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COMMUNISME 21 - "Jouer Mistral gagnant…."

par Renaud

Publie le samedi 12 mai 2012 par Renaud - Open-Publishing
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La tonalité de la campagne électorale, la convergence des sondages confirment de plus en plus, même si rien n’est jamais joué jusqu’à la fermeture des bureaux de vote, dans une élection présidentielle, le rejet massif de Nicolas Sarkozy et de sa politique d’agression sociale généralisée et la possible victoire de François Hollande.

Si Nicolas Sarkozy est battu le 6 mai, restera à élire en juin une majorité de gauche à l’Assemblée et dans celle-ci, un nombre important de députés communistes, du Front de Gauche porteurs d’exigences fortes de changement. Une nouvelle majorité avec un nouveau Président de la République est possible. Comment la faire réussir et permettre qu’en 2017, les citoyens/citoyennes l’ayant soutenue se sentent confortés dans leurs choix de 2012 et désireux de continuer à améliorer la vie ? Comment empêcher toute déception, amertume comme cela a été trop souvent le cas dans les années 1980 après avoir eu un gouvernement de gauche ?

Bizarrement, cette semaine, une discussion de café avec quelques amis a soulevé entre nous des questions qui, j’en suis sûr, commencent à venir dans l’esprit des militants, alors qu’ils sont fortement engagés dans la campagne électorale.

Mes interlocuteurs font partie de ceux qui ont critiqué, parfois avec raison, certaines hésitations ou positionnements timorés de François Hollande face à la crise financière, au poids des puissances économiques et boursières. Plusieurs pensent qu’il cédera inévitablement à celles-ci dans un éventuel mandat présidentiel et finira par appliquer une politique d’austérité comme l’ont fait les gouvernements sociaux-démocrates en Grèce et Espagne ou ont aidé à le faire en Allemagne.

De ce fait, l’un d’entre eux estime que l’échec politique d’un futur gouvernement de gauche en France étant prévisible, les communistes et le Front de gauche ne doivent pas risquer d’être accusés de soutien à l’austérité, doivent préserver leur « pureté » révolutionnaire, s’appuyer sur le mouvement social revendicatif et ne pas participer à un gouvernement à majorité socialiste. Ce camarade espère qu’ainsi dans cinq ans, les communistes et le Front de Gauche seront plus forts pour progresser de nouveau et constituer un pôle de rassemblement radical et transformateur décisif.Cette espérance illusoire s’appuie parfois chez lui sur un ressentiment fort envers le parti socialiste et son action dans le passé : ressentiment souvent justifié mais parfois théorisé jusqu’au sectarisme anti-socialiste que certains éléments des discours de campagne du candidat du Front de Gauche ont quelquefois nourris.

Cette stratégie de l’échec est illusoire : peut-on penser que le peuple qui supporte durement la politique de Sarkozy et du grand patronat ne condamnera pas tous les attentistes, tous ceux qui n’auront pas fait le maximum, pris tous les risques y compris en mettant les « mains dans le cambouis » pour faire réussir le changement ? Peuvent-ils attendre encore cinq ans de plus dans l’espoir ténu que les forces de transformation sociale grossissent et l’emportent ?

En tout cas, un autre interlocuteur était très clair, si les communistes et le Front de Gauche jouaient l’échec, tout le petit capital de sympathie ou de bienveillance qui a semblé se reconstituer en partie dans la dernière période envers les communistes serait réduit à néant et il retournerait « planter ses choux » alors qu’aujourd’hui, il a retrouvé un certain bonheur à militer !

Une « stratégie de l’échec » utilitariste et électoraliste n’apporterait de l’eau au moulin qu’à ceux qui, dans cette même visée électoraliste à court terme, seraient prêts à faire d’une structure d’alliance frontiste, le Front de gauche, un nouveau parti absorbant le parti communiste. La direction du PCF aura une lourde responsabilité dans les semaines à venir pour éclaircir les enjeux et permettre un large débat puisque, je le suppose, sa décision n’est pas encore prise, même si certaines déclarations sur le sujet – comme celles d’Olivier Dartigolles – m’ont un peu préoccupé dernièrement.

La priorité politique des animateurs du Front de Gauche et du PCF ne peut être que le souci de l’amélioration du sort de notre peuple, et non la préoccupation égoïste du développement de nos structures partisanes. Pour cela, il faudra prendre des risques politiques pour être utiles au changement, l’aider, si possible, parfois l’impulser et cela « par le haut et par le bas », par la participation positive au pouvoir et aux décisions politiques et législatives, et, en même temps, dans la participation et l’aide aux luttes sociales face aux puissances économiques et financières.

La discussion avec mes amis me fait penser qu’un « soutien mitigé sans participation » serait aussi préjudiciable qu’ »une participation molle » sans dynamique sociale. N’est-ce pas dans une telle attitude participative et combative, positive et contestatrice visant à ne pas faire perdre de vue « le chemin » que la participation communiste pourrait montrer son originalité et son utilité au sein d’un front qui, dans une situation aussi contradictoire, devra forcément chercher des équilibres et des compromis qui pourraient être paralysants ?

Cela ne donne-t-il pas plus de responsabilité encore aux communistes pour être, demain, plus que jamais attentifs à tout ce qui évolue de manière novatrice dans la société, dans les multiples pratiques collaboratives, coopératives, autogestionnaires qui se développent, pour aider à des prises de conscience globale sur la transformation sociale, pour contribuer à rassembler encore plus largement ? L’idée communiste, l’ambition de « faire commune » a encore de l’avenir si elle est capable de se nourrir de nouvelles aspirations et de nouvelles pratiques qui, le plus souvent aujourd’hui, ne se reconnaissent pas encore en elle. Cette renaissance/renforcement de l’idée communiste ne se trouvera-t-elle pas alors à l’étroit dans l’actuelle formation communiste ? Seul le débat mené en lien avec l’action de terrain et le rassemblement toujours en construction pourra le dire.

Daniel Durand

14 avril 2012

http://www.communisme21.org/edito/jouer-mistral-gagnant-838

Messages

  • Ces nouvelles pratiques ne pourront voir le jour que quand nous serons dans la panade, et non pas tant qu’une majorité trouvera encore certains avantages à maintenir le système.
    Le titre de cet article montre bien la situation à laquelle nous allons faire face : cela relève d’un calcul de probabilités ou du "pile ou face" comme chaque élection, à la différence que jamais le jeu n’aura jamais été aussi truqué à Gauche, avec un PS centriste, avec un PCF réformiste, voire social-démocrate qui ne s’assume pas comme tel, se dissolvant dans un Front de gauche aux couleurs trop criardes masquant l’absence d’un commencement de préparation à un changement radical qui aura lieu sans qu’on sache dans quelle direction il ira. Ce ne sera pas la bonne.