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Ca se passe comme ça au parlement de "la seule démocratie du Moyen-Orient"...
Publie le lundi 27 septembre 2010 par Open-PublishingA l’occasion de "Yom Kippour" (le "Grand Pardon"), il est de tradition que des personnalités israéliennes demandent publiquement le pardon de personnes ou de la société pour des fautes dont elles font pour la circonstance l’aveu, de façon souvent quelque peu théâtrale.
La députée Anastasia Michaeli, une copine d’Avigdor Lieberman au sein du parti d’extrême-droite raciste Yisraël Beiteinu (au pouvoir, faut-il le rappeler ?) a ainsi imploré la clémence "de sa famille, ses 8 enfants et son mari bien-aimé" à qui elle confesse "ne pas avoir accordé toute l’attention qu’ils méritent".
Et pour cause, pourrait-on dire ! C’est que Anastasia Michaeli était bien trop occupée à donner des leçons de démocratie à la terre entière dans l’enceinte de la Knesset. On la voit à l’oeuvre, sur les images de la vidéo ci-dessous, alors qu’elle agresse physiquement la députée Haneen Zoabi, qui est l’un des 11 députés de la minorité arabe (sur 120).
Remarquable démonstration du fonctionnement des institutions pseudo-démocratiques israéliennes :
Haneen Zoabi , qui s’oppose avec courage à la reconnaissance par l’Autorité Palestinienne d’Israël comme "Etat juif", et qui dénonce ce qu’elle appelle "un apartheid sophistiqué", était à bord d’un des navires de la "flottille de la liberté" qui fut, le 31 mai dernier, la cible de la sanglante opération de piraterie en haute mer par les commandos de marine israéliens, dont les experts de l’ONU viennent d’établir qu’elle a été marquée par des "homicides intentionnels, tortures ou traitements inhumains, et le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou des blessures graves".
Pour ce motif, le Ministre de l’Intérieur israélien veut tout simplement la priver de sa nationalité pour "déloyauté", mais pour le moment elle a seulement été privée de son passeport diplomatique (dont tout député est titulaire).
Haneen Zoabi est d’ailleurs également très critique à propos de l’A.P.
Dans une interview au quotidien "Libération", elle constate : « depuis les accords d’Oslo, nous [les Arabes d’Israël] sommes les grands oubliés de tout processus de paix. C’est comme si nous étions exclus du problème palestinien. Depuis quinze ans, on a délaissé la libération de l’ensemble du peuple palestinien au profit de la construction d’un Etat palestinien. Cette approche a échoué, il faut changer de perspective ».
En ce qui concerne le constat de l’instauration d’un régime d’apartheid, elle explique posément : « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les Palestiniens d’Israël forment 18% de la population, mais ne représentent que 7,8% des étudiants et 7% des fonctionnaires. La moitié d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Ils sont dix fois plus qu’en 1948 mais ne contrôlent plus que 3% de leurs terres de l’époque. Depuis 1948, 600 municipalités juives ont été fondées, aucune arabe. L’Agence juive a interdiction de par la loi de vendre à des Palestiniens. A l’école, nous devons apprendre l’histoire d’Israël et du sionisme, la littérature hébraïque ; aucun cours ne fait référence à notre histoire, notre présence avant 1948, notre littérature. Aucun document administratif israélien ne mentionne le mot "palestinien" ou "arabe". Nous sommes des "non-juifs", au mieux des chrétiens ou des musulmans ».
Quant au gouvernement actuel, il a « multiplié les mesures discriminatoires envers les Arabes. Le ministère des Transports a décidé de judaïser les noms de localités arabes : il nous faut désormais écrire "Natzaret" au lieu de "Nasra", même en arabe. Celui de l’Education a raillé toute référence à la naqba [la « catastrophe », en arabe, en référence à l’expulsion de 800 000 Palestiniens en 1948, ndlr]. Une nouvelle loi permet la privatisation des terres [possédées à 95% par l’Etat] et des immeubles : cela rendrait irréversible la confiscation des terres depuis 1948. Or la terre est la seule preuve de notre "indigènéité". Lieberman veut aller plus loin : il propose d’imposer un serment de loyauté à Israël comme Etat juif à tout citoyen pour ses 18 ans ; il veut aussi conditionner les aides à l’emploi, au logement et aux études au fait d’avoir effectué le service militaire, alors que les citoyens arabes en sont exemptés. Ces lois ne passeront pas, mais Lieberman est la partie émergée de l’iceberg. Ses thèses sont largement reprises, ce qui montre combien la classe politique israélienne est raciste ».