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Bernard Thibault procède à un renouvellement inédit de la direction de la CGT

Publie le mercredi 2 décembre 2009 par Open-Publishing
15 commentaires

À la veille du 49° congrès,le secrétaire général dit vouloir : "rééquilibrer les pouvoirs"

À la veille de l’ouverture de son 49° congrès,lundi 7 décembre à Nantes,le secrétaire national de la CGT a surpris et déconcerté son entourage en dévoilant la liste des huit personnes qu’il propose pour le prochain bureau confédéral.

Enréduisant de douze à huit membre la composition de cette instance qui dirige quotidiennement la CGT,en laissant prendre leur retraite aux deux poids lourds de son équipe Maryse Dumas et Jean-Christophe Le Duigou,et en faisant partir la moitié des autres sortants,B.Thibault recentre le pouvoir.Si ça n’avait tenu qu’à lui il aurait encore plus réduit la taille du bureau. "il veut avoir les mains libres,mais pour quoi faire ?Beaucoup s’interrogent au sein même de la confédération sur la lisibilité de sa stratégie"commente René Mouriaux,auteur de nombreux ouvrages sur le syndicalisme.

Officiellement,le numéro un de la CGT dit vouloir :"rééquilibrer les rôles et donner plus de pouvoir politique à la commission exécutive"(CE). Cette "direction politique" de 54 membres se réunit tous les quinze jours .Elle verra la moitié de ses effectifs renouvelés au congrès.Du jamais vu . "je veux que la direction ,le suivi des dossiers soient assumés par la CE : le bureau ne servira qu’à organiser le travail."Assure le secrétaire général de la CGT.

Il n’est cependant pas certain que cette instance soit de nature à contrebalancer le pouvoir du secrétaire général.

Ce que les observateurs notent en revanche c’est que parmi les cinq nouveaux entrants au bureau confédéral,il n’y a pas de dirigeants confirmés : Michèle Chay (commerce-services),Agnès Le Bot (NOOord-Pas-D-Calais),Nadine Prigent (santé),Mohamed Ou ssedik(verre-céramique),Philippe Lattaud (Val-d’Oise) devront faire leurs preuves au côté de Michel Donnedue (administrateur,trésorier) et D’agnèsNaton (presse).

Jusqu’à présent le secrétaire général de la CGT s’appuyait sur deux presonnalités qui représentaient un équilibre au sein du bureau .Maryse Dumas,en charge des dossiers revendicatifs,incarnait une CGT fidèle à son image contestataire ; Jean Christophe Le Duigou,qui suivait l’économie et les retraites incarnait un syndicat engagé dans un aggiornameto réformiste.Leur départ pourrait signifier que B.Thibault passe à une nouvelle étape de la réforme.

" IL CENTRALISE"

"La CGT a trop de de fédérations, analyse M.Mouriaux.Pour répondre au morcellement ,réformer les structures et mettre fin à "l’anarchie"où chacun fait ce qu’il veut ,il centralise."Dominique Labbé ,auteur d’un livre à charge contre les syndicats (avec Dominique Andolfatto,toujours moins !,le déclin du syndicalismeà la française,Gallimard)va dans le même sens :"le problème de M.Thibault est au Comité confédéral national-le parlement de la CGT qui compte environ 300 membres-.C’est que se retrouvent les grands féodaux des fédérations professionnelles et les unions départementales."

Bernard Thibault aussi à retarder,autant que possible,la question de la succession,alors qu’il entame son quatrième et probable dernier mandat.En renouvelant son équipe ,il veut éviter que le bureau confédéral soit une écuris de course.Si plusieurs noms circulent déjà -Frédéric Imbrecht(énergie),Thierry Le Paon,proche de Maryse Dumas,Eric Aubin (retraites et et Unédic),aucun n’appartient au bureau confédéral.

L.Rémi Barroux

Journal Le Monde 2/12 (électronique)

Messages

  • J’ai comme l’impression que l’on va vers un syndicalisme à l’américaine.

    On est loin de l’exprit de l’époque Pierre Waldeck-Rousseau où le syndicalisme avait encore un quelconque rapport avec la politique, c’est vrai, j’oubliai que certains ont fait abstraction de la lutte des classes. Si, à la limite, on a du mal à appeler ça comme cela vu le manque homogénité de la classe populaire, il n’en reste pas moins que le pouvoir exagéré d’une oligarchie domminante demande une réponse politique que ne doivent pas exclure les syndicats.

    • Tu as raison Michel.Mais ,en plus, je pense que Thibault a peur d’être dépassé par la base et prévoit d’avance toute forme de lutte un tant soit peu révolutionnaire.

