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"Bergman était un grand peintre de la femme"

Publie le mardi 31 juillet 2007 par Open-Publishing
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de Boris Bastide

Le cinéaste suédois Ingmar Bergman est mort à l’âge de 89 ans, a-t-on appris lundi. Réaction de Michel Ciment, rédacteur en chef de la revue « Postif ».

Comment a-t-on découvert l’œuvre d’Ingmar Bergman ?

Ingmar Bergman a été découvert en France dans les années cinquante. Il a été l’exemple de ce que les futurs réalisateurs de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, etc.) admiraient. C’était un auteur. Il utilisait sa caméra comme un écrivain pouvait le faire avec une plume. En s’attachant à des sujets profonds et personnels. Ses films évoquaient des problèmes existentiels comme peu de cinéastes ne l’avaient entrepris jusqu’ici. C’était notamment un grand peintre de la femme. Peu de réalisateurs se sont autant approchés que lui du mystère féminin.

Pourquoi est-il considéré comme un génie du cinéma ?

Quand on a continué à découvrir son œuvre par la suite, on a admiré sa capacité de métamorphose. Bergman ce n’est pas le cinéaste d’un style, d’un genre ou d’un sujet. Il a toujours su se renouveler. Il est aussi doué pour tourner un film existentialiste (« Les fraises sauvages »), une grande saga romanesque (« Fanny et Alexandre »), un opéra (« La flûte enchantée »), un film expressionniste (« Le Septième sceau ») ou plus expérimental (« Persona »). Homme de théâtre, c’était un excellent directeur d’acteur. On a découvert plus tard que c’était aussi un très grand écrivain. « Laterna Magica » est un chef d’œuvre de la littérature autobiographique.

Quelle influence son œuvre a-t-elle aujourd’hui ?

Bergman influence toujours beaucoup les cinéastes qui veulent exprimer leurs états d’âmes, leur moi profond. En France, pour les dernières générations, ça va de Patrice Chéreau à Arnaud Desplechin. Son œuvre a laissé une trace profonde. Notamment en Europe. En même temps, il ne faut pas se voiler la face. La tendance actuelle du septième art va à l’encontre de son cinéma. Mais même aux Etats-Unis, un réalisateur comme Woody Allen le considère, plus peut-être encore que Federico Fellini, comme son maître. « Saraband » (son dernier film tourné pour la télévision suédoise) qu’il a tourné à 85 ans était encore d’une incroyable modernité.

AFP/Pressenbild ¦ Force des gros plans, importance attachée aux visages, soin accordé à la lumière par son chef-opérateur de toujours, Sven Nyqvist (décédé en 2006), utilisation des retours en arrière et fondus-enchaînés deviennent la respiration des films bergmaniens.

http://www.20minutes.fr/article/172...


MAARET KOSKINEN • Bergman, l’âme de la Suède

Maaret Koskinen est professeur de cinéma à l’université de Stockholm, auteur de plusieurs livres sur Bergman et chargée de gérer les archives privées du cinéaste.

La mort a enfin enrobé Ingmar Bergman de son grand manteau [le 30 juillet]. Cette mort qui, pour Bergman, contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, n’avait rien du fameux personnage vêtu de noir du Septième Sceau. Il la voyait plutôt comme un clown au visage couvert de fard blanc, vêtu en Pierrot avec des vêtements blancs et lumineux. “Les clowns blancs sont beaux, durs, dangereux et en équilibre sur la frontière entre la mort et la sexualité destructrice”, écrivait-il dans ses mémoires, Images.

Avec la mort d’Ingmar Bergman se clôt un important, pour ne pas dire immense, moment de la culture suédoise. Une force créatrice stupéfiante, presque volcanique, qui comprend un demi-siècle de production continuelle et plus de quarante films, une centaine de mises en scène pour le théâtre et, ces dernières années, une veine littéraire renouvelée. C’est une force qui peut presque être perçue comme une loi de la nature : solide comme un vieux pin suédois qui paraît être là depuis toujours. Bergman fera pour toujours partie de l’idée que nous avons de nous-même. Comme l’a formulé un critique de cinéma : “Quand il pleut sur Bergman, la Suède est éclaboussée.”

Ce qui étonne le plus avec Bergman, c’est sa capacité à répéter la même chose, mais à le faire chaque fois d’une manière différente, avec un ton différent. Combien d’entre nous n’ont pas un jour confondu ses films ? “Ce n’était pas dans cette scène-là qu’elle… ?” disait-on, avant de se rendre compte que ce que l’on cherchait venait d’une autre de ses œuvres. Ce qui en soi est un signe de quelque chose d’extraordinaire et magnifique : pouvoir entrer et sortir de différents films et différentes scènes comme s’ils étaient les morceaux d’un kaléidoscope que l’on peut tourner pour faire tomber la lumière d’une autre manière et former une nouvelle image.

