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Appel à essai sur l’économie de l’art — deadline 15 nov + Forum 20-23 Nov, Paris

Publie le mardi 11 novembre 2008 par Open-Publishing

Dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne
Forum Européen de l’essai sur l’art 20-23 Nov. 2008 @ INHA 2 rue
Vivienne Galerie Colbert 75002 Paris

http://www.inha.fr/spip.php?article2038

Organisé par Jacques Serrano (Rencontres Place Publique)

http://www.forum-essaisurlart.org/

EDITO DE L’ÉVÉNEMENT

"Les idées s’exposent"
par Catherine Malabou

« Les idées s’exposent » : cette formule interroge la visibilité et la
plasticité
de la pensée. Elle met en jeu la manière dont la pensée se donne en
spectacle
et devient elle-même objet d’art.

Il faut supposer, pour la comprendre, qu’il existe « un oeil au bord du
discours », comme le dit Jean-François Lyotard, une « vue bordant le
discours », qui assure le passage du discours à la figure et rend possible
leur mutuelle convertibilité. Le linguistique et le figural, le discours
et la
figure, s’échangent sans cesse.

L’oeil qui loge au bord de tout discours n’est ni le mien ni le vôtre,
ce n’est
pas le regard d’un sujet, mais bien l’oeil du discours lui-même.
Un dispositif optique est à l’oeuvre dans le langage. Dès que l’on parle
ou que l’on écrit, le langage fait paraître la visibilité de ce dont on
parle
ou de ce à propos de quoi on écrit. Le langage est donc toujours destiné
à se dédoubler en espace linguistique et en espace figural. Evénements
plastiques du discours, les mots donnent à voir ce qu’ils nomment. Ils
sont ainsi toujours en même temps des images. Le figural est le mode
d’être visuel de l’idée.

Dès lors, lorsqu’on se demande ce que peut signifier « voir une pensée »,
« exposer des idées », on est conduit à interroger cette unité entre
dicible
et visible ouverte comme un accroc à l’orée du discours. Une telle unité
constitue le milieu élémentaire où se déploient les essais sur l’art. Quel
que soit l’objet de ces essais, il se dessine toujours sur un fond
d’entrelacs
du texte et de la figure, tissage qui est la condition préliminaire de
toute
réflexion esthétique. Un essai crée toujours, entre discours et figure,
l’objectivité de son objet.

Le Forum européen de l’essai sur l’art est donc conçu comme un espace
de rencontre entre ces différents types d’objectivation, rencontre élargie
à tous les pays d’Europe, où doivent se confronter, entre les idiomes et
les cultures, de nouvelles conceptions du spectacle des idées, où doivent
s’inventer de nouveaux rapport entre discours et figures.

Pour Jacques Serrano, il importe de « rompre avec la localisation du
champ de l’art », pour transgresser les frontières entre idées et formes au
nom d’un acte qui consiste à former l’image des concepts.
Ce pouvoir fictionnel coïncide avec la dimension proprement fantastique
de la théorie. On lui réserve ici le meilleur accueil.

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UN CONCOURS D’IDÉE
DEADLINE -> NOV 15

Dans le cadre du prochain Forum de l’essai sur l’art, sur une
proposition de Jacques Serrano, concepteur de la manifestation, est
organisé le premier « concours d’idées » sur le thème :

«  repenser les conditions sociales et économiques de l’art* »

Cette invitation à repenser les conditions sociales et économiques de
l’art à partir d’une remise en question des conceptions héritées du XXè
siècle a pour objectif de révéler au monde de l’art mais aussi au monde
politique et au monde intellectuel deux propositions fortes énoncées par
deux penseurs européens, qu’ils soient artistes, critiques,
conservateurs, philosophes, sociologues,économistes, juristes,…

*Le thème proposé pour ce premier concours européen de l’essai sur l’art
couvre le champ des arts plastiques.
Ce concours bénéficie d’une dotation de 10 000€, grâce au soutien de la
fondation Mondriaan.

Réception des textes (trois feuillets) en français, anglais ou néerlandais.
Date limite de réception : 15 novembre 2008.

