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CONTI CLAIROIX - Des salariés souvent plongés dans une détresse intense.

par CONTI CLAIROIX

Publie le mardi 18 octobre 2011 par CONTI CLAIROIX - Open-Publishing
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« J’ai perdu plus de 20 kg, je ne mange plus, je n’ai plus goût à la vie »
UN SALARIÉ extrait des réponses anonymes au questionnaire envoyé aux 1113 salariés licenciés à l’initiative du comité d’hygiène et de sécurité.

Depuis la fermeture du site de Clairoix, une cellule psychologique indépendante a été mise en place par Continental, pour tenter de venir en aide aux plus fragiles, mais seulement une poignée de salariés ont osé s’y confier. Ils ont préféré exprimer leur souffrance par écrit, de façon anonyme, lorsqu’un questionnaire leur a été envoyé, à l’initiative du comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT).

Ce dernier a mandaté le bureau d’expertise et de conseil Secafi pour évaluer l’impact des licenciements sur les salariés. « Les 1113 salariés ont reçu un questionnaire et nous avons obtenu 422 réponses », explique Jean-Claude Lemaître, secrétaire du CHSCT. Parmi les réponses, quelques-unes, très rares, sont encourageantes : « Je me porte bien », peut-on lire. Ou encore : « J’ai réussi à retrouver un emploi pour me reconstruire. »

Mais beaucoup sont alarmantes, voire dramatiques. L’usine se rappelle aux ouvriers : « Je ne supportais plus de voir la cheminée de l’usine en sortant de chez moi. J’ai déménagé », écrit un salarié. « Le plus dur, c’est de voir la pub Continental à chaque match de foot », détaille un autre.

Des dizaines de personnes évoquent des problèmes d’insomnie, d’addiction, des difficultés familiales ou une volonté de mettre fin à leurs jours : « La fermeture de l’usine a été un tournant dans ma vie. Divorce, alcoolisme. Je me suis mis aux substances illicites. J’ai des idées noires », confie un employé. « J’ai perdu plus de 20 kg, je ne mange plus, je n’ai plus goût à la vie », explique un autre.

Des témoignages comme autant d’appels au secours que les syndicats prennent au sérieux. « En juin dernier, l’un d’entre nous a malheureusement mis fin à ses jours. Et, peu de temps après, un autre a voulu se suicider sous nos yeux », rappelle Pierre Sommé, délégué syndical (FO).

« Je garderai à jamais une rancune et une haine envers tous les dirigeants de cette boîte », affirme un témoignage. Certaines réponses vont encore plus loin, contenant des menaces de mort à l’encontre des dirigeants du groupe. Des réponses parfois signées de leurs auteurs.

Pour Jean-Claude Lemaître, des solutions doivent être apportées : « Nous souhaiterions qu’un médecin du travail puisse suivre tous les salariés afin de les diriger vers d’autres praticiens en fonction de leurs besoins », explique-t-il. « Les questionnaires ont été envoyés près de deux ans après les licenciements », s’étonne Philippe Bleurvacq, directeur des ressources humaines de l’usine. « Depuis 2009, des psychologues et une assistante sociale sont à la disposition des salariés », rappelle-t-il.

http://www.leparisien.fr/clairoix-60280/j-ai-perdu-plus-de-20-kg-je-ne-mange-plus-je-n-ai-plus-gout-a-la-vie-18-10-2011-1657726.php