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Après la chute de Romano Prodi, l’Italie hésite à retourner aux urnes

Publie le vendredi 25 janvier 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

de Jean-Jacques Bozonnet

Du mousseux a giclé sur le velours rouge des bancs de la droite au Sénat. Dans les rues du centre de Rome, des Klaxons ont retenti en signe de victoire. L’opposition a bruyamment célébré la démission du chef du gouvernement italien, Romano Prodi, jeudi 24 janvier, peu après que les sénateurs lui ont refusé la confiance par 161 voix contre 156. Leader de la fragile coalition de centre-gauche qui avait gagné in extremis les élections législatives en avril 2006, "Il Professore" est tombé, victime de manœuvres politiciennes au sein de sa propre majorité.

Ce sont quelques sénateurs centristes qui ont mis fin à son expérience de gouvernement, après vingt mois d’une cohabitation houleuse entre les 12 partis de l’Unione : deux élus (sur trois) du parti catholique de Clemente Mastella, son ancien ministre de la justice, démissionnaire après avoir été inquiété dans une affaire de corruption, auxquels se sont ajoutés deux libéraux, dont l’ancien premier ministre Lamberto Dini.

Dix ans après avoir été contraint à une première démission, en 1998, lors d’une crise déclenchée, cette fois, par les communistes, M. Prodi, 68 ans, a fait savoir qu’il ne briguerait plus la présidence du Conseil.

Devant les deux chambres, il avait tenté de convaincre les parlementaires que "l’Italie a besoin d’une continuité d’action". Les députés l’ont entendu, mercredi 23 janvier, en lui accordant une large confiance (326 voix contre 275). Il a ensuite rejeté l’invite du président de la République, Giorgio Napolitano, et de ses amis du Parti démocrate, de démissionner avant d’être désavoué au Sénat. "On ne fuit pas devant le jugement de ceux qui représentent le peuple", a-t-il déclaré avant le vote, refusant ainsi de sortir par une petite porte.

GOUVERNEMENT DE TRANSITION

Dès vendredi 25 janvier, le chef de l’Etat devait engager des consultations auprès de toutes les composantes politiques pour décider s’il convoque des élections anticipées ou s’il demande à une personnalité de former un gouvernement "institutionnel". M. Napolitano n’est pas favorable à un retour aux urnes avec la loi électorale actuelle qui, estime-t-il, ne permet pas de dégager des majorités suffisantes.

Réformer le mode de scrutin avant l’été serait la mission prioritaire d’un gouvernement de transition. Les favoris sont deux dirigeants du centre-gauche, le président actuel du Sénat, Franco Marini, et le ministre de l’intérieur, ancien chef de gouvernement, Giuliano Amato. Mais les noms de deux techniciens sont aussi évoqués : l’économiste Mario Monti, ancien commissaire européen, et le gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi.

Les principaux leaders de droite, Silvio Berlusconi, Gianfranco Fini et Umberto Bossi, réclament des élections immédiates, forts de sondages qui leur donnent dix à douze points d’avance. Leur allié centriste, Pierferdinando Casini (UDC), plaide en revanche pour une modification préalable de la loi électorale. La gauche est également partagée entre les petits partis, favorables au recours aux urnes, et le Parti démocrate de Walter Veltroni, formation récente qui craint une déroute en raison de l’impopularité du gouvernement sortant.

L’échec politique de M. Prodi, personnage austère souvent brocardé pour son manque de charisme, marque aussi la fin d’un style, fait d’opiniâtreté, de sérénité et de probité. Ironie du calendrier, la région Sicile a réitéré, jeudi, sa confiance à son président, Toto Cuffaro (centre-droit), toujours en place après avoir été condamné, le 18 janvier, à cinq ans de prison pour collusion avec des chefs mafieux.

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Messages

  • Que le PS français médite sur la question. A vouloir s’encoquiner avec Bayrou, il y a des chances pour qu’il arrive la même chose. C’est un échec partout en Europe !

    Est-il possible de gouverner à droite et à gauche en même temps ? Prodi a fini par comprendre un peu tard que ce n’est pas possible !

    Si Berlusconi, qui rêve encore de pouvoir, revenait, je plainds la gauche qui va morfler comme c’est pas possible et ça se règlera dans la rue de façon violente, c’est à craindre, surtout comment ça c’est terminé au sénat, à coups d’insultes et de coups !
    Je croyais que ce genre d’expression n’existait qu’en Corée du Sud !

  • S’allier avec le social-liberalisme pour éviter la droite autoritaire :

    Finalement on a l’un et l’autre, en ayant blessé rudement toute alternative...

    Et finalement la saloperie du social-libéralisme c’est d’essayer de s’acoquiner avec Berlusconi pour en finir avec les morceaux de proportionnelle afin de liquider ainsi toutes les alternatives possibles.

    L’indépendance des courants de gauche face tant aux courants capitalistes, qu’aux solutions capitalistes, qu’à l’incrustation exclusive dans l’état comme seule perspective est un enjeu décisif pour conserver l’espoir d’une société de liberté.

    Prodi ce n’est pas un échec de la gauche , mais une variante de l’échec du capitalisme.
    Les terribles illusions que ce genre d’alliance folle a créé ont entrainé désespérance et affaiblissement parmi les travailleurs faute d’un parti qui aurait pu développer une bataille permanente d’indépendance et de défense des travailleurs.

    Se salir les mains a été là encore .......se salir les mains.

    Je suis très déçu de PRC. Ils sont restés trop longtemps entre chou et chèvre, loup et chèvre , pour finalement ne laisser que le loup dans la bergerie. C’est encore une forte leçon de choses .