le centre-ville de la petite ville de Haute-Savoie située entre Genève et Evian et où ont commencé à se rassembler les militants anti-G8 en vue du contre-sommet "Pour un autre monde" organisé sur les pistes de l’aérodrome local.
La plupart des commerçants de la petite citée frontalière, habituellement très animée, ont préféré tirer le rideau jusqu’à mardi, par crainte des manifestations et surtout des actes de vandalisme. "Je préfère ne pas gagner d’argent en restant fermé, plutôt que tout perdre pour gagner quelques euros", explique Jean-Claude Sibué, pharmacien. "J’ai vu les images de Gènes, et je ne veux pas que ma boutique soit saccagée, même si les assurances m’ont fourni des garanties", poursuit-il précisant qu’il a dépensé 1.500 euros pour faire poser quatre lourdes feuilles de contreplaqué sur ses vitrines datant de 1904.
"On fait comme tout le monde, on se barricade, tout le monde nous a dit de le faire par sécurité", note de son côté Marguerite Meister, dont la famille gère depuis 1932 une boutique de photo dans les rues piétonnes.
Aucune consigne n’a été donnée par les autorités, mais un vent de panique souffle depuis une semaine chez les commerçants qui dévalisent en panneaux de bois les deux grandes surfaces spécialisées dans le bricolage.
Seule véritable cible menacée, le restaurant McDonald’s situé à l’entrée d’Annemasse, sur le parcours de la grande manifestation prévue dimanche. "Quand il y a du grabuge, McDo est souvent attaqué", reconnaît Laurent Bourgoin, directeur adjoint du restaurant. Il admet d’ailleurs que depuis une semaine environ, les clients se font beaucoup moins nombreux et avoue que "le chiffre d’affaire à considérablement diminué".
Une équipe de menuisiers s’affaire autour de l’établissement pour tenter de masquer tous les logos, sigles qui font habituellement voir l’enseigne de loin. A grands coups de tronçonneuse, de scie et à l’aide de vis et de clous, ils tentent aussi de dissimuler sous des panneaux de bois la silhouette typique du restaurant, symbole honni de la "mondialisation libérale".
"Les gens du coin savent où nous sommes, nous seront ravis de les accueillir pendant ces six prochains jours", conclue M. Bourgoin qui ne s’attend manifestement pas à ce que les altermondialistes viennent se sustenter dans son établissement. Le restaurant rapide de la firme française Quick (groupe Casino) situé à quelques centaines de mètres seulement de l’aérodrome n’avait mis en place aucune mesure particulière de protection jeudi.
Avec beaucoup de discrétion les forces de l’ordre, CRS et gendarmes mobiles, ont pris position à Annemasse et dans ses environs dès mercredi soir. Toutes les unités chargées du maintien de l’ordre ont été stationnées un peu à l’écart du centre- ville, dans des petites rues. Leur matériel anti-émeute, camions anti-barricade, canons à eau, reste dissimulé, à l’abri des regards des rares promeneurs qui déambulent sur les places vides de toute terrasse ou décoration.
Une première manifestation rassemblant environ 4.000 personnes a eu lieu jeudi. Dans le calme. ANNEMASSE, Haute- Savoie