      Il est évident que si la CGT était ce qu’elle fut il y a trente ou quarante ans ,elle appellerait à descendre dans la rue et en 24 heurs la pays serait paralysé.

      Seulement voilà la CGT d’aujourd’hui n’est plus dans le syndicalisme de masse,la lutte des classes mais ,au contraire, dans" l’accompagnement" des décisions de la bourgeoisie via le gouvernement.

      Il ne nous reste plus qu’à compter sur nous et rien que sur nous et cela ne sera pas facile.La répression (fasciste) se met en place,la peur arrive à gagner les masses et l’individualisme forcené l’emporte de plus en plus.

      Pour autant je ne suis pas pessimiste mais objectivement ça va être difficile de mobiliser.

      TOUS ENSEMBLE !!!

    • Sans doute Thibault a-t-il peur d’être dépassé par sa base, cela parait être évident. Mais je pense que le problème est plus conplexe que ça. J’étais hier soir à une réunion où il y avait une majorité de communistes et de syndiqués CGT dont un responsable local, des responsables de diverses entreprises, la discution a dérappé pendant un moment sur un problème de lutte pour la défense de l’emploi dans une usine, elle a dérapper parce qu’au sein de la CGT locale même, il y avait des distensions sur la forme, la manière des luttes à venir. De toute évidence, on sentait qu’il ya avait un vrai débat interne assez tendu et les options à prendre pour la suite étaient aussi un enjeu du niveau des sections locales. C’est l’avis d’un observateur extérieur, je dois avouer que j’étais un peu gènè d’assister à ce genre de mise au point, qui ne m’intéressait pas particulièrement ainsi que les autres intervenants extérieurs.

  • Le Duigou est - il vraiment partant de la CGT ? Ce haut fonctionnaire de l’Etat (conservateur des hypothèques ) avant son départ définitif à la retraite, n’est-il pas membre de quatre commissions gouvernementales, nommé par Sarkosy ?
    Et pas les moindres puisque membre de la commission sur les retraites...et l’énergie...
    La boucle est bouclée !!!!
    Va -t’il annoncer au congrès son départ de ces 4 commissions ? Par qui va-t’il être remplacé ?

    Et si nous, les cocufiés à la base, exigions de savoir , au congrès, par qui sont payés les nouveaux désignés par le ’’ grand manitou ’’ ! Par qui est payé leur mandat de permanent ? Quels sont leurs salaires ?

    A lire impérativement : Histoire secrète du patronnat de 1945 à nos jours
    La Découverte
    . C’est édifiant !! où l’on retrouve un grand nombre de grands patrons cités membres de Confrontations , club dirigé, entre autres par Le Duigou et Jean-Paul Bailly, PDG de La Poste !!!!

    A lire , en particulier à partir de la page 506 à la page 529 : SNCF, EDF,GDF, retraites complémentaires : les dérives des combines du paritarisme...

    Et si la base faisait comme pour les routiers...nous n’avons plus rien à perdre, tous en grève à partir du 13 décembre pour montrer que nous ne sommes pas des moutons que l’on envoie à l’abattoir !!!!

    Camarades cégétistes de la base, ne laissons pas agir ces fossoyeurs du syndicalisme de lutte de classe...Le capitalisme ne s’amènage pas, il se combat.

  • en tant que syndiqué je me fout des personnalités qui dirigeront demain la CGT . par contre la question essentielle est , est-ce que la nouvelle équipe dirigeante confirme la dérive réformiste de notre ligne syndicale , , ou est-ce qu’elle revient sur une ligne syndicale de classe et de masse . de toutes manières rien n’est jamais spontané surtout au niveau dirigeants . alors si nous ne les bougeons pas idéologiquement la ligne réformiste sera confirmée sans problèmes . d’autant plus que sur ce que j’ai entendu au niveau des réunions préparatoires au congrès la majorité des syndiqués appuient la dérive réformiste , et cela souvent au nom de l’unité syndicale , sans contenu de classe ce qui se traduit par une unité au sommet , entre appareils syndicaux . la CGT dans sa masse est incapable d’imposer une ligne de classe , , que ce soit envers la direction syndicale , a plus forte raison parmi les travailleurs . l’adhésion a la CES nous coute cher , car culturellement nous sommes soumis a la culture réformiste du syndicalisme européen . il est tant que les syndiqués sortent de leur sommeil idéologiques , qu’ils montent au créneau pour que la CGT revienne sur des positions de classe , positions qu’elle n’aurait jamais du abandonner . son avenir en dépend . ce n’est pas en mettant en exergue des articles de torchons comme le monde ou le nouvel obs entre autres , que les choses vont s’arranger . ces journaux ont toujours combattu la CGT , et ils continuent . ce sont les promoteurs de l’idéologie réformiste , au service du système capitaliste . il semble qu’il y en aient qui ont oubliés , que le réformisme a toujours été , et reste la roue de secours du capitalisme . sam 82 .