Règlement :

http://www.forum-essaisurlart.org/concours2.htm

informations concours | Mabel Tapia
concours-essaisurlart@orange.fr
+ 33(0)1 42 60 39 18

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L’essai est exercice de pensée, quels que soient les domaines du savoir
 : il est mise à distance des certitudes reçues sans discernement, mise
en perspective des objets faussement familiers, mise en relation des
modes de pensée d’ailleurs et d’ici. L’essai est une interrogation au
sein de laquelle la question, par les déplacements qu’elle opère,
importe plus que la réponse.

Eric Vigne, directeur de collection, Gallimard

FORUM D’ÉDITEURS EUROPÉENS
Voir le Texte édito de Catherine Malabou

Institut national d’histoire de l’art| 6, rue des Petits-Champs | 75002
Paris | France.

Le Forum de l’essai sur l’art organise, dans le cadre de la Présidence
française de l’Union européenne, un rendez-vous européen d’auteurs,
d’éditeurs, de directeurs de collection et de rédacteurs en chef de
revues qui accordent une place privilégiée à l’essai sur l’art.

Le Forum européen de l’essai sur l’art a pour but de mettre en valeur la
principale fonction culturelle de l’essai sur l’art : transmettre à nos
contemporains un état des lieux de la recherche sur l’art entreprise
aujourd’hui selon de nombreux points de vue (philosophie, sociologie,
critique, etc.).

Venus des 27 pays européens, des éditeurs qui accordent une place
privilégiée à l’essai sur l’art - arts plastiques, architecture,
théâtre, image, musique et danse - ainsi que les principales revues de
réflexion sur l’art, sont invités à présenter leurs publications durant
4 jours.

L’objectif de cet événement qui s’adresse à un public concerné par la
pensée contemporaine et par l’Europe de la culture, est aussi de mettre
en place un rendez-vous de professionnels de l’essai afin de faciliter
l’émergence de projets de traduction, de diffusion et de coédition.

Éditeurs Présents
 
Allemagne > Diaphanes | Autriche > Passagen Verlag | Belgique > L’art
même ; De Witte Raaf | Bulgarie | Colibri | Chypre > Psihadi | Danemark >
Museum Tusculanum Press | Espagne > Brumaria | Estonie >
Kunstiteaduslikke Uurimusi / Studies on Art and Architecture | France >
éditions du Centre Pompidou ; Macula ; Hazan ; éditions MF ; les éditions de
l’EHESS ; Paris Expérimental ; Gallimard ; Rhinocéros / Livraison /
r-diffusion / r-éditions ; éditions MIX ; Beaux-arts de Paris ; Monografik
éditions ; GERMS ; éditions Hyx ; Éditions de l’Institut d’art contemporain
de Villeurbanne / Lyon ; Les Archives de la Critique d’Art ; Synesthésie ;
Geste ; Critical Secret | Grèce > Agra Publications | Hongrie > Mùcsarnok
| Irlande > Gandon Editions | Lettonie > Neputns | Lituanie > Krantai |
Luxembourg (Région SaarLorLux) > Casino Luxembourg – Forum d’art
contemporain + Frac Lorraine + Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean (Mudam
Luxembourg) | Malte > Allied Newspapers | Pays Bas > VALIZ Books and
Cultural Projects art, photography, design, architecture | Pologne >
Slowo/Obraz Terytoria | Portugal > Obscena ; Angelus Novus | République
Tchèque > Barrister & Principal ; Uméni | Roumanie > Idea ; Editura
Institutului Cultural Român / Bucarest | Royaume-Uni > Black Dog
Publishing | Slovaquie > 3/4 | Slovénie > Maska, institute for
publishing, production and education.
 
Horaires
vendredi 21 nov. | 13h>20h
samedi 22 nov. | 13h>20h
dimanche 23 nov. | 13>17h
 
Infos |
+33(0)1 43 54 03 43 | + 33(0)1 42 60 39 18
forum-essaisurlart@wanadoo.fr

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COLLOQUE

L’EUROPE, L’INVENTION DE LA MODERNITÉ ET L’ART
( édito du colloque par Patrice Maniglier :
http://www.forum-essaisurlart.org/texte.htm voir en pied de page)
Sur une proposition de Françoise Gaillard, historienne des idées, et de
Jacques Serrano.

