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Bourges : la visite remarquée de Marie-George Buffet

Publie le mercredi 3 mai 2006 par Open-Publishing
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Rencontre . La dirigeante du PCF a rencontré les artistes et les techniciens du spectacle. Mais aussi le public et les communistes du Cher.

de Marie-José Sirach, Bourges (Cher)

Une première pour Marie-George Buffet que sa venue au Printemps de Bourges. Une journée marathon extrêmement bien organisée et rythmée, où, entre un déjeuner chaleureux avec Cali et Loïk Lantoine, un débat à deux cents personnes dans l’amphithéâtre du muséum de la ville, une interview accordée à France-Bleu Berry, et une rencontre avec les communistes du cru, elle est allée écouter quelques jeunes pousses de la chanson dans le cadre des Découvertes.

Première visite et, de l’avis des participants du débat qui a fait le plein, premiers échanges encourageants et stimulants sur une question dont les enjeux sont éminemment politiques : la culture. Cela faisait quelques années que les communistes n’organisaient plus une rencontre de la sorte : l’intensité des échanges prouve qu’il était temps de remettre la question sur le métier.

Brève introduction de Jean-Claude Sandrier, qui rend un hommage juste et mérité à l’un des cofondateurs du Printemps, Jacques Rimbaud, ancien maire communiste de Bourges. Francis Parny, vice-président de la région Île-de-France, parle de la culture comme d’« un bien commun que l’on doit, au même titre que la politique, se réapproprier » et, très vite, la salle prend la parole. Réflexions, interrogations sur fond d’expériences extrêmement concrètes. Quid du ministère de la Culture si la gauche l’emporte en 2007 ? Comment, dit un autre, résister à la marchandisation au vu de l’évolution du Printemps de Bourges ? 99 % des régions sont dirigées par la gauche, remarque celui-ci : pourquoi n’y a-t-il pas de réelle alternative en matière de politique culturelle dans les régions ? On nous dit qu’il n’y a que le marché, renchérit un autre : que proposez-vous pour inverser la tendance ? Dans mon village, explique une dame au premier rang, la commune ne dispose d’aucun budget, les enfants n’ont rien, ils sont moins bien lotis qu’en Seine-Saint-Denis mais ça ne se sait pas, ça ne se voit pas : quelles sont vos propositions ? Comment les rendre publiques auprès des médias ?

Je m’occupe du Printemps des poètes, les subventions sont sans cesse revues à la baisse, mais nous faisons notre possible pour vivre en poésie, pour offrir aux habitants, des rencontres avec des poètes, raconte l’un. Sans compter la question de la candidature à la présidentielle, unique, pas unique, avec Bové ou sans José, avec ou sans la Ligue, et le PS dans tout ça... Sur l’invitation à une bouffe lancée dans le journal le Monde par Olivier Besancenot à Arlette Laguiller, José Bové et Marie-George Buffet, cette dernière a rétorqué : « Pourquoi un dîner à quatre, un énième dîner d’état-major ? Pourquoi pas un banquet populaire pour décider qui et quoi pour la présidentielle ? », conviant, dans la foulée, les hommes et les femmes ici présents mais aussi partout ailleurs en France à une première rencontre nationale qui pourrait revêtir des allures de grand banquet le 29 mai prochain pour débattre, entre autres choses et sujets, de cette question.

Beaucoup d’interventions dans la salle, qui en disent long sur l’attente mais aussi le désir de renouer avec cette question primordiale qui touche aussi bien à la création, aux moyens alloués pour cette même création, à l’engagement-désengagement de l’État et des collectivités territoriales en la matière, pour permettre aux

artistes de vivre dignement de leurs métiers et au public d’y accéder sans pour autant tomber dans le consumérisme ambiant. « Il s’agit bien de replacer la culture au centre de notre société et de volonté politique, répond la dirigeante communiste. Parce que la culture n’est pas un supplément d’âme, comme d’aucuns aimeraient nous le faire croire, mais bien un enjeu au coeur de notre conception de la société. » Évoquant pêle-mêle les questions de l’enseignement artistique, de l’éducation populaire ou encore la remise en question du régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle, elle a fait le constat d’une « culture bousculée, blessée par une logique marchande, une logique de rentabilité.

Parler culture, c’est faire en sorte que se créent des résistances. On ne peut avoir un discours de gauche qui parle d’émancipation humaine si l’accès aux connaissances, si le droit de penser ne sont pas garantis. Existent-ils les moyens financiers de mettre en place une autre politique en faveur de la création culturelle ? » La secrétaire nationale du PCF répond par l’affirmative. « Le problème n’est pas d’augmenter ou non les dépenses de l’État, mais comment. La gauche doit avoir le courage de rompre avec les allégements fiscaux de tous ordres, d’élaborer une réforme de la fiscalité qui réponde aux besoins des créateurs et du public. De se donner enfin les moyens de lever cette chape de plomb constituée par le libéralisme mondialisé et de refuser que la culture, ici comme en Europe, relève de la sphère marchande. »

Plus tard, dans la soirée, un représentant de la CGT spectacle a pris la parole sous le chapiteau noir de monde aux côtés de Cali, de Thiéfaine, de Da Silva et d’autres artistes. Ambiance survoltée, applaudissements à tout rompre lorsque Michel Vié se réfère à la lutte victorieuse contre le CPE. Les sept mille jeunes savent de quoi il en retourne question lutte, ténacité et victoire.

M.-G. Buffet est là dans les coulisses et n’en perd pas une miette. Elle sera une des seules dirigeantes politiques nationales à avoir effectué le déplacement à Bourges. Ségolène Royal s’est annoncée, puis désannoncée. Pour finalement venir lundi à cause de Jack Lang ? Quant au ministre de la Culture, il est venu en catimini, au tout dernier moment, dimanche en fin de journée. Il a serré quelques mains, il a convié les journalistes à un point presse impromptu, pour repartir aussi vite qu’il était venu.

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