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Avec l’argent des contribuables, les banques jouent en Bourse... et les Bourses montent. Jusqu’à quand ?

Publie le jeudi 4 juin 2009 par Open-Publishing
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Le secteur bancaire maintient les Bourses à la hausse avec l’argent des contribuables.

** Les investisseurs ont maintenant compris qu’un grand bol de punch était proposé en même temps que la paie mensuelle remise à chaque début de mois à Wall Street.

Dans ces conditions — très particulières pour une période de récession —, aucun fait troublant, aucun discours critique ne saurait avoir la moindre conséquence négative sur les indices américains, asiatiques ou européens... tout du moins pendant les 48 premières heures du nouveau mois.

Pour ceux qui s’émerveillent de ces bouffées d’euphorie semblant surgir de nulle part, il nous apparaît important de souligner qu’il reste des dizaines de milliards de dollars d’augmentation de capital à placer auprès d’investisseurs "consentants" — ou qui sont structurellement acheteurs d’émissions obligataires assorties d’un rendement attractif.

Comme par hasard, au lendemain même du franchissement de résistances datant de début novembre 2008 ou de mi-octobre 2008, voici qu’American Express, JP Morgan ou Morgan Stanley annoncent une nouvelle rafale d’offres de titres. Ils sont en outre assortis d’une décote qui ne peut que séduire les retardataires — c’est-à-dire tout ceux qui pensent avoir manqué le train de la hausse façon TGV.

Tant que les grandes banques cherchent à accumuler le maximum de plus-values boursières pour rembourser le TARP, les indices boursiers semblent pouvoir être maintenus en lévitation électromagnétique. Une lévitation qui durera jusqu’à ce que tout le monde ait compris le truc et réalise que le magicien est un charlatan qui multiplie les tours de passe-passe avec l’argent du contribuable.

** Sitôt revenu de leur sidération, les opérateurs ne devraient pas maintenir longtemps le Dow Jones au dessus des 8 700 points, le DAX 30 au contact des 5 150 points, ni l’Euro-Stoxx 50 à proximité des 2 550 points. Mais les brasseurs d’argent de Wall Street assurent qu’ils ne lâcheront pas l’affaire tant que le S&P 500 n’aura pas rejoint le seuil psychologique des 1 000 points.

A près de 950 points hier (contre à peine plus de 900 points fin mai), le S&P semble en mesure d’aller tester l’objectif sans devoir consentir un effort considérable. C’est d’autant plus vrai que beaucoup de vendeurs se sont délibérément mis sur la touche avec pour seul mot d’ordre de serrer les stops au cas où la tendance haussière enregistrerait une défaillance.

Mais si personne ne profite des cours actuels pour mettre ses gains à l’abri, le rally boursier peut en effet se perpétuer de façon quasi mécanique en totale déconnexion par rapport aux chiffres concernant la consommation, les défauts de paiements ou la hausse des taux longs.

** S’il paraît bien ici ou là quelques statistiques "encourageantes", c’est l’occasion rêvée pour tirer les cours sans éveiller de soupçons — ni soulever d’objection parmi les professionnels de la gestion d’actifs. Personne n’est fâché de voir Wall Street sur-réagir positivement, même à partir d’indices de reprise économique particulièrement fragiles.

Prenons par exemple l’enquête mensuelle réalisée par la NAR, la National Association of Realtors. Son baromètre des réservations de biens immobiliers est ressorti en forte hausse puisque les transactions pourraient avoir progressé de 6,7 % en avril après une hausse de 3,2 % en mars. Le bémol provient de la stagnation des ventes en Californie et en Floride, les deux états les plus touchés par la crise. En revanche, un phénoménal rebond de 32,6 % a été observé dans toute la région s’étendant de Washington aux Grands Lacs en passant par toute la côte est, Philadelphie et New York.

Les ménages américains auraient profité — nous explique-t-on chez les professionnels du secteur immobilier — de taux hypothécaires très bas en début d’année. C’est un fait établi que nous ne contestons pas... mais il en est un autre qui est totalement passé sous silence. Les conditions d’emprunts se dégradaient en effet fortement fin mai alors que le rendement des T-Bonds de référence à 30 ans remontait au-delà des 4,5 %.