>jeudi 20 novembre, 18h |
Françoise Gaillard, historienne des idées : L’esthétique comme terrain
de jeux de la philosophies
Manuel Maria Carrilho, philosophe, ancien ministre de la culture du
Portugal : L’Europe, les paradoxes d’une invention de la modernité
Bernard Stiegler, philosophe : Mystagogies de la modernité européenne -
et au-delà
Modérateur : Patrice Maniglier, philosophe.

> vendredi 21 à 14h30 |
Alain Touraine, sociologue : Le portrait et le pouvoir
Ralph Heyndels, sociologue de la litterature et de la culture : Il faut
être absolument moderne : modernité de Rimbaud, esthétique de Genet,
ombre portée de l’Europe
Daniel Lindenberg, historien des idées : Le courant néoconservateur et
l’art contemporain (à propos du dialogue Bourdieu /Hans Haacke.)
Bruno Latour, sociologue : L’Europe : un embarras de richesses
Modérateur : Françoise Gaillard, historienne des idées.

Réservation conseillée :
+33(0)1 43 54 03 43 | + 33(0)1 42 60 39 18
infos-essaisurlart@wanadoo.fr

CONFÉRENCES, RENCONTRES ET DÉBATS

>vendredi 21 novembre, 11h
Innovation et coopération territoriale (texte de Donato Giuliani)
Donato Giuliani, direction de la culture, Conseil régional du
Nord-Pas-de-Calais, suivi d’un débat animé par Sylvie Robin, direction
de la culture, Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.

vendredi 21 nov. 2008, 12h
De la nécessité de l’exigence culturelle pour developper la créativité
sur les territoires Table-ronde de présentation de la plate-forme « 
Créativités et Territoires »- Institut Charles Cros- IAAT (Institut
Atlantique d’Aménagement des Territoires).
Intervenants : Sylvie Dallet, professeur des universités, présidente de
l’ Institut Charles Cros | Jacky Denieul, chargé de mission « Créativités
et Territoires », IAAT | Pierre Bongiovanni vidéaste, plasticien,
producteur | Michèle Gally, professeur des universités, université de
Provence.

>vendredi 21 novembre, 18h
La critique d’art en Europe
organisé avec la revue Mouvement | intervenants : Paul Ardenne, historien
et critique d’art | Vivian Rehberg, historienne d’art et critique d’art
- Vincent Pécoil, critique d’art - Stephen Wright, critique d’art.
Modéré par : Valérie Da Costa, historienne de l’art et critique d’art.
Suivi de Team Network, transdisciplinary european art magazines
présentation du réseau de revues européennes par David Sanson
(Mouvement), Katja Praznik (Maska) et Tiago Bartolomeu Costa (Obscena).

>samedi 22 novembre, 11h
Papier électronique et édition à l’ère de la numérisation(texte de
Samuel Petit)
Anne Kieffer, directrice générale Art, Havas - Samuel Petit, Ganaxa.

>samedi 22 novembre, 14h30
Pour en finir avec l’exception artistique (texte de Marcela Iacub)
Marcela Iacub, juriste, chercheuse au CNRS, suivi d’un échange avec
Mathieu Lindon, journaliste et écrivain.

>samedi 22 novembre, 17h30
Les modernités hors de l’Europe (texte de Stephen Wright)
Débat proposé par Stephen Wright, critique d’art- intervenants : Ali
Akay, sociologue - Samir Amin, politologue (sous réserve) - Seloua Luste
Boulbina, philosophe - Rada Ivekovic, philosophe.

>dimanche 23 novembre, 14h30
Le mensonge dans la figure de l’art, l’exception d’une saisie dans la « 
post modernité » européenne (texte de Ciro Giordano Bruni)
organisé par le Germs | Ivan Lapeyroux, philosophe | Jean-Baptiste
Dussert, philosophe | Gilles Boudinet, maître de conférence, université
Paris 8 | Ciro Giordano Bruni, directeur des publications du Germs.

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"L’Europe, l’invention de la modernité et l’art"
par Patrice Maniglier, philosophe.

