CONVENTION DÉMOCRATE - Bon sur la forme, mais travaillez le fond M. Kerry !

de Hamdam Mostafavi

Si John Kerry a su habilement se vendre en tant que futur "commandant en chef" lors de son discours d’investiture, l’adversaire démocrate de George W. Bush a déçu la presse américaine en restant évasif sur les questions cruciales.

"Le discours d’investiture du candidat démocrate à la présidentielle John Kerry, jeudi 29 juillet, a été décevant, même s’il a parlé avec assurance et éloquence", estime The Washington Post. Le quotidien américain n’est pas vraiment convaincu par la prestation de l’adversaire de George W. Bush. "Sur la forme, il n’a pas été mauvais, mais il a raté une occasion de nous prouver qu’il est le leader dont notre pays a besoin", déplore le journal.

Premier hic, l’Irak. "Il ne nous a pas fourni une vision claire sur la question irakienne", regrette The New York Times. "Les électeurs ont besoin de savoir que, rétrospectivement, Kerry comprend son erreur d’avoir approuvé la guerre en Irak lors du vote au Sénat. Il est certain maintenant que Kerry ne l’admettra pas, et c’est dommage", commente le grand quotidien new-yorkais. "John Kerry n’a pas dit s’il serait allé en Irak dans la même situation que Bush. Il n’a pas eu un mot pour célébrer la libération des Afghans du joug des talibans, ou celle des Irakiens de la dictature de Saddam Hussein", désapprouve le Post. "John Kerry aurait dû avouer que les troupes américaines seront nécessaires en Irak pour un long moment encore. Il aurait pu réaffirmer son engagement à ne pas abandonner les Irakiens sans les aider à construire leur démocratie", considère le journal de Washington. "Au lieu de cela, il a choisi les mots parfaits pour laisser penser qu’il pourrait trouver une solution rapide et indolore."

Le Washington Post, qui avait appelé le candidat Kerry à "plus de sincérité" au début de la convention démocrate, lui reproche "d’avoir manqué l’opportunité de parler franchement aux Américains sur les questions d’économie et de sécurité nationale". Car "l’administration Kerry pourrait se retrouver embourbée dans une situation économique difficile, héritée du comportement irresponsable de l’administration actuelle, peu soucieuse des générations futures", rappelle le Post.

Au final, le candidat John Kerry aura surtout évoqué ses années de service au Vietnam, relève particulièrement la presse américaine. "Après quatre jours de convention démocrate, nous avons l’intuition, d’après certains indices, que John Kerry aurait probablement servi au Vietnam", ironise le Los Angeles Times. "Les républicains vont accuser Kerry d’en faire trop sur cet épisode relativement bref de sa carrière", prévient pour sa part le New York Times. "Il va falloir que John Kerry s’accorde un peu de temps pour expliquer aussi le reste de son curriculum vitae", conseille le journal. "Les biographies qui font paraître plus longs ses quelques mois de service à l’étranger que ses dix-neuf années passées au Sénat ne seront jamais crédibles", remarque le NY Times.

"Les années 60 ont été, selon les dires de Kerry, des années paradisiaques, perdues à cause de politiciens malhonnêtes, comme les prometteuses années 90 ont été gâchées par l’administration Bush", observe le LA Times. "Kerry s’est adroitement décrit comme le capitaine qui hissera à bord du bateau national tous les Américains laissés à quai. Et, en faisant régulièrement référence au Vietnam, il s’est dessiné avec talent une image de commandant en chef", reconnaît le quotidien.

"Cette convention démocrate a globalement rempli ses objectifs", conclut le New York Times. "Maintenant, Kerry et Edwards, qui sont encore presque des inconnus pour beaucoup d’électeurs, vont devoir renforcer leur message, avant qu’une équipe que le public connaît bien n’arrive à New York pour défendre son bilan" lors de la convention républicaine.

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