Candidature de Pierre Larrouturou (publié sur le site de Marianne)

Une nouvelle candidature qui interpelle
L´économiste Pierre Larrouturou, membre du Parti socialiste, se présente à l´élection présidentielle avec un slogan hors norme : « Ne votez pas pour moi (votez utile dès le premier tour) mais écoutez ce que j´ai à dire. » Son combat : attirer l´attention des politiques sur l´urgence sociale.

Marianne2007.info : Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à l´élection présidentielle ?
Pierre Larrouturou : Parce que beaucoup de politiques sous-estiment la gravité de la crise sociale ! Le dernier rapport de Jacques Delors montre que 4 salariés sur 10 voient chaque année leur revenu diminuer, à cause de la multiplication des petits boulots. Selon l´Insee, 1 salarié sur 8 est payé en dessous du Smic. Un Français sur deux a peur d´être un jour SDF ! Pour des millions de personnes, la situation est vraiment dramatique mais, quand on entend les grands candidats, on a l´impression qu´ils ne sentent pas la gravité de la crise. Je me présente pour faire connaître nos 20 propositions contre le chômage, nos propositions en matière de démocratie, nos propositions pour sortir l’Europe de l’ornière. Je me présente pour lancer des débats de fond.

Vous vous présentez, et en même temps vous invitez à voter pour le Parti socialiste. N’y a-t-il pas là une contradiction ?
Nicolas Sarkozy est vraiment dangereux. Si l’on veut que la gauche gagne les élections, il vaut mieux qu’elle soit présente au deuxième tour… Autant ne pas se disperser. Autant voter utile, dès le premier tour. Mais si la gauche gagne et se contente de poser des rustines, la situation peut très vite devenir catastrophique. Voilà pourquoi il faut, avant les élections, proposer des réformes qui pourront être négociées très vite après une éventuelle victoire. L’Histoire montre que toutes les réformes qui n’ont pas été débattues avant une élection ne sont jamais mises en oeuvre ensuite, car les gouvernements sont très vite pris par la gestion du quotidien.

Vous êtes vous-même membre du Parti socialiste, mais vous êtes en même temps très critique vis à vis de ce parti...
En 1997, le PS avait dans son projet de quoi créer au moins 700 000 emplois (emplois jeunes et 35 heures). De plus, en arrivant au pouvoir, Lionel Jospin a bénéficié d’une vague de forte croissance. Jospin a fait un « bon départ » mais très vite, on a senti qu’un deuxième élan était nécessaire. Il n’est jamais venu… En 2007, quelles sont les mesures fortes du projet du PS contre le chômage ? Le projet socialiste n´est pas assez ambitieux, pas assez concret. Je fais partie de la Commission Economie du PS : nous n’avons pas eu une seule réunion dans les deux ans qui ont précédé la rédaction du projet ! Même chose sur l´Europe : je suis Délégué national Europe du PS. En 6 mois, pas une fois je n´ai rencontré François Hollande ou Pierre Moscovici pour en parler avec eux. La société va finir par crever de l´absence de réflexion. Les patrons des grands groupes financiers, eux, réfléchissent et définissent de vraies stratégies. Si les syndicats et les politiques ne font pas cet effort, on va dans le mur ! Urgence sociale veut être la boite à idées de la gauche.

Quelle a été la réaction du PS à l´annonce de votre candidature ?
J´ai rencontré deux proches de Ségolène Royal, je les ai avertis de mon projet.

Irez-vous jusqu´au bout de cette campagne ?
Oui. J´ai la chance d´avoir le soutien de Gérard Pelletier, Président des maires ruraux de France. A titre personnel, il a envoyé un courrier à 33 500 maires ruraux pour leur demander de me donner leur parrainage. Jamais, jusqu’ici, il n’avait donné sa signature à aucun candidat mais cette fois ci, il s’engage. Lui aussi pense qu’il y a urgence sociale. Il pense que nos idées sont justes et méritent d´être entendues.

Voir le site d’Urgence sociale
Voir les propositions d’Urgence sociale au format pdf

Lundi 11 Décembre 2006
Anna Borrel

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