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CFDT : Un sursaut nécessaire

Publie le vendredi 16 juillet 2004 par Open-Publishing
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La pétition de la CFDT banques

De la « catastrophe » du jugement de Marseille sur les chômeurs recalculés, à la « victoire » de ceux-ci rétablis dans leurs droits, la confusion est à son comble dans le discours CFDT.

Comment se féliciter de la réintégration dans leurs droits des recalculés, alors que c’est la signature de la CFDT de la convention Unedic en 2002 qui a déclenché la suppression de 7 mois des droits à indemnisation pour 600 000 chômeurs ?

Cette confusion pourrait être positive si derrière les changements de ton et de discours, on percevait un changement d’orientation. Or il n’en est rien.

La déclaration du Bureau National des 28 et 29 avril a même l’indécence de revenir sur la convention Unedic instituant le PARE en regrettant que le gouvernement de l’époque ait refusé que celui-ci soit un contrat (le CARE). Mais ledit contrat aurait institué des sanctions instaurant des inégalités dans l’indemnisation des chômeurs. Tout syndicaliste honnête ne pouvait que se féliciter de l’abandon du CARE.

Plusieurs anciens dirigeants prestigieux de la CFDT posent des questions sur l’évolution de la CFDT après avoir longtemps gardé le silence. Ces questions se posent aussi dans la CFDT.

Quel réformisme ? celui du Medef ou celui du progrès social ? Quel mouvement syndical ? la poursuite de la division et de l’émiettement ou la réunification autour d’un axe CGT-CFDT ? …

Il n’en faut pas plus à la Commission Exécutive confédérale pour y voir une attaque extérieure contre l’organisation et ses dirigeants et stigmatiser la démarche de ces anciens responsables. Ceci n’est pas étonnant lorsqu’on sait que des textes internes qui pourtant ne vont pas aussi loin doivent être retirés ou que le ton et le contenu des interventions doivent être mesurés pour ne pas risquer l’excommunication ou la mise au pilori.

Des pertes d’adhérents aux pertes électorales, rien ne semble ébranler la direction de la CFDT qui ne répond même pas aux inquiétudes de ses organisations lors des débats du Conseil National.
Un tel autisme est grave pour la CFDT et le syndicalisme car il conduit à l’affaiblissement.

Une majorité de militants CFDT compétents, honnêtes qui ne comptent pas leur temps ne se retrouvent plus dans les orientations de leur Confédération. Ils n’osent plus distribuer de tracts confédéraux de peur d’être démentis le lendemain par des déclarations médiatiques des dirigeants.

Après le tremblement de terre, il y a un an, de l’aval de la réforme des retraites du gouvernement de droite soutenu par le Medef, les militants viennent de vivre un nouveau choc avec l’affaire de l’Unedic et des recalculés.

Si l’on y ajoute le contre-pied du résultat des élections régionales avec une direction qui appelait à faire de ces élections un enjeu strictement local, rejetant les « extrêmes » sans voir venir le vote sanction contre le gouvernement Raffarin, la coupe est pleine.

Et l’avenir ne semble guère radieux.
Le discours sur l’Assurance Maladie prépare les salariés à des sacrifices face au trou de la Sécurité Sociale, sans dénoncer les causes de ce déficit.

Quant à l’approche des élections européennes, on est frappé par la reproduction du même profil que lors des régionales : crainte d’un vote sanction, faiblesse de l’exigence d’une Europe sociale, d’une Europe des 35 heures et d’un SMIC de haut niveau, d’une Europe de l’emploi … au profit de la défense de la convention « Giscard » et de l’enthousiasme que « de nouveaux marchés s’ouvrent aux entreprises françaises » (cf conférence de presse du 8 avril).

Loin d’être des erreurs ou des maladresses, l’ensemble des orientations développées depuis un an forment un tout. Ce tout, c’est l’accompagnement du libéralisme et l’acceptation de ses supposées contraintes, un syndicalisme du « juste milieu » qui induit l’abandon de tout projet de transformation sociale, la rupture avec le passé et l’histoire de la CFDT sous prétexte d’une « parenthèse des années 70 ». Tout ceci sans débat réel, sans décision de congrès.

Après un an de « débat interne », rien n’a fondamentalement changé. Des dirigeants n’hésitent pas, dans certains débats, à souligner la profondeur des divergences plutôt que d’écouter les remarques et les inquiétudes des militants de terrain.
Ils organisent la rupture interne, la scission et menacent de sanctions les « déviants ».

Pour mieux faire comprendre l’impossibilité d’un changement d’orientation et de fonctionnement pyramidal d’une organisation construite, pourtant, sur la petite musique de l’autogestion et de la démocratie (face à un mouvement ouvrier stalinisé), la direction - via plusieurs unions régionales - multiplie les modifications statutaires privant les Unions départementales (pourtant plus proches des syndicats professionnels) de tout pouvoir, en exigeant qu’elles reproduisent les décisions prises plus haut.

Des orientations sociales libérales, une rupture avec l’histoire, un fonctionnement centralisé tournant le dos au fédéralisme …

La CFDT est à la croisée des chemins.

Son quarantième anniversaire risque de correspondre à un début de descente aux enfers.

Cette situation est insupportable. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre la parole.

Nous appelons au sursaut dans toute l’organisation, nous appelons à débattre du texte « Questions à la CFDT » et de toutes les contributions. Nous appelons à la multiplication des initiatives et à briser les tabous internes.

Ce sursaut, ce débat, ces initiatives sont urgents. Ils conditionnent l’avenir de la CFDT et concernent, au-delà, l’ensemble du syndicalisme.

Les attentes sociales sont nombreuses, celles vis-à-vis du syndicalisme tout autant.

Nous sommes déterminés à être partie prenante du débat et de la réflexion pour que le syndicalisme se hisse à la hauteur des réponses de haut niveau qu’attendent les salariés.

Après les retraites et l’Unedic, avant la Sécu et les mobilisations unitaires indispensables pour la sauver, nous sommes déterminés à prendre nos responsabilités.

http://www.lesursaut.com/texte_de_la_petition.htm

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