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Besancenot enterre la LCR

Publie le jeudi 24 janvier 2008 par Open-Publishing

de Lucas Rosalie

« EN PRÈS DE SIX ANS de tournée ici, je n’ai jamais distribué Rouge (NDLR : l’hebdomadaire de la Ligue communiste révolutionnaire) », s’amuse Olivier Besancenot. Le facteur le plus célèbre de France détonne à Neuilly-sur-Seine, ville qui a longtemps eu pour maire Nicolas Sarkozy. Le porte-parole de la LCR joue de ce contraste, sachant qu’un postier révolutionnaire dans un fief de droite est une image qui plaît aux médias.

Besancenot, qui reste bien placé dans les sondages après avoir dépassé 4 % à la dernière présidentielle, est employé de la Poste à temps partiel (70 % des horaires classiques). Il enfourche son vélo de facteur du mercredi au samedi, de 6 heures à 13 heures. Aujourd’hui, il sera en grève et, après la manifestation des fonctionnaires, il assistera au 17 e congrès de son parti. Ce sera l’un des derniers.

En effet, réunie jusqu’à dimanche à la Plaine-Saint-Denis, la LCR doit mettre sur pieds un nouveau parti anticapitaliste. L’idée, lancée en août par le porte-parole, séduit la majorité des militants qui devraient voter sans surprise pour la disparition de la LCR au profit de cette nouvelle force, qui verra le jour dans l’année. « Je ne pouvais pas prendre assez de vacances pour mener campagne » A Neuilly, les habitants font peu attention à Besancenot.

Certains ne cachent pas leur antipathie, comme ce couple de sexagénaires qui le fusille du regard en le croisant sur le trottoir. D’autres passent sans un sourire. « Ma tournée, c’est un grand moment de solitude pour moi, avoue le postier. C’est sûr que si je la faisais dans mon quartier du XVIII e , je serais plus souvent accosté... » Ce matin-là, un jeune homme le prend quand même furtivement en photo avec son portable et une équipe d’éboueurs le salue. Besancenot rencontre trois attitudes : les « indifférents » qui forment la grande majorité ; les « hostiles », avec qui le climat peut être « très tendu », et les « sympathiques ».

Besancenot, qui a sur sa tournée l’un des seuls HLM de la ville, fulmine contre leur rareté. Souriant des émois que suscite ici la candidature aux municipales de David Martinon, porte-parole de l’Elysée, il ironise : « J’ai cru comprendre que c’était la révolte à Neuilly ! » Besancenot, lui, ne se présente pas dans le XVIII e . « Je ne pouvais pas prendre assez de vacances pour mener campagne », explique-t-il.

Il s’arrêtera quand même un mois pour soutenir les candidats de la LCR et tenir des réunions sur le nouveau parti. Que se passera-t-il quand celui-ci sera devenu une réalité ? A entendre Besancenot, cela ne changera rien pour lui. « Je ne serai pas le seul porte-parole et je pourrai continuer mon travail de postier. » Car Besancenot sait bien qu’une part de sa cote de popularité tient à son image de politique qui travaille. Pas question donc d’y renoncer.

Le Parisien du 24 janvier 2008

http://www.leparisien.fr