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Appel pour Marina

Publie le samedi 19 juillet 2008 par Open-Publishing

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Monsieur le président de la République,

avec MM. Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Jean Lacouture, Edgar Morin, j’ai déjà eu l’occasion le 15 janvier de solliciter votre bienveillance à l’égard de Mme Marina Petrella menacée d’extradition vers l’Italie.

Ayant obtenu du parquet de Versailles l’autorisation de lui rendre visite, voici que, avant-hier, en route vers Fleury-Mérogis, j’apprends votre décision de l’extrader tout en faisant appel à la générosité des autorités italiennes à son égard.

Assez secoué par cette nouvelle survenant alors même que j’allais la rencontrer, j’ai cependant poursuivi ma route et ai pu passer une heure avec elle.

C’est ce qui m’incite à faire à nouveau appel à vous. Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai trouvé Mme Petrella fort émue par cette nouvelle qu’elle venait elle aussi d’apprendre. Je la savais déjà gravement atteinte dans sa santé par l’anxiété qui l’habite depuis son arrestation, il y a près d’un an.

Arrestation d’ailleurs effectuée presque par hasard à l’occasion d’une démarche administrative anodine ; simplement parce que son nom figurait sur la liste dite de Schengen.

Contrairement du reste à un engagement explicite de M. Jospin, alors premier ministre, que cette inscription "n’entraînerait aucune conséquence" pour les Italiens bénéficiaires de l’asile qui leur avait été solennellement accordé par votre prédécesseur, François Mitterrand.

Mais avant-hier, j’ai pu réaliser moi-même à quel degré l’habite un désespoir qui la prive de l’envie même de vivre, sinon à peine à cause de ses deux filles encore bien trop jeunes pour être privées de leur mère.

Je pourrais encore plaider pour elle le fait que, depuis quatorze ans, elle a pu chez nous construire une vie positive au service des autres par exemple comme assistante sociale dans une de nos organisations protestantes de jeunesse.

Je ne viens pas vous demander je ne sais quelle indulgence, dont d’ailleurs elle ne se reconnaît elle-même pas le droit, pour ce qui s’est passé en Italie du fait des Brigades rouges.

Je veux seulement vous demander la mise en oeuvre pour elle de la clause humanitaire qui prévoit que l’on renonce à extrader une personne dont la vie serait par là mise en danger. La décision de surseoir à cette extradition serait de votre part, chacun le comprendrait, une action éminemment humanitaire et permettrait aussi de ne pas renier une parole donnée voici vingt-cinq ans au nom de l’Etat.

Vous aviez évoqué la possibilité, pour contribuer à la paix si nécessaire à la Colombie meurtrie, de donner asile à ceux des FARC qui le demanderaient.

Cette initiative me paraît assurément positive. Rendre sa liberté à Marina Petrella en soulignerait l’authenticité.

Pasteur Jacques Maury

ex-président de la Fédération protestante de France.