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Après la gaffe, le Professeur fait marche arrière. Interview avec Die Zeit. Le Professeur dément le "folklore" à propos de Prc et Pdci : "Dans mon gouvernement, tous les partis sont à plein titre". Sur les coupures à Mediaset, il est dur : "Berlusconi est assez riche pour pouvoir diversifier"
de Matteo Bartocci Rome Traduit de l’italien par karl&rosa
Refondation et les Communistes italiens ? "Des partis folkloriques et assez inoffensifs par rapport à votre Lafontaine". Entre précisions, démentis et contre démentis voila forcément la gaffe qui résume la première interview de Romano Prodi avec l’hebdomadaire allemand Die Zeit, dans les kiosques aujourd’hui en Italie. Une boutade qui embête évidemment les deux partis communistes italiens, mais qui est entièrement démentie par palais Chigi après une après-midi de déclarations cacophoniques de tous contre tous.
Mais, alors que les chefs des groupes de Refondation à la Chambre et au Sénat demandent la première "vérification politique" du nouveau gouvernement Prodi, les "pompiers" sont déjà au travail. Parce que ce n’est pas tellement le "folklore" qui gâche les rapports entre les alliés, mais plutôt le poids entre l’Olivier et la gauche "radicale" au début de la législature. Pour le Pdci, Oliviero Diliberto reste à l’écart de la polémique, alors que c’est Marco Rizzo qui demande au Professeur d’abord de démentir et ensuite de reconnaître le communisme comme "partie fondamentale de la politique italienne".
Entre-temps, Refondation aussi affûte ses lames. C’est d’abord Franco Giordano qui met en cause le premier ministre et après, dans la soirée, c’est directement le président de la Chambre, Bertinotti, qui appelle Prodi pour lui demander de changer de cap et l’inviter à ramener sur une route plus "paritaire" le gouvernail de la coalition. "Je trouve difficile de parler d’une polémique qui n’a jamais existé", minimisera Prodi à l’heure du souper, en louant "le grand travail d’équipe et l’excellent début du gouvernement dont font partie à plein titre le Pdci, Prc, et la Rose dans le Poing [radicaux et socialistes, NdT]".
Etonnées par une telle cohue, la direction de Die Zeit et la correspondante de Rome Birgit Schoenau confirment point par point l’exactitude de l’interview avec Prodi, réalisée par la journaliste et par le directeur Giovanni De Lorenzo en langue italienne mardi matin dans le bureau du premier ministre à Palais Chigi. La synthèse que La Repubblica a publié hier, explique l’hebdomadaire, est une traduction italienne de la traduction allemande de l’entretien. En tout cas, l’opération d’image (Prodi sera à Berlin le 14 juin) se résout en un sec naufrage en Italie. "Le rapport entre le gouvernement et les médias, au moins dans cette première phase, a été un échec total", admet Peppino Calderola, de l’entourage de D’Alema, alors que du côté des amis de Fassino (fâchés parce que Prodi parle à nouveau de parti unique) arrivent des gouttes de poison pur : "Peut-être pas que les ministres, mais le premier ministre aussi aurait besoin d’un peu de rodage". En somme, d’un seul coup le Professeur semble mécontenter tout le monde.
Dommage, parce que l’ancien chef de la Commission européenne, même sur un ton très familier pour ceux qui sont habitués à ses interviews en Italie, avait essayé de se présenter à la "grande Allemagne" d’égal à égal, en comparant d’abord la rapidité de la formation de son gouvernement aux très fatigantes négociations Spd-Cdu pour la "grande coalition" et en montrant ensuite que la larve de pays que les Allemands ont connue ces dernières années est révolue avec la sortie de scène de Berlusconi.
Et c’est justement au sujet des bordées contre le Cavaliere que se déchaînent Forza Italia et les "berlusconiens" de l’Alliance Nationale (Gasparri en tête).
Le jugement que le Professeur porte sur son adversaire est très dur : "Ce pays a été réduit en esclavage , mon prédécesseur pouvait faire et défaire à son aise, par une forme de gouvernement post-démocratique qui a systématiquement changé la mentalité des Italiens et leurs valeurs à travers la propagande télévisuelle". Prodi est aussi net sur le conflit d’intérêts et les normes sur l’incompatibilité : des coupures à Mediaset ? "Berlusconi est assez riche pour pouvoir diversifier ses activités". Et en expliquant son idée d’assainissement , s’il n’accepte pas l’idée d’une augmentation des taxes pour les super riches comme l’a fait l’Allemagne, il met décidément une sourdine à l’augmentation de la TVA, qui contredirait le choix de la "justice sociale".
Messages
1. > Après la gaffe, 12 juin 2006, 13:23
M. Prodi est égal à lui-même. président de la Commission Européenne, il a mis en oeuvre la très libérale et très "déconstructrice" politique dont on voit les désastres aujourd’hui partout en Europe. Il est sûr que son seul argument crédible était l’effet "repoussoir" de Berlusconi. Mainteant la baudruche va vite se dégonfler, et Prodi apparaître pour ce qu’il est un héritier de la pire démocratie-chrétienne italienne, un homme de droite soumis et servile, comme le Ciampi, au FMI, aux grand capital financier, qu’il tente maladroitement de rassurer. Le retrait des troupes italiennes d’Irak (qui ne devrait intervenir que dans un an !) va déclencher un signal négatif auprès du capitalisme bancaire anglo-saxon, et on ne voir pas comment les finances publiques d’Italie pourraient y résister si des mesures drastiques de taxations et de recouvrement effectif de l’impôt (notamment auprès des contribuables les plus riches) ne sont pas prises. Mais cette baudruche préfère poser au fier-à-bras et matamore anti-communiste ! C’est lamentable.