Il y a une mauvaise manière de poser à l’Europe la question de l’Art, et à l’Art la question de l’Europe.
C’est d’interroger l’éventualité d’un art européen, d’une spécificité européenne dans l’Art. En quête d’une
improbable essence, de l’esprit d’un peuple introuvable, d’une identité forcément trop vague, ou trop
restrictive, on court le risque de l’arbitraire, et, surtout, on risque d’oublier trop vite l’évidence : que
l’Europe n’a pu se constituer qu’à travers un dépassement des identités, et que c’est lui rendre un bien
mauvais service que de vouloir la constituer sur une notion que, pour le meilleur ou pour le pire, elle a dû
précisément mettre en crise. Faux problème, donc ? Peut-être pas.

Il se peut qu’il y ait une manière à la fois plus rigoureuse et plus radicale d’interroger les rapports de l’Europe
à l’art : en passant par ce tiers terme – modernité. Car l’Europe aura été pour le monde le lieu où s’invente
la catégorie historique de modernité, l’espace où les hommes se sont attribués ce régime de l’histoire, cette
manière d’être dans le temps. Mais n’est-il pas vrai aussi que l’art s’est constitué en rapport à cette
catégorie : la notion de modernité dans l’histoire de l’art ne sert-elle pas à désigner le
moment d’autonomisation de l’art par rapport à la religion, à la politique, à la technique, à la décoration, etc.?
Et qu’est-ce à dire sinon que l’identité même de l’art, la frappe de son concept, est liée à cette invention de
la modernité ? Par là on pressent que les rapports de l’art et de l’Europe puissent à la fois plus étroits et plus
précis que le fantasme d’un art proprement européen. Si l’art ne se constitue dans son concept propre que
dans la modernité, il n’y a pas à chercher un art européen, mais ce qui de l’art pourrait ne pas l’être…

Bien sûr, on dira, à juste titre, que la notion de modernité n’est qu’un mythe, au sens rigoureux d’une manière
enchantée dont nous nous racontons notre histoire. L’historiographie des dernières décennies du siècle,
tant de l’Europe que de l’art n’a eu de cesse de le montrer. Nous n’avons jamais été modernes, résumait
récemment Bruno Latour ; et l’art n’a jamais eu cette autonomie dont on lui a prêté l’aspiration insistante,
montrait de son côté Jacques Rancière, pour ne citer que deux parmi les nombreux auteurs qui ont revisité
ces catégories.

Mais que la modernité soit un mythe, et même un mythe fondateur, cela doit-il nous effrayer ? Faut-il oublier
qu’Europe est le nom même d’un mythe – ravie par Zeus et cherchée par son frère, Cadmos, sur toute la
surface d’un continent qui se présente donc, dès son origine, comme l’espace d’une quête ?
Les questions que nous voudrions poser sont plutôt les suivantes : comment la déconstruction de ce mythe
pour l’art permet-il de reposer autrement la question de l’identité historique de l’Europe, et donc de son héritage
universel ? Et inversement : en quoi une histoire moins mythifiée du continent permet-elle de reposer la
question de la nature et de l’avenir de l’art, de ce qu’il en est de son concept, de ses potentialités d’universalisation et du
sens de sa mondialisation actuelle ? Peut-on utiliser l’histoire de l’une pour échapper au mythe de l’autre ?
Et la question n’a rien d’étroitement historique. Repenser l’Europe, la repenser en revisitant le mythe de la
modernité, c’est s’obliger à repenser cela même précisément qu’on appelle « art », et mieux comprendre le
moment présent, où peut-être ce nom, circulant par toute la planète, se met à fonctionner à travers d’autres
mythes, à prendre d’autres significations, à parcourir d’autres équivoques. Peut-être découvrira-t-on que
c’est parce que nous n’avons jamais été modernes que l’Europe est possible et que l’art a encore un avenir,
mais chacun dans des sens très largement ouverts, et aujourd’hui profondément obscurs.

Manifester cette ouverture, éclairer cette obscurité, sans nécessairement la dissoudre, telle est l’ambition qui guide le projet de ces Forums de l’essai sur l’art.

Patrice Maniglier, philosophe

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http://www.criticalsecret.com