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Aux Etats-Unis, les pauvres sont désormais secourus par le Venezuela Hugo Chavez contre le Roi des Vacances

Publie le samedi 3 décembre 2005 par Open-Publishing

de MIKE WHITNEY

Hugo Chavez semble prendre un immense plaisir à tordre le nez de George Bush. À plusieurs reprises, il a dit que George Bush était un "terroriste" et a dénigré les Etats-Unis en disant que c’est un "Etat terroriste". Rien que la semaine dernière, Chavez a lancé une de ses attaques cinglantes en disant : "Le danger le plus sérieux de la planète est le gouvernement des Etats-Unis ... Le peuple américain est gouverné par un tueur, un meurtrier génocide et un fou".

Bien dit !

Pour tous les gens de gauche, les salves enflammées de Chavez ont été reçues comme une véritable bouffée d’air frais après l’obséquiosité pusillanime des parlementaires Démocrates et le roucoulement de félicitations des lèches de la presse. Jusqu’à présent, le président vénézuélien a été le seul dirigeant du monde à faire remarquer l’évidence, selon laquelle Bush et son groupe de menteurs invétérés, de profiteurs en tous genres et de criminels de guerre ravagent la planète et mettent en danger des millions de personnes.

Cela ne veut pas dire que Chavez déteste les Américains ; loin s’en faut. À la suite de la dévastation causée par l’ouragan Katrina, Chavez a réagi plus vite que la FEMA, offrant d’envoyer du carburant bon marché, de l’aide humanitaire et des secouristes vers la zone touchée par le désastre. Il a proposé de fournir une aide de 1 million de dollars de pétrole gratuit par l’intermédiaire de l’entreprise Petroleos de Venezuela et de sa filiale CITGO.

Selon le leader des droits civiques, Jesse Jackson, Chavez a aussi offert deux unités hospitalières mobiles, 120 spécialistes du secours et de l’aide d’urgence, et 50 tonnes de nourriture ; beaucoup plus que ce que "Brownie" était capable d’apporter.

"Nous avons de l’eau potable, de la nourriture et nous pouvons fournir du carburant", a déclaré Chavez aux journalistes.

Rien de tout cela, bien sûr, n’a été rapporté dans les médias américains qui vilipendent constamment Chavez en le taxant de "gauchiste radical".

Pff !

Chavez, le socialiste autoproclamé, est considéré comme une sérieuse menace à l’expansion des marchés de capitaux dans l’hémisphère sud et donc, mûr pour un changement de régime. Cela explique le langage hostile que les médias utilisent pour décrire le bouillonnant et charismatique Chavez.

Chavez a réussi à utiliser Katrina pour mitrailler l’inhumanité et le cynisme de l’administration Bush en disant : "Avant cet ouragan, ils savaient que Katrina arrivait et ils ont refusé d’évacuer les gens. À Cuba, lorsqu’ils savent qu’un ouragan arrive, les poulets, les poules et les gens sont tous évacués. Un ouragan a récemment détruit de nombreuses villes à Cuba, mais il n’y a pas eu un seul mort parce qu’il n’y avait plus personne. Le gouvernement [cubain] a préparé son peuple et les a emmenés dans des abris, tandis qu’ici ils ont laissé les pauvres sans protection, surtout les Noirs. C’est horrible !"

"Le gouvernement [américain] n’avait aucun plan d’évacuation. La seule superpuissance mondiale est tellement impliquée en Irak ... mais a laissé son propre peuple à la dérive", a déclaré Chavez en direct à la télé. "Et ce cow-boy, le roi des vacances, est resté dans son ranch et n’a rien dit d’autre que ’Vous devez fuir’. C’est incroyable".

"Le roi des vacances" ?

Aïe !

Chavez a aussi lancé des piques lors du récent sommet économique de Mar Del Plata, en Argentine, où il fut le centre d’attention. Une foule de 35.000 personnes a célébré son arrivée et des manifestants ont empli le stade local de foot en clamant : "C’est Bush le terroriste. C’est Bush le fasciste".

Chavez a raillé Bush pendant 2 heures, dénonçant sa "guerre immorale" et sa "politique économique néolibérale" ruineuse. "Les Etats-Unis ont bombardé des villes entières, utilisé des armes chimiques et du napalm, tué des femmes, des enfants et des milliers de soldats. C’est du terrorisme", a dit Chavez. "Le gouvernement des Etats-Unis constitue une menace contre l’humanité".