** Le facteur chômage nous a également été présenté le mois dernier comme rassurant puisque le rythme de l’hémorragie d’emplois tendait à se réduire. Forcément, quand 48,5 % des salariés du secteur bancaire, de l’assurance et du crédit ont perdu leur emploi sur la côte est en 18 mois — ce sont là des chiffres quasi officiels, fondés sur les déclarations de revenus collectées par la ville de New York —, le nombre de personnes susceptibles de perdre leur job diminue proportionnellement.

Le cumul mensuel des licenciements devrait donc continuer de diminuer — hors "effet restructuration" chez Chrysler et General Motors. Cependant, le taux de chômage va continuer d’augmenter pour dépasser rapidement les 10 %.

Il risque de progresser d’autant plus vite que nombre de futurs retraités vont différer la cessation de leur activité pour éviter de se voir servir une pension inférieure de 30 % à 40 % à ce qu’ils espéraient percevoir lorsque Wall Street culminait en octobre 2007.

Pour ceux qui devront déposer leur badge et signer leur solde de tout compte de fin de carrière, et à moins de retrouver un petit boulot, les fins de mois s’annoncent difficiles. Le nombre de retraités pauvres (ou très pauvres) va exploser, impactant lourdement la consommation. Il suffit d’observer le renflement de la pyramide des âges autour de 1969, sommet de l’euphorie économique américaine, avec le premier homme sur la Lune, le mouvement hippie, etc.

Cet effet induit — et inéluctable — de la crise financière, sur fond de saut générationnel, que traversent les Etats-Unis ne figure pas dans beaucoup de modèles de prévisions économiques, ou sinon de façon très furtive. C’est une perspective trop angoissante que la remontée des cours de Bourse permet pour l’instant d’occulter.

** Aucun modèle non plus ne permet de justifier le comportement Wall Street qui peut s’envoler de 2,6 % le lundi et ne plus rien faire le mardi, et ce malgré un contexte macro-économique identique à celui de la veille. Les volumes sont retombés très en dessous de la moyenne mensuelle du mois de mai. Ce phénomène de stop & go est sans précédent dans les précédentes phases de rebond de fin 2001 et fin 2002.

Le S&P 500 aligne néanmoins une quatrième séance consécutive de hausse ; le cumul des gains dépasse les 6 % depuis mercredi dernier. Le Dow Jones, qui a pris 0,2 % au final, a effectué symboliquement deux brèves incursions au-dessus des 8 776 points — soit le cours au 31 décembre 2008 — en tout début, puis peu avant à la fin de séance. Cependant, l’indice n’a pu se maintenir du fait de la lourdeur de quelques poids lourds du secteur bancaire — ainsi que d’IBM et Intel.

** De son côté, le dollar a poursuivi sa décrue sous les 1,432 euro et a inscrit un nouveau plancher annuel tandis que le pétrole affiche symétriquement une progression de 0,8% et un record annuel de 68,6 $.

Pas de quoi susciter l’émoi sur les places européennes qui ont clôturé à l’équilibre, comme s’il ne s’était rien passé la veille et comme si rien de spécial n’était censé se produire aujourd’hui. Mais il faudra cependant faire attention à la publication de l’enquête mensuelle d’ADP sur les licenciements dans le secteur privé au mois de mai. La restructuration du secteur automobile va commencer à se faire durement ressentir, si ce n’est déjà le cas !

Philippe Béchade

http://www.la-chronique-agora.com/articles/20090603-1860.html

Messages

  • INFOS non mediatisées :

    La Banque centrale européenne fait face à la 1ère grève de son histoire

    FRANCFORT (Allemagne) - Environ 300 employés de la Banque centrale européenne (BCE) ont manifesté mercredi dans les rues de Francfort (ouest de l’Allemagne) pour protester contre le "manque de démocratie" de la direction envers son personnel, a constaté un journaliste de l’AFP.

    Les manifestants se sont rassemblés à partir de 14H00 GMT au pied de l’Euro-Tower, le siège de la Banque centrale, et du symbole de l’euro qui orne la place, munis de parapluies bleus, de drapeaux européens et de sifflets.

    Ils devaient ensuite défiler pendant environ une heure, au rythme des tambours.

