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Bolivie : 2 années d’Evo Morales, entre bonances économiques et conflits politiques
Publie le mercredi 26 décembre 2007 par Open-PublishingEvo Morales a commémoré hier l’anniversaire du triomphe électoral de 2005 en annonçant le retrait de la propagande contre l’opposition, convoquant de nouveau à une trêve de Noël et critiquant avec dureté la décision de la FIFA d’interdire les partis internationaux à plus de 2.750 mètres d’altitude.
Le leader cocalero (il est toujours président des 6 fédérations de cocaleros, NdT) a été élu le premier président indigène de Bolivie avec le plus grand pourcentage de votes depuis la récupération de la démocratie en 1982 (53,7 %) le 18 décembre 2005, après un long cycle de crise politique depuis la "guerre du gaz" d’octobre 2003. L’approbation de sa gestion a atteint 80 % avec la nationalisation des hydrocarbures - le 1er mai 2006 - et aujourd’hui elle est à 52 %, selon des mesures de fin novembre. Expliquent cette descente les conflits générés par l’approbation de la nouvelle Constitution sans l’opposition et le défi autonomiste des provinces de la "Demie Lune" leadéré par Santa Cruz.
Malgré tout, la joie que ne lui a pas donné la politique est venue de l’économie : à la récente découverte d’un mégachamp de gaz et la "réconciliation" avec Petrobras, - avec des projets d’investissement de 800 millions de dollars - à ajouter un contrat de millions de dollars avec l’entreprise indienne Jindal pour l’exploitation du fer du Mutún, la principale réserve de Bolivie. Le boom de prix des matières premières a élevé les exportations à plus de 4 milliards de dollars, plus du double de la moyenne annuelle dans les 30 dernières années. Tout cela, ajouté aux revenus additionnels générés par la nouvelle loi des hydrocarbures et environ 1.000 millions de dollars d’envois d’argent par les immigrés, a réussi à faire passer les finances publiques d’un rouge chronique à un miraculeux excédent fiscal et a rempli de réserves la Banque Centrale. C’est pour ces raisons que, lors des derniers rassemblements populaires Evo a assomé ses sympathisants avec de longues heures de chiffres difficiles à digérer.
Mais le gouvernement n’a pas le vent en poupe sur tout. "La guerre politique entre le gouvernement et l’opposition a contribué à noyer ce qui pouvait avoir été un succès économique. La croissance approchera les 3,8 % (très peu en comparasion avec d’autres pays de la région). Le chômage continue à être très élevé et l’inflation est à 13 %", analyse l’économiste Gonzalo Chávez. Adepte des coups risqués, la dernière décision de Morales a été de provoquer l’opposition à un "tout ou rien dans un référendum" révocatoire, quelque chose comme s’embrouiller et donner à nouveau.
Pablo Stefanoni, Clarin, 19 décembre 2007.