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Autour de Jacques Rancière. « déconstruire la logique inégalitaire »

Publie le jeudi 8 octobre 2009 par Open-Publishing

Autour de Jacques Rancière.
« déconstruire la logique inégalitaire »

Entretien avec Jacques Rancière qui revient sur la rupture avec Althusser, Mai 68, la création de la revue Les Révoltes Logiques le travail sur la parole ouvrière et la question de l’égalité.

De novembre 2008 à juillet 2009, La Parole Errante (Montreuil - 93) organisait une exposition autour de Mai 68. L’exposition "Comme un papier tue-mouches dans une maison de vacances fermée..." se voulait une circulation dans les écrits de Mai 68.

D’abord les tracts du 22 Mars puis le journal Action, les journaux de ceux qui voulaient fonder un parti, La Cause du peuple, Rouge et enfin les journaux de ceux qui suivaient le mouvement comme Tout !, les Cahiers de Mai, Le Torchon brûle…

Dans le cadre de cet évènement, une série d’interviews ont été réalisés. Dont celui-ci avec Jacques Rancière où il revient sur cette époque, la rupture avec Althusser, Mai 68, la création de la revue Les Révoltes Logiques, le travail sur la parole ouvrière et la question de l’égalité.

Rappelons que, le monde étant parfois petit, cette expo et les entretiens ont été conçus et réalisés en grande partie par Stephane Gatti, père de Joachim qui a perdu un œil cet été suite à un tir de flash ball par un policier lors d’une manifestation à Montreuil en juillet dernier

Entretien avec Jacques Rancière

““...déconstruire la logique inégalitaire...””

Dans l’ébullition de Vincennes, le philosophe Jacques Rancière, coauteur de Lire le Capital, commence à réévaluer la pensée d’Althusser. Les principes de la science marxiste professés par le maître de Normale sup ne rendent pas compte de mai 68, de ses bouleversements réels. L’étonnement, l’écart entre la réalité de la révolte et ce qui devrait en être la théorie ouvrent alors un projet, on pourrait dire un « établissement » théorique : reconstruire la généalogie du rapport entre pensée ouvrière et marxisme, en quête des manques de ce dernier. Mais Jacques Rancière découvre que la « pensée ouvrière », le « mouvement ouvrier » en tant que tels n’existent pas ; seulement l’émancipation ouvrière comme processus. L’histoire de cette émancipation deviendra La Nuit des prolétaires (81), recherche-récit qui, en se ressaisissant de ce passé fragmentaire, ressaisit aussi, en creux, ce qui s’en rejoue en 68 – ouvrant une possibilité de raconter mai. Plus tard, Le Maître ignorant (87) dégagera la transmission du savoir du déterminisme en faisant de l’égalité un a priori sur lequel bâtir et non un but à atteindre. S’en remettre ainsi, comme le pédagogue Joseph Jacotot enseignant ce qu’il ignore, à la créativité de chacun, c’est sortir des légitimations de la logique inégalitaire, y compris de celles qui la perpétuent sous couvert de démystifier l’ordre dominant. C’est aussi un prolongement de l’âme libertaire de 68, en particulier de celle qui s’est exprimée à Vincennes.

“Il s’agit de déconstruire la logique inégalitaire à travers toutes les légitimations progressistes, révolutionnaires, démystificatrices qu’elle se donne”

L’entretien complet sur http://oclibertaire.free.fr/