    "Nous demandons la mise en place d’équilibres au sein de la BCE", a déclaré à l’AFP Adrian Petty, président d’Ipso, l’unique syndicat des salariés de la BCE qui est à l’origine de la grève, la première en plus de 10 ans d’existence de la Banque centrale.

    Le syndicat représente 38% des salariés permanents de la BCE, selon lui.

    "Pour l’instant la direction est dans une logique +Je consulte et j’ignore+", a-t-il dénoncé. "Ce n’est pas digne d’une institution européenne", a estimé un manifestant, sous convert d’anonymat.

    La BCE a affirmé mercredi que la grève n’avait pas eu d’impact sur son travail. L’institution "a pris les mesures nécessaires et s’est assurée que les fonctions de la BCE soient assumées sans interruption pendant la grève", selon un bref communiqué. Selon elle, environ 200 de ses 1.600 salariés ont participé au mouvement entre 16H00 et 17H30 GMT.

    Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale doit se réunir jeudi. Il devrait maintenir son taux inchangé à 1% et détailler des mesures non conventionnelles pour soutenir l’économie.

    La BCE dispose d’un statut particulier : en plus de l’indépendance de sa politique monétaire, le Traité de Maastricht lui a conféré la compétence de décider seule du statut de son personnel. Elle est tenue de consulter les salariés pour les décisions qui les concernent, mais la négociation n’est pas obligatoire.

    Dernier conflit en date, la réforme du système des retraites des employés, entrée au vigueur au 1er juin, que le syndicat estime "injuste". Ipso prévoit que des salariés de la BCE porteront plainte individuellement contre cette réforme dans les mois à venir.

    03 juin 2009 18h35

    http://www.romandie.com/infos/News2/090603163534.xttipo1h.asp

    Berlusconi sous enquête pour utilisation abusive d’un avion d’Etat

    ROME - Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été placé sous enquête par le parquet de Rome pour avoir permis à des relations personnelles de voyager à bord d’un avion de la République italienne, a rapporté l’agence de presse Ansa mercredi soir.

    La mise sous enquête de M. Berlusconi est un "acte de procédure" après la plainte déposée par l’association de consommateurs Codacons qui a accusé M. Berlusconi d’un usage abusif des vols gouvernementaux, indique l’Ansa.

    D’après des sources judiciaires citées par l’agence, l’enquête devrait être classée rapidement.

    Cette affaire a éclaté à quelques jours des élections européennes, après la publication de photos montrant un chanteur célèbre, Mariano Apicella, son assistant, ainsi qu’une danseuse de flamenco débarquant en mai 2008 d’un avion gouvernemental en Sardaigne (ouest de l’Italie), où M. Berlusconi possède une villa.

    Peu avant l’annonce de sa mise sous enquête, M. Berlusconi a déclaré sur la première chaîne italienne Rai Uno : "Je suis totalement tranquille parce que nous avons suivi les règles" dans cette affaire.

    "Si parfois, sur ces avions, il y a eu quelques passagers en plus, cela ne coûte pas un centime puisque l’avion est déjà utilisé pour faire le trajet : c’est une question de pragmatisme", a déclaré le chef du gouvernement.

    L’une des principales figures de l’opposition, l’ex-juge anticorruption Antonio di Pietro, qui dirige le parti de l’Italie des valeurs, a accusé M. Berlusconi de "détournement de deniers publics".

    Le gouvernement avait souligné lundi que M. Berlusconi avait le droit d’offrir à des "personnes étrangères à une délégation gouvernementale" la possibilité de voyager à bord des appareils gouvernementaux.

    Les photos concernées ont été prises par Antonello Zappadu, l’auteur des centaines de clichés pris lors de fêtes privées dans la villa de Berlusconi en Sardaigne, dont la justice a ordonné la saisie récemment.

    Selon le Corriere della Sera ces photos montrent des jeunes femmes en tenue indécente, ce que le Cavaliere a nié mercredi, affirmant au contraire que ces clichés étaient "publiables".

    Cette affaire intervient alors que le chef du gouvernement est empêtré dans le "Noemigate", du nom de la jeune fille de 18 ans avec laquelle il est soupçonné d’avoir eu une relation, ce qu’il nie formellement.

    03 juin 2009 23h37

    http://www.romandie.com/infos/News2/090603213706.qh10onlz.asp