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Appui mondial à l’APPO (Oaxaca)

Publie le lundi 27 novembre 2006 par Open-Publishing

Ceux d’en bas

Appui mondial à l’APPO

Gloria Muñoz Ramirez, 25 Novembre 2006

Traduit par Gérard Jugant et révisé par Fausto Giudice

Le mouvement populaire gagne en espaces et en légitimité dans le monde de la résistance. Ce n’est pas seulement la répression qui réunit activistes, collectifs, groupements politiques, religieux et de droits humains, milieux artistiques, l’université et la culture de plus de vingt pays, mais aussi l’expression d’une forme d’organisation autonome qui se transforme progressivement en référentiel de transformation politique impulsée d’en bas.

Un acte répressif a donné l’élan à la création de l’Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca (APPO) en juin dernier, et une autre charge sauvage des gouvernements fédéraux et étatiques, lancée les 27 et 29 octobre, qui a donné lieu à de nouveaux assassinats, à des arrestations et à l’occupation de la ville par la Police Fédérale Préventive (PFP), ont servi de détonateur à un mouvement international de solidarité seulement comparable en intensité à celui déclenché par les zapatistes et le peuple de San Salvador Atenco (avec chacun ses histoires propres et différentes).

Barcelone, 12 novembre 2006 : "Oaxaca escucha, Barcelona está en lucha !" (nous ne ferons pas l’insulte au lecteur de traduire cette phrase...)

Jusqu’à maintenant on a enregistré dans les différents réseaux internationaux de communication plus de 160 actions de solidarité avec Oaxaca en moins d’un mois. Pour la seule journée du 20 écoulé, on rapporte, à l’appel et sous l’impulsion de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale et par la propre légitimité qu’a gagné le mouvement, pas moins de 47 mobilisations dans 46 villes de la planète.

Les ambassades et consulats mexicains ont été la cible des protestations contre la politique de répression gouvernementale. Marches, meetings, veillées, conférences, blocages, spectacles ainsi que d’autres activités culturelles accompagnèrent les actions. Mais il n’y a pas que des sorties dans les rues pour condamner la vague de violence institutionnelle, il y a aussi maintenant des rencontres d’information et de débats en Europe, aux USA et en Amérique latine sur l’importance d’accompagner un mouvement autonome qui se confronte tous les jours au pouvoir avec une pratique dont la force principale et le moteur est le peuple lui-même.

Sont en train de se former des collectifs de solidarité internationale avec le peuple d’Oaxaca ou des assemblées de soutien, ce qui veut dire qu’on est en train de passer de la mobilisation à mise en place d’un réseau organisé qui accompagne politiquement le mouvement. Et justement, c’est dans ce processus qu’ont surgi le débat et les questions sur la constitution et la stratégie de l’APPO, étant donné que s’il est correct politiquement de manifester contre l’impunité et l’oppression en tout lieu du monde, s’impliquer dans une expérience politique nouvelle est déjà un second pas.

A Salamanque, en Espagne, par exemple, s’est constituée l’Assemblée de Solidarité avec Oaxaca, au moment même où commence un débat sur le caractère politique de l’APPO, pour qu’il réunisse "toutes les personnes, peuples, collectifs et mouvements qui luttent avec les peuples d’Oaxaca". Sans chercher à délégitimer un mouvement qui fait son chemin dans les rues, sur les barricades et dans les assemblées, au milieu de la répression quotidienne, il est clair qu’on a besoin de l’échange d’idées. Le sentier évidemment ardu, qui ne fait que commencer, a des racines profondes et véritables.

La Jornada

De 1994 à 1996, Gloria Muñoz Ramirez travaille pour le journal mexicain Punto, l’agence de presse allemande DPA, le journal nord-américain La Opinion et pour le journal mexicain La Jornada. Au matin du 9 février 1995, elle réalise, avec Hermann Bellinghausen, sa première interview du sous-commandant insurgé Marcos pour La Jornada. En 1997, elle quitte son travail, sa famille, ses amis et part vivre dans les communautés rebelles de la Selva Lacandona au Chiapas. Elle tient une chronique dans le quotidien La Jornada, Ceux d’en bas (Los de abajo). Son livre EZLN 20 et 10, le Feu et la Parole est paru en français en 2004.

Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant et révisé par Fausto Giudice, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, à condition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources.

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