    • @ Sam,il ne s’agit pas de prendre ce que disent les journaux :Nouvel Obs , Le Monde , Libé ..etc...pour argent comptant mais de s’en servir pour provoquer la discussion , la polémique,c’est tout.

      Nous n’arriverons pas à faire bouger " idéologiquement" les dirigeants ; ils savent parfaitement ce qu’ils font et où ils vont.

      De mon point de vue il faut arriver à ce que ,nous la base, arrivions à nous organiser sans s’occuper de ce que peuvent dire et faire les dirigeants.À nous d’organiser les luttes,la coordination de ces luttes,la fédération de ces mêmes luttes...

      Si on attend que bouge le haut de la "pyramide",c’est foutu.À nous de jouer ,tous ensemble.

    • le problème n’est pas les "torchons", mais qu’on en apprend bien plus par ces "torchons" que par les voies normales de la CGT

      Les dirigeants actuels de la CGT se répandent dans ces "torchons"....

      Les journalistes n’ont pas inventé des plans sur la comète, mais ont été informés

      Je rappelle que les documents du congrès étaient sur le site des Echos (encore plus à droite que le Figaro, ce qui n’est pas peu dire !) bien avant d’être disponibles aux militants

      Qui organise ces "fuites" ? Dans quel but ?

      L’opposition à la ligne confédérale est bien faible, mais elle est bien gênante pour le syndicalisme rassemblé. Faudrait-il agiter le "chiffon rouge" sous son nez pour justifier une mise à mort ?

      La leçon donnée par la CFDT a été bien comprise ?

    • a François Pellarin et Patrice Bardet

      il me semble qu’a partir du document il y avait matière a discutions , et a critiques , y compris des propositions a faire , sans qu’on en soit réduit a aller chercher des articles de journaux , relevant plus de l’anecdote qu’autre chose , et visant bien sur a alimenter la polémique stérile , au détriment du fond .

      quand aux dirigeants bien sur qu’ils savent ce qu’ils font et ou ils veulent aller . c’est pour cela que les conditions auraient du être crées a tous les niveaux pour que les syndiqués s’investissent massivement dans la préparation du congrès . ce qui n’a pas été le cas , la direction du syndicat cherchant avant tout a maintenir le débat dans son cadre de manière a éviter les remises en causes sur des questions essentielles .

      a nous de jouer tous ensemble ? oui sur quelles bases ? car qu’on le veuille ou pas il y a des décisions prises depuis quelques années qui doivent être remises en cause , car elles structurent l’orientation réformiste du syndicat , et vont ancrer durablement cette orientation dans la pratique syndicale . a partir de là il faudrait redonner une assise de classe a la CGT , pour permettre aux travailleurs de donner ce contenu aux luttes , c’est a mon avis ce lien de classe qui permettra ou pas la fédération indispensable des luttes . ce travail ne peut pas être fait au coup par coup , spontanément , sans organisation , et pour s’inscrire dans la durée sans responsables , qui en soient partie prenante . ce débat n’a pas eu lieu , il n’aura pas lieu lors du congrès , tout ayant été fait pour qu’il en soit ainsi . sam 82 .

    • Nous n’arriverons pas à faire bouger " idéologiquement" les dirigeants ; ils savent parfaitement ce qu’ils font et où ils vont.

      Je pense que vous ne vous rendez pas compte que ce n’est pas dans le champ des idéologies pro-populaires, ni de l’argumentation de gauche, mais de ce que ressent une couche sociale aux interets particuliers dans ce qu’elle croit être la défense de ses interets. Et ses interets sont distincts de ceux des travailleurs.

      Les Thibault et compagnie ne sont pas accessibles à une argumentation en se plaçant du point de vue des interets des travailleurs.

      Ils sont l’expression d’une nomenclatura qui croit que sa survie passe par la soumission à la bourgeoisie.

      Tu peux convaincre des réformistes mais pas des nomenclaturistes, leur logique ne ressort pas de l’argumentation.

      Les échecs successifs de la ligne Thibault-Chéreque sont impressionnants et incessants depuis 10 ans .

      Encore une fois, en début d’année, ils nous ont amené au coupe-gorge, pendant que le LKP (et plus récemment les sans papiers) montraient qu’une autre orientation était possible et plus efficace pour mobiliser.