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Aux Etats-Unis, Microsoft réussit à breveter l’"invention" du clic

Publie le samedi 17 juillet 2004 par Open-Publishing

de Stéphane Foucart

Cliquer sur une icône ou un bouton pour ouvrir un document ou lancer un
programme : l’idée est si excellente qu’elle gouverne tous les systèmes
informatiques depuis de nombreuses années. Excellente, elle n’en était pas
moins en souffrance d’inventeur, puisque personne n’avait revendiqué ou
obtenu, jusqu’à présent, la paternité de cette "invention".

C’est maintenant chose faite. Le 27 avryl, l’US Patent and Trademark Office
(Uspto) a en effet accordé au géant Microsoft, sous le numéro 6 727 830, un
brevet protégeant le clic et toutes ses déclinaisons possibles, dès lors que
celles-ci concernent un programme développé pour un ordinateur de poche aux
"capacités limitées", c’est-à-dire un appareil du type assistant personnel
numérique (PDA).

Aux Etats-Unis, la firme de Bill Gates est par conséquent fondée à demander
une rétribution à tous ses concurrents qui développent des systèmes
permettant "l’ouverture d’applications différentes selon la durée de temps
durant laquelle un bouton est pressé". Le brevet obtenu par Microsoft couvre
ainsi le simple clic, mais également le clic long - caractérisé par une
unique pression d’"au moins une seconde" sur le bouton.

Quant au double clic, bien connu de tous les utilisateurs d’ordinateurs
individuels, il est également protégé. "Une autre fonction peut encore être
lancée si le bouton est pressé plusieurs fois en l’espace d’un court
instant", précise le résumé du brevet.

Le double clic, mais également le triple, le quadruple voire le quintuple
clic ! Ils ne pourront être à l’avenir utilisés sans l’aval de l’entreprise
de Redmond, une fois de plus maître du jeu. Interrogée par le New Scientist,
la porte-parole de l’Uspto a déclaré que le brevet serait réexaminé si
quiconque apportait la preuve d’une antériorité de cette "méthode
intellectuelle" dont Microsoft revendique la paternité.

Pour l’heure, de tels brevets - qui protègent la mise en ouvre d’idées et
non des réalisations techniques - ne sont pas reconnus dans les pays de
l’Union européenne, comme c’est le cas aux Etats-Unis et au Japon.

Fin septembre 2003, le Parlement européen s’était déclaré opposé à
l’extension du champ de la brevetabilité aux "inventions mises en ouvre par
ordinateur". Cette question a cependant fait l’objet d’un accord, mardi 18
mai, entre les ministres européens de la compétitivité. Selon ses
détracteurs, le texte adopté ouvre la voie au dépôt, en Europe, de brevets
aussi "pertinents" que celui obtenu par Microsoft pour le clic.

Le Monde