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Antisémitisme et racisme : un rapport tord le coup aux idées reçues

Publie le mardi 19 octobre 2004 par Open-Publishing

Jean-Christophe Rufin épingle par ailleurs "l’antisionisme radical", qu’il qualifie d’"antisémitisme par procuration". "Il est le fait de personnes qui ne se rendront pas elles-mêmes coupables d’aucune exaction, qui ne manipuleront pas directement des auteurs de passage à l’acte, ne les inciteront pas ouvertement à agir, mais dont pourtant les opinions, les propos et quelquefois simplement le silence viendront à l’appui de ces violences".

Cet antisionisme présente Israël comme un "Etat colonial et raciste qui opprime sans fondement un peuple innocent du Tiers-Monde", explique Jean-Christophe Rufin. Il suggère de "réfléchir" à la création d’un texte de loi qui permettrait de punir ceux qui comparent l’Etat hébreu à l’apartheid ou au nazisme.

http://fr.news.yahoo.com/041019/5/43tr8.html

mardi 19 octobre 2004, 16h59

Antisémitisme et racisme : un rapport tord le coup aux idées reçues

PARIS (AP) - Quel est le vrai visage de l’antisémitisme et du racisme ? Un rapport remis mardi au ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin tord le cou à certaines idées reçues : les actes antijuifs ne sont pas l’apanage des enfants issus de l’immigration ou de l’extrême droite, même si cette dernière porte encore une "importante responsabilité" dans les actions racistes.

Selon le locataire de la place Beauvau, 123 actions racistes et 166 actes d’antisémitisme ont été recensés au cours des neuf premiers mois de l’année, soit "plus que pour toute l’année 2003". Mais il a observé lors d’une conférence de presse une "décrue significative" depuis trois mois. Ainsi, neuf actions racistes violentes ont été enregistrées en septembre, contre 26 en avril. De même, il a fait état de cinq actes antisémites le mois dernier, contre 23 en avril.

Dans son rapport, l’écrivain et médecin Jean-Christophe Rufin établit "trois niveaux de responsabilité" dans les actes antisémites : les auteurs, les "manipulateurs" (idéologues, réseaux politiques ou terroristes), qui utilisent l’antisémitisme comme "stratégie", et les "facilitateurs", un "antisémitisme par procuration".

"La partie la plus importante" des auteurs d’actes antisémites "ne peut être cataloguée ni à l’extrême droite, ni parmi les délinquants connus des quartiers difficiles", explique l’auteur de "Rouge Brésil" (Prix Goncourt 2001). "Sur les jeunes interpellés qui sont issus des quartiers difficiles, seul un nombre relativement faible est d’origine maghrébine. Beaucoup d’autres sont originaires de pays sans lien avec la question israélo-arabe, ce qui rend déjà moins ’naturelle’ leur identification éventuelle à la cause palestinienne", poursuit-il.

Quant aux personnes interpellées cataloguées à l’extrême droite, "bien peu appartiennent à des réseaux structurés et apparaissent comme des militants, encore moins des idéologues".

Le trait commun à ces actes "semble plutôt à rechercher du côté du déracinement, de la perte de repère, de l’échec social et de la confusion identitaire", estime l’actuel président d’Action contre la faim (ACF). "Le malaise identitaire qu’installe la culture de la pauvreté rend ces populations sensibles aux représentations politiques extrémistes". Et, "selon leur origine et le hasard des rencontres", l’islamisme radical et les idéologies néonazies peuvent trouver un terreau favorable.

Jean-Christophe Rufin épingle par ailleurs "l’antisionisme radical", qu’il qualifie d’"antisémitisme par procuration". "Il est le fait de personnes qui ne se rendront pas elles-mêmes coupables d’aucune exaction, qui ne manipuleront pas directement des auteurs de passage à l’acte, ne les inciteront pas ouvertement à agir, mais dont pourtant les opinions, les propos et quelquefois simplement le silence viendront à l’appui de ces violences".

Cet antisionisme présente Israël comme un "Etat colonial et raciste qui opprime sans fondement un peuple innocent du Tiers-Monde", explique Jean-Christophe Rufin. Il suggère de "réfléchir" à la création d’un texte de loi qui permettrait de punir ceux qui comparent l’Etat hébreu à l’apartheid ou au nazisme.

Sur le racisme, l’écrivain constate que l’extrême droite "continue de porter une importante responsabilité dans les actes de violence raciste", notamment en Corse : plus de la moitié de ces actions concernent en effet l’Ile de Beauté. "Il est possible" que ces violences "cachent en réalité des considérations de tactique politique et peut-être des jeux d’intérêts".

Un point de vue partagé par Dominique de Villepin. Ces actes "s’apparentent souvent à de l’extorsion de fonds et à de la menace mafieuse à l’égard d’une partie de la population de l’île", a-t-il expliqué devant la presse.

Enfin, Jean-Christophe Rufin plaide pour que "l’ensemble des dispositions concernant l’antisémitisme et le racisme" soit extrait de la loi de 1881 relative à la presse, afin d’en "faire une entité juridique à part, soumise aux règles procédurales du droit commun". Cette proposition "mérite d’être étudiée", a simplement commenté le ministre de l’Intérieur. AP

http://fr.news.yahoo.com/041019/5/43tr8.html