Le sommet de Mar Del Plata s’est affiché comme un "affrontement" entre Bush et Chavez et beaucoup de participants attendaient nerveusement la confrontation. Chavez a même blagué avec les journalistes en disant qu’il "s’approcherait de Bush par derrière sans faire de bruit et lui ferait peur".

Inutile. Bush, l’habituel vantard, s’est exceptionnellement contenu durant les activités et s’en est allé la queue basse retrouver la sécurité d’Air Force One dès qu’il y a eu une ouverture. Le paon de Crawford n’avait pas l’intention de se retrouver nez à nez avec son contradicteur vénézuélien.

Bush préfère limiter ses étalages de bravades aux apparitions télévisuelles sur le pont d’envol de porte-avions américains, sanglé dans une combinaison de guerrier et entouré d’une phalange de gardes du corps.

Houa-hou !

Chavez a résumé le départ furtif de Bush en disant : "Le véritable raté, ici, a été M. Bush. Il est parti vaincu et il restera vaincu. Ce siècle sera celui du peuple d’Amérique Latine".

La semaine dernière, Chavez a asséné un autre coup à l’équipe de Bush en ordonnant la fourniture de "47 millions de litres de fioul domestique à prix cassé aux organisations caritatives locales et à 45.000 familles pauvres du Massachusetts pour le mois prochain". (Boston Globe)

Cet accord fournira 35 millions de litres de fioul aux institutions qui s’occupent des pauvres, comme les centres pour SDF. Les familles pourront acheter du fioul domestique à prix cassé, leur évitant ainsi de mourir de froid pendant l’hiver glacial de la Nouvelle Angleterre. Ce plan est un nouveau coup porté au gouvernement et au système délabré du capitalisme prédateur.

Le parlementaire du Massachusetts, William Delahunt, a expliqué qu’il y avait un "besoin désespéré" de fioul domestique à un prix abordable que ne peuvent pas fournir ni le gouvernement de cet état, ni le gouvernement fédéral.

Pas étonnant ! Il y a eu une augmentation de 13% du nombre d’Américains vivant sous le seuil de pauvreté depuis que Bush est entré à la Maison-Blanche, et les fissures dans l’édifice du "marché libre" commencent à apparaître un peu partout.

Bush a renforcé le système féodal de redistribution vers le haut, créant des injustices structurelles encore plus grandes qui nuisent à ceux qui sont les moins capables de se protéger tout seuls. La générosité de Chavez donne un éclairage sur le système vorace qui se replie de plus en plus sur lui-même et dévaste les pauvres. Washington continue de siphonner la richesse de la nation au profit d’un petit noyau d’élites vénales tandis que les autres se débattent juste pour avoir chaud.

Le don de Chavez sera distribué par des officiels du Citizens Energy of Boston et du CITGO, une filiale de Petroleos de Venezuela, basée à Houston. Cela devrait aider à minimiser la souffrance des travailleurs qui font face à une augmentation de 50% du prix du fioul.

Les implications politiques du geste de Chavez sont énormes. C’est une gifle pour George Bush, qui a essayé de renverser Chavez il y a 4 ans dans une tentative avortée de coup d’état. Cela démontre aussi que la "survie" de la politique néolibérale "la plus appropriée" de Bush se heurte à des temps difficiles. Chavez a enfilé le manteau de Franklin D. Roosevelt en redistribuant la prodigieuse richesse pétrolière du Venezuela aux gens qui en ont le plus besoin, tandis que Bush-le-borné est devenu le Herbert Hoover des temps modernes, pavant le chemin de l’Armageddon économique en transférant 1.300 milliards de dollars de richesse, de la classe moyenne vers ses amis qui se trouvent tout en haut de la chaîne alimentaire fiscale.

Rien que cette semaine, Bush a encore supprimé 700 millions de dollars du programme alimentaire laissant 235.000 Américains dans le besoin sans assez à manger. Ces mêmes personnes doivent affronter l’hiver glacial de Bush à moins qu’ils n’obtiennent de l’aide de Chavez.

Qui aurait pu imaginer, il y seulement cinq ans, que les citoyens américains obtiendraient l’aide charitable du Venezuela ? Vive Chavez !

Mike Whitney habite dans l’Etat de Washington. Il peut être contacté ICI

Traduit de l’anglais par Jean-François Goulon

http://questionscritiques.free.fr/edito/CP/Mike_Whitney_211105.htm