Accueil > Bertrand Cantat a été condamné à 8 années d’emprisonnement

Bertrand Cantat a été condamné à 8 années d’emprisonnement

Publie le lundi 29 mars 2004 par Open-Publishing
10 commentaires

Le procureur avait requis neuf ans contre le chanteur de Noir Désir pour le meurtre de sa compagne, Marie Trintignant, dans la nuit du 26 juillet 2003.

Bertrand Cantat a été condamné, lundi 29 mars, à huit années d’emprisonnement par le tribunal de Vilnius, devant lequel il comparaissait pour le meurtre de sa compagne, Marie Trintignant.

Le procureur, Vladimiras Serguejevas, avait requis jeudi 18 mars neuf années de prison contre le chanteur de Noir Désir en estimant que celui-ci s’était rendu coupable d’un "meurtre intentionnel"en frappant l’actrice, dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003. "Je considère que le meurtre n’a pas été commis sous l’émotion. L’accusé pouvait entièrement comprendre le sens de ses actes et les gérer. C’est lui qui a provoqué la situation conflictuelle, à cause de sa jalousie. Il devait se rendre compte du caractère dangereux de ses actes", avait-il estimé.

Au titre des circonstances aggravantes, le procureur avait retenu la consommation d’alcool le soir de la dispute, mais il avait en revanche estimé que les regrets exprimés par Bertrand Cantat constituaient une circonstance atténuante. Le maximum encouru était de quinze années d’emprisonnement.

Face à cette accusation, les deux défenseurs lituaniens du chanteur, Mes Virginijus Papirtis et Algirdas Matuiza, avaient rompu avec leur ligne de défense initiale en renonçant à plaider le crime passionnel, passible de six années de prison. Tous deux avaient soutenu devant le tribunal que Bertrand Cantat s’était rendu coupable d’un "homicide involontaire par imprudence", l’équivalent en droit français des coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, pour lequel il encourait un maximum de quatre années de prison. Les deux avocats s’étaient notamment appuyés sur l’expertise médico-légale de l’actrice, décédée en France après cinq jours de coma, qui confortait selon eux la version des quatre gifles que le chanteur reconnaît avoir portées sur le visage de Marie Trintignant.

"C’EST IRRÉPARABLE"

Avant de délibérer, les trois juges professionnels qui composent le tribunal avaient entendu une dernière fois Bertrand Cantat, lundi 22 mars. "J’assume ma responsabilité, même si je n’ai jamais voulu ça. Je ne comprends pas, je ne peux pas comprendre ce qui s’est passé, avait indiqué le chanteur. J’aimais Marie de tout mon être, je l’aime toujours, je l’aimerai toujours", avait-il dit, avant de s’adresser à la mère de l’actrice, Nadine Trintignant, à son frère Vincent et à l’aîné de ses quatre fils, Roman. "Je sais que c’est irréparable, je sais que je ne peux rien faire, que je peux seulement demander pardon, comme je l’ai fait depuis toujours, comme on me le nie. J’espère qu’un jour je serai entendu. Que vous m’entendrez."

Lors de sa déposition quelques jours plus tôt devant le tribunal, Nadine Trintignant avait déclaré qu’elle "ne croyait pas du tout aux regrets exprimés par Cantat". "S’il avait eu des regrets, il se serait arrêté au premier coup, qui était déjà de trop." S’exprimant "au nom de toutes les futures Marie", la réalisatrice avait souligné que "si cet homme est pardonné, ce serait comme si chaque homme aimant une femme portait en lui une promesse de mort pour nous".

Bertrand Cantat dispose désormais de vingt jours pour faire appel. Si tel devait être le cas, le deuxième procès pourrait se tenir d’ici quatre à cinq mois

Pascale Robert-Diard

LE MONDE

Messages