Pour beaucoup de gens, le nom de Bergman est aussi celui d’un auteur de films pour la télévision. Il s’est tourné vers celle-ci dans les années 1970, tentant ainsi de se libérer de l’étiquette d’élitiste et d’atteindre un public différent et plus large. Sa façon de montrer les avaries et mascarades du mariage fut comme un coup de poing au ventre pour les téléspectateurs. Scènes de la vue conjugale [diffusée à la télévision en quatre épisodes] est la seule émission de télévision (à l’exception des slaloms d’Ingmar Stenmark) à avoir pu vider les rues de Suède. Et, au Danemark, des statisticiens étonnés voyaient le nombre de divorces exploser – au grand amusement de Bergman. Pour la jeune génération, son nom évoque probablement le feuilleton Fanny et Alexandre, avec le jeune homme doté du don de double vue. Comme Alexandre, le jeune Bergman possédait une “laterna magica”, une “machine à magie dont la lumière créait un monde étrange et excitant sur les draps de maman accrochés au mur”. Il est évident que son enfance fut pour Bergman une source d’inspiration inépuisable. “J’arrive toujours à faire revivre les paysages de mon enfance, à y flâner, à retrouver une lumière, un parfum, des gens, des pièces”, écrit-il dans Laterna Magica. Ce fut vers ce paysage qu’il se dirigea durant ses dernières années. Et, avant tout, vers la relation conflictuelle avec ses parents, thème récurrent de ses films.

Il ne faut pas oublier que les œuvres des dernières années, imprégnées de faits autobiographiques, furent le dernier travail magnifique d’un metteur en scène vieillissant qui voulait avoir le dernier mot sur sa propre vie et sa propre œuvre. Sauver ce qui pouvait l’être des hordes des critiques, des experts, et de tous ces vautours qui – et Bergman paraissait en être très conscient – se presseraient un jour autour de sa dépouille. Comme il le disait lui-même il y a quelques années : “Il faut trouver comment organiser l’épilogue.” Il faut constater aujourd’hui qu’il n’est pas seulement organisé, mais une fois pour toutes terminé.

Maaret Koskinen
Dagens Nyheter

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=76422

Messages

  • Bergman était le peintre de l’aventure existentielle :)))

    16 ANS D’AVENTURE

    COUPLET 1

    une ière neige sur le lac
    un pic bois qui passe en ami
    un chien qui marche sur la galerie
    deux hommes qui parlent de la vie

    une peinture sur le mur
    l’homme se lève
    me rappelle l’essentiel

    sa peinture date de 16 ans
    l’homme avait déja 38 ans
    était amoureux fou d’une femme
    qui tenait dépanneur, corps et âme

    pendant que lui
    d’un autobus
    était chauffeur de vie

    travaillait pour
    Chevrette transport La Tuque
    avait hâte a la fin de semaine
    tiens ben ta tuque

    rêvait du cap de la madeleine
    mais le dépanneur ferme si tard
    toute la semaine

    en attendant
    monte chez son frêre en haut
    avec toiles et pinceaux

    REFRAIN

    sur sa toile
    des arbres, des billots et de l’eau
    qui dansent l’amour
    comme la chute entraêne tout su l’tableau

    quand on contrôle pu rien
    c’est qu’y a des matins
    où l’amour doux
    c’est trop fou

    quand on contrôle pu rien
    c’est qu’y a des matins
    où l’amour doux
    c’est trop fou

    COUPLET 2

    y a pu de neige sur le lac
    ou est le pic bois mon ami
    le chien est en bas d’la galerie
    l’homme est dehors avec un sac de voyage

    sa vieille peinture
    reste sur le mur
    avec toute sa magie

    un grand amour
    c’est tellement fort
    que leur ière fille s’appelle Pascale
    une ado de 15 ans qui mord
    la vie comme à son ier bal

    pendant qu’sa soeur
    Justine 9 ans
    sourit aux étoiles

    la femme se meurt d’un cancer
    l’homme a finit par jeter sa dernière bière
    il doit monter à Trois-Rivières
    il sera bientôt père et mère

    sa vieille peinture
    su l’mur le rassure
    sur 16 ans d’aventrures

    REFRAIN FINAL

    sur sa toile
    des arbres des billots et de l’eau
    qui dansent l’amour
    comme la chute entraîne tout
    su l’tableau

    quand on contrôle pu rien
    c’est qu’y a des matins
    où l’amour pur c’est trop dur

    quand on contrôle pu rien
    c’est qu’y a des matins
    où l’amour pur
    c’est trop dur

    Pierrot
    vagabond céleste

    Pierrot est l’auteur de l’Île de l’éternité de l’instant présent et des Chansons de Pierrot. Il fut cofondateur de la boîte à chanson Aux deux Pierrots. Il fut aussi l’un des tous premiers chansonniers du Saint-Vincent, dans le Vieux-Montréal. Pierre Rochette, poète, chansonnier et compositeur, est présentement sur la route, quelque part avec sa guitare, entre ici et ailleurs...

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    Simon Gauthier, conteur, vagabond céleste