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Banlieues : une "marche des doléances" mercredi 25 octobre à Paris
Publie le mercredi 25 octobre 2006 par Open-PublishingRassemblement à partir de 14h place Denfert-Rochereau, avant un défilé à partir de 15h jusqu’aux abords de l’Assemblée.
La France des "quartiers" veut faire entendre sa voix au coeur de la capitale. Un an après les violences urbaines de l’automne 2005, un collectif appelle à une "marche" mercredi à Paris pour porter à l’Assemblée nationale, au Sénat et à l’Elysée les doléances de dizaines de milliers de citoyens, notamment des "banlieues", collectées dans des cahiers lors d’une tournée dans toute la France ces dix derniers mois.
Un rassemblement est prévu à partir de 14h place Denfert-Rochereau, avant un défilé à partir de 15h jusqu’aux abords de l’Assemblée. Trois délégations se rendront ensuite à l’Assemblée, au Sénat et à la présidence de la République pour remettre les cahiers de doléances, porteurs de quelque 20.000 messages selon la collectif AC Le Feu (Association, Collectif, Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble, Unis), à l’origine de cette marche.
"C’est une marche pacifique et nous appelons les citoyennes et les citoyens à y participer pour que ce soit le porte-voix du plus grand parti politique qui puisse exister, c’est-à-dire le peuple", explique à l’Associated Press Mohamed Mechmache, éducateur dans une association de prévention de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et co-fondateur du collectif avec Samir Mihi.
C’est de cette ville de la banlieue parisienne que les violences urbaines étaient parties, au soir du 27 octobre 2005, après le décès de deux adolescents électrocutés après s’être réfugiés dans un transformateur électrique alors qu’ils étaient poursuivis par des policiers.
"On s’est constitué pendant les événements de 2005. On a voulu se pencher sur les vraies raisons de ce qui s’est passé, et au lieu de prendre la parole à la place des autres, on a décidé de la leur donner", poursuit Samir Mihi, un éducateur sportif de 29 ans. "Pendant ces événements, les gens ont exprimé leur douleur, leur souffrance, et si on ne réagissait pas, on allait encore fermer les yeux sur des problèmes qui se posent depuis 20 ans", renchérit Mohamed Mechmache.
"On a voulu que les habitants prennent les choses en main parce qu’à part des prises de conscience des citoyens, de l’opinion, du côté du gouvernement on n’a pas eu spécialement de réaction constructive après cette révolte", déplore Samir Mihi. "Il faut arrêter de croire qu’on va régler le problème des banlieues en traitant uniquement la question de la délinquance".
Aidé d’autres associations, notamment sur un plan financier, le collectif a déposé ses statuts en décembre 2005 et ses militants ont commencé à parcourir la France à bord de deux bus. "Partout où on s’est arrêté, on ne s’est pas installé dans des salles comme pour des meetings, mais quelques chaises, une table en extérieur ont suffi pour permettre aux gens de venir et d’engager des discussions", explique Samir Mihi.
Le collectif a ainsi visité quelque 120 villes, "la France dans toute sa diversité", dit-il, donnant la parole aux habitants qui ont noté leurs préoccupations dans les cahiers.
Les problèmes de logement, d’éducation, de discrimination à l’emploi, d’exclusion et de chômage reviennent régulièrement.
Outre des "porte-voix", le collectif, aujourd’hui animé par une trentaine de personnes, a voulu inscrire son action dans une démarche citoyenne, en vue des échéances électorales de 2007, incitant les gens -en particulier les jeunes- à s’inscrire sur les listes électorales.
Le 20 décembre 2005 à Clichy-sous-Bois, le collectif a ainsi mené une opération en commun avec l’association de Joey Starr "Devoirs de mémoires", avec à la clé 1.000 inscriptions sur les listes électorales.
Mais le collectif assure qu’il restera vigilant quant à d’éventuelles tentatives de récupération politique. "Nous voulons faire de la politique avec un grand P, sans prendre parti à droite ou à gauche", souligne Mohamed Mechmache. "Si les politiques veulent nous rejoindre, ce sera en tant que citoyens et sans mettre en avant leur couleur".