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CHRONIQUE D’UN SCANDALE FINANCIER (de+)

Publie le vendredi 25 janvier 2008 par Open-Publishing
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CHRONIQUE D’UN SCANDALE FINANCIER (de+) .

La Société générale bat le record du monde !par Jean Montaldo
La banque française a annoncé jeudi 24 janvier la découverte d’une fraude interne « d’une ampleur considérable » commise par un de ses traders, immédiatement mis à pied. La perte est évaluée à 4,9 milliards d’euros : record du monde battu ! Comment est-ce possible ? Est-ce crédible ? Auteur du livre « Le marché aux voleurs » (Albin Michel, 2003), qui jettait une lumière crûe sur les escrocs de la finance et les patrons menteurs, l’écrivain-journaliste Jean Montaldo livre son analyse et ses infos. Du brutal !

jeudi 24 janvier 2008 par Jean Montaldo

À qui fera-t-on croire qu’un simple quidam installé dans un placard à balais de la Société générale - la troisième banque française (22,40 milliards d’euros de chiffre d’affaires), derrière le groupe Crédit Agricole (29,156 milliards) et BNP Paribas (27,9 milliards) - a réussi l’exploit historique de perdre frauduleusement, en solitaire et en quelques semaines, la bagatelle de 4,9 milliards d’euros (soit 32,14 milliards de nos défunts francs)… sans qu’aucun contrôle de gestion interne n’ait repéré la supercherie ?

Dois-je préciser que cette saignée — ? pour un montant proche du produit national brut de pays en voie de développement, tels le Gabon, le Honduras ou le Sénégal ??— n’est pas loin d’égaler le dernier chiffre d’affaires connu de la Caisse des dépôts, première des institutions financières de l’État ?

Selon le président de la Société générale, Daniel Bouton, cette « fraude interne d’une ampleur considérable »« au sein d’une sous-division des activités de marchés ». Traduisant cet aveu, comme il se doit, j’en conclus qu’une singulière incompétence des organes dirigeants de l’établissement a permis à leur golden boy de jouer avec l’argent de leurs clients… et de le perdre à tout jamais. a été commise par un collaborateur

Incompétence et démence de banquiers avides d’argent… au point de mettre à la disposition d’un obscur collaborateur (dénommé Jérôme Kerviel) des sommes considérables, à charge pour lui d’en faire à sa tête, sans que nul ne songe à auditer, au jour le jour — comme le veut la réglementation des géants de la finance faisant appel public à l’épargne —, l’ensemble de ses opérations !

Les Docteur Folamour de la finance

Trop, c’est trop ! Car cette fois le scandale qui éclate à la Société générale permet de pointer du doigt le système mis en place par les banques, depuis de nombreuses années, en vue de toujours plus siphonner les marchés, grâce à la sophistication d’instruments hautement spéculatifs qui, petit à petit, ont totalement perverti le système capitaliste, au point de le rendre incontrôlable et par conséquent incontrôlé. Nous voici rendu dans le laboratoire du Docteur Folamour de Stanley Kubrick. Sauf que, cette fois, il ne s’agit ni d’une farce, ni d’une fiction.

Des positions spéculatives d’au moins 50 milliards d’euros

Libéral convaincu — peu soupçonnable d’un quelconque lien de pensée avec les alter-mondialistes et les divers courants de la gauche anti-capitaliste —, ma connaissance de l’enfer où se meuvent les apprentis sorciers de la finance m’oblige à dire tout haut ce que ces fous furieux en col blanc semblent convenus de taire. Pour que la Société générale ait perdu ces 4,9 milliards d’euro, ces derniers jours (et dans le plus grand secret) - lors du débouclage en catastrophe des positions insensées de son « trader » indélicat, engagés dans des opérations sur produits dits « futurs » (comprenez : options d’achat à fort effet de levier, permettant de ramasser ou de perdre 10 fois sa mise) - c’est bien que l’opérateur en question avait une position ouverte, spéculative, d’au moins 50 milliards d’euros. Excusez du peu. Rien que sur les valeurs du CAC 40, le lascar avait engagé 48 milliards d’euros. Impossible, pour l’heure, de savoir l’ampleur de ses engagements sur d’autres marchés, dont Euronext. Dès lors, devant vendre dans l’urgence ces tonnes de bouts de papiers pourris, la banque « victime » ne pouvait qu’amplifier la baisse des cours déjà bien engagée.

« Indétectable » fraude, camouflée derrière des opérations « fictives », nous dit Daniel Bouton, digne représentant de l’énarchie française… qui vient de mettre à pied 5 des supérieurs de son « trader », mais qui se garde de rendre lui-même son tablier. Apprendre que ce Monsieur abandonne 6 mois de son salaire fixe — quid du « variable » ? — et son « bonus » 2007, nous la fait belle. De qui se moque-t-on ?

