Bourse de Shanghai en folie

Chine : débuts euphoriques à la Bourse de Shanghai de CSCEC

PEKIN, 29 juil 2009

Le géant chinois du bâtiment CSCEC a fait des débuts fracassants mercredi à la Bourse de Shanghai où il a réalisé la plus grosse introduction dans le monde depuis 16 mois.

Le titre de China State Construction Engineering Corp, qui a levé 50,16 milliards de yuans (7,35 milliards de dollars, 5,17 milliards d’euros), a clôturé en hausse de plus de 56% sur son prix d’introduction de 4,18 yuans, à 6,53 yuans, après avoir atteint en séance jusqu’à 7,96 yuans, selon des courtiers.

"Ce démarrage en flèche témoigne d’un sentiment d’euphorie et de l’ample liquidité dans le système", a résumé Wang Mingzhi, analyste de GF Securities à Shanghai.

Le bâtisseur d’ouvrages prestigieux comme le Centre aquatique olympique de Pékin ou le nouveau siège avant-gardiste de la Télévision centrale chinoise, de l’agence OMA Rem Kolhaas, signe la plus importante introduction depuis 16 mois dans le monde.

Il ne bat toutefois pas les records, pour une place chinoise, du premier groupe énergétique chinois Petrochina (66,8 milliards de yuans) et de China Shenhua Energy, premier producteur de charbon de Chine (66,58 milliards de yuans), à l’automne 2007 à Shanghai.

Les autorités ont mis un terme en juin à la suspension des introductions en Bourse, de facto en vigueur depuis septembre, pour aider les entreprises privées à lever des fonds et stimuler l’économie.

Une petite entreprise de médicaments traditionnels chinois a été la première à entrer à Shenzhen, la plus petite des deux places chinoises.

Lundi, la première introduction à Shanghai a été celle de Sichuan Expressway, qui a connu une ascension fulgurante peu après l’ouverture, au point que sa cotation avait été momentanément suspendue pour "échanges inhabituels".

Ces débuts exceptionnels laissent subodorer un accès de spéculation.

"Il est difficile de trouver une explication rationnelle (au bond de CSCEC) alors que le prix du titre va au-delà de sa valeur normale estimée, autour de cinq yuans. Cela peut seulement être expliqué par des fonds de spéculation à court terme", dit Wang Mingzhi.

Mao Nan, son confrère d’Orient Securities, met l’accent sur l’accroissement des réserves de change de la Chine cette année, bien supérieur à l’addition de ses deux principales composantes — l’excédent commercial et les investissements directs étrangers — et s’expliquant, selon lui, par l’entrée de capitaux spéculatifs.

"Les capitaux spéculatifs affluent vers le marché des titres en yuans en ce moment. Couplés à la liquidité intérieure, il y a une liquidité excessive sur le marché", dit-il.

La politique monétaire très souple du gouvernement se solde par une explosion du crédit depuis janvier : 7.370 milliards de yuans de nouveaux prêts ont été accordés au premier semestre, soit 4.920 milliards de plus que sur la même période de 2008.

Mais la Bourse est aussi portée par l’enthousiasme des investisseurs alors que l’économie a renoué avec une croissance de 7,9% au deuxième trimestre. "Des millions de petits investisseurs ont ouvert des comptes-Bourse cette année, dont 480.000 dans la dernière semaine", soulignait Moody’s Economy.com vendredi.

China Construction avait reçu dès juin 2008 le feu vert pour son entrée en Bourse. Mais les autorités avaient peu après interrompu le processus alors que le marché était en pleine déconfiture, laissant en suspens plus de 30 entreprises ayant reçu la même autorisation.

L’indice composite de la Bourse de Shanghai, qui a perdu 65,5% en 2008, a nettement rebondi cette année, reprenant plus de 80% depuis janvier.

Aujourd’hui les introductions "devraient se poursuivre", vu la bonne réaction du marché et l’ample liquidité, estime Wang.

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