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Assemblée nationale du 24 octobre (extrait)

Publie le samedi 25 octobre 2003 par Open-Publishing

M. le Ministre - Nous voulons pour notre part soutenir la création,
mais aussi la dignité du travail. Il est monstrueux qu’on ait, dans ce
débat sur l’intermittence, fini par considérer que la vocation des
professionnels du spectacle était de devenir de perpétuels chômeurs.


Un extrait du compte-rendu de la séance de ce matin à l’assemblée
nationale. La problème des intermittents et plusieurs fois soulevé.
Rendez vous sur le site pour en savoir plus.

http://www.assemblee-nat.fr/12/cra/2003-2004/034.asp#P41_493

(...)

QUESTIONS

M. Patrick Bloche - Le conflit des intermittents constitue une crise
culturelle sans précédent - et cette crise n’est pas derrière nous :
nous la vivons encore ! A vous écouter, Monsieur le ministre, la faute
en serait à vos prédécesseurs, aux partenaires sociaux, à M. Fillon...
N’êtes-vous pas le ministre de la culture de la France ?

Et que vaut votre prétention d’avoir sauvé les annexes 8 et 10 quand un
tiers de ceux qui en bénéficiaient cesseront d’en tirer le moindre
avantage le 1er janvier prochain ? Nous n’ignorons pas que le régime
des intermittents est un régime déficitaire, mais qui ne voit que
l’allégement consenti à l’UNEDIC sera largement annulé du fait que les
intermittents se retrouveront au RMI ?

Dans cette période transitoire où le mauvais accord du 26 juin ne
s’applique pas encore, que ne prenez-vous des initiatives ? Certes,
vous aviez prévu des assises du spectacle vivant, mais elles ne se
tiendront plus dans chaque région, se limitant à une manifestation
nationale. Surtout, c’est maintenant qu’il faut répondre au malaise des
artistes et techniciens !

Pour préparer ce débat, le groupe socialiste a reçu les syndicats et la
coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France. La CGT
spectacle nous a annoncé ses propres assises et la coordination,
démontrant qu’elle ne s’en tenait pas à la protestation, nous a remis
des propositions que vous feriez bien de faire expertiser - sans vous
remettre pour cela à l’UNEDIC -, car elles paraissent de nature à
réduire le déficit dans un esprit de mutualisation, sans préjudice pour
l’égalité.

M. Michel Françaix - Très bien !

M. le Ministre - Loin de moi l’idée de prétendre que le déficit des
annexes 8 et 10 serait évitable ! Il est structurel, il est
consubstantiel à l’idée même de solidarité lorsque celle-ci s’applique
à des professionnels travaillant de façon discontinue et pour des
employeurs multiples, et donc condamnés à recourir à l’indemnisation, à
un moment ou à un autre de leur carrière.

Sur un sujet aussi grave, il faut éviter les propos démagogiques.
Hélas, le problème ne date pas de l’an dernier : cela fait plus de dix
ans que les partenaires sociaux sont dans l’impasse. Il faut donc
rompre avec l’inaction du gouvernement précédent. Nous prenons des
initiatives, le dialogue avec les intéressés est permanent ; j’ai sans
doute rencontré la CGT spectacles plus souvent que vous. Mais il ne
suffit pas de dialoguer pour tomber d’accord. Le débat national animé
par M. Latarjet m’amène néanmoins à constater que les points de vue
sont beaucoup plus divers et nuancés que ce qu’une polyclinique
superficielle pourrait laisser croire.

Il faut aussi rompre avec une situation totalement factice. Qu’a-t-on
fait au cours des précédentes assises pour, par exemple, imposer que
les services de répétition soient payés ? S’ils ne le sont pas, comment
les professionnels pourraient-ils acquérir des droits à indemnisation ?
On a également consenti à ce que les spectacles systématiquement vendus
en dessous du simple prix du plateau ! Comment dans ces conditions
parvenir à payer les comédiens et les techniciens ?

M. Michel Françaix - Augmentez le budget de 30 %, et le problème sera
réglé !

M. le Ministre - Non, ce n’est pas une bonne façon, de voir les
choses ! Il appartient à chacun dans le cadre des moyens qui lui sont
alloués, de prendre des dispositions appropriées. C’est ce que font
certains directeurs d’établissement. A Bourges, où je me suis rendu
cette semaine, j’ai admiré le directeur de la maison de la culture
d’avoir décidé de faire une production de moins dans l’année, de façon
à payer convenablement les artistes et les techniciens.

M. Michel Françaix - Le spectateurs sont perdants !

M. le Ministre - Nos concitoyens savent bien que chacun doit faire des
arbitrages en fonction des moyens dont il dispose. Votre philosophie
est celle du non-choix !

M. Michel Françaix - Notre choix, c’est la culture !

M. le Ministre - Nous voulons pour notre part soutenir la création,
mais aussi la dignité du travail. Il est monstrueux qu’on ait, dans ce
débat sur l’intermittence, fini par considérer que la vocation des
professionnels du spectacle était de devenir de perpétuels chômeurs.

M. Patrick Bloche - Quel discours populiste ! Nous attendions mieux de
vous !

M. le Ministre - Je préfère que nous travaillions au développement du
travail artistique. Quel que soit le dépit que cela vous inspire, nous
aboutirons, et les professionnels nous en seront reconnaissants
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).

M. Patrick Bloche - Pour vous dire merci, encore faudrait-il qu’ils
puissent vous rencontrer