D’autres maisons financières engluées

Et ce n’est pas tout : on apprendra bientôt les déboires de trois autres institutions, certes de moins grande dimension, dont les responsables sont englués — eux encore — dans le marigot de spéculations effrénées… sur des petites et moyennes valeurs. L’une de ces trois honorables maison de traitement a dû d’ailleurs fermer deux de ses fonds communs de placement, empêchant du même coup les porteurs de parts de récupérer ce qui reste de leur argent. Pour ne pas ajouter à leur malheur, je n’en dirai pas plus. Tout arrive à point à qui sait attendre…

Que devons-nous penser, nous les usagers et l’ensemble des PME françaises, à qui les banques refusent le plus petit découvert et sont tourmentés, harcelés, et parfois même signalés à la Banque de France, pour un débit de quelques centaines d’euros ?

Mieux encore : on nous apprend que notre voltigeur de pointe, détenteur à la Générale du record du monde de la fraude bancaire, court toujours ; et le PDG Daniel Bouton — qui l’a laissé filer (et n’a pas encore porté plainte) — ne sait même pas où il est passé.

Ben voyons !

http://www.bakchich.info/article2440.html

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Les traders, rois des paumes financières

*Jérôme Kerviel (Société générale) : 4,9 milliards d’euros (ou 7,2 milliards de dollars), 2008

*Friedhelm Breuers (Germany WestLB Common and Preferred Shares) : 0,8 milliard de dollars, 2007

*David Lee (United States Bank of Montreal Natural Gas Options) : 0,8 milliard de dollars, 2007

*Brian Hunter (Canada Amaranth Advisors Gas futures) : 6,5 milliards de dollars, 2006

*Wolfgang Flöttl, Helmut Elsner (Austria BAWAG Currency) : 2,5 milliards de dollars, 2006

*Liu Qibing (China State Reserves Bureau Copper Futures) : 0,2 milliard de dollars, 2006

*Chen Juilin (China China Aviation Oil Oil Futures and Options) : 0,6 milliard de dollars, 2004

*John Rusnak (United States Allied Irish Bank Currency) : 0,7 milliard de dollars, 2002

*John Meriwether (United States Long Term Capital Management Interest Rate and Equity Derivatives) : 4,6 milliards de dollars, 1998

*Yasuo Hamanaka (Japan Sumitomo Corporation Copper futures) : 2,6 milliards de dollars, 1996

*Nick Leeson (United Kingdom Barings Bank Nikkei Futures):1,4 milliard de dollars, 1995

*Robert Citron (United States Orange County Interest Rate Derivatives) : 1,7 milliard de dollars, 1994

*Giancarlo Paretti (Italy Credit Lyonnais Loans to Hollywood Studios) : 5 milliards de dollars, 1990

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Fraude à la Société Générale : Elie Cohen n’y croit pas.

Alexandre Panizzo
24/01/2008 | Mise à jour : 20:20 |

Professeur à l’école des Sciences politiques, Elie Cohen estime que l’explication donnée par la Société Générale, qui a annoncé 4,9 milliards de pertes à cause de la fraude d’un de ses traders, est « difficile à croire ».

« La Société Générale nous dit aujourd’hui qu’un trader senior a spéculé sur des actions, notamment des indices d’actions, sans se couvrir. Il aurait dissimulé des pertes devenues rapidement colossales. Il semble qu’il ait agi pendant toute l’année 2007 », a indiqué Elie Cohen à l’AFP. Le professeur d’économie à Science Po et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) estime que « cela semble un peu gros que pendant toute une année on puisse dissimuler une telle perte ».

Un bouc émissaire ?

L’économiste estime que la Société Générale a préféré « charger un pauvre bougre » afin de faire passer des pertes qui « s’étaient accumulées » au cours de la crise des « subprimes » (prêts immobiliers à risques américains).

« Le sentiment des salles de marchés, c’est qu’il n’est pas possible qu’un individu seul ait pu faire cela. La Société Générale aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché » ajoute-t-il.

Cette thèse est appuyée par un analyste d’une société de gestion parisienne souhaitant garder l’anonymat, pour qui il reste « curieux que quelqu’un, qui semble-t-il n’avait pas de très grosses responsabilités », ait pu seul provoquer de telles pertes.

Pour le trader Nick Leeson, à l’origine la banqueroute de Barings en 1995, l’histoire de la Société Générale est « exactement la même » que la sienne, et « le système bancaire est aussi vulnérable que de (son) temps ». L’ancien trader reconverti en dirigeant d’un club de foot irlandais, s’estime convaincu que les banques ne se préoccupent « que de faire de l’argent, pas de le protéger », et de ne pas « s’intéresser assez à ces zones de risques ».

Même s’il a « du mal à croire qu’une chose d’une telle ampleur soit arrivée », il pense que « les opérations de courtage malhonnêtes arrivent probablement chaque jour », mais que « les banques n’aiment pas le révéler, parce que cela poserait un problème de confiance de la clientèle ».

Sorti en 1999 de prison, après y avoir passé 6 ans pour fraude et faux en écriture, Leeson a écrit une autobiographie intitulée Rogue trader, portée par la suite au grand écran sous le titre de « Trader » (« High Speed Money ») avec Ewan McGregor dans le rôle principal.

in :Le Figaro

http://www.marcfievet.com/article-15972277.html 

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