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Cegelec, la lutte s’organise, salariés et syndicats sur le pied de guerre
Publie le jeudi 3 septembre 2009 par Open-Publishingsocial - économie
Cegelec veut voir la lumière au bout du tunnel
Rachat . L’entreprise d’ingénierie et de service Cegelec vient d’être rachetée par Vinci. Peut- être un espoir pour les employés, épuisés par des années de « casse sociale ».
« Aujourd’hui les salariés sont très, très remontés, si Vinci ne nous dit rien d’ici quelques jours, on va aller vers une lutte puissante », annonce Éric Fatoux, secrétaire général des syndicats CGT et Cegelec et Filiales. Dans la petite salle de la Bourse du travail, à Saint-Denis, non loin du siège de Cegelec, l’intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE, CGC et l’Union des travailleurs de Guyane se sont réunis. Les syndicats ont décidé d’agir ensemble, ce qui est une première, pour trouver des solutions à la gestion catastrophique sur le plan humain chez Cegelec. La faute aux rachats successifs de l’entreprise par des financiers, depuis sa vente en LBO (leverage buy out), en 2001. Ce système permet d’acheter un établissement à crédit par endettement. Le but étant de faire un maximum de profit puis de le revendre.
« pillage organisé »
Cegelec a été tour à tour aux mains de Charterhouse Development Capital et de CDC entreprises Capital, puis de LBO France, et enfin de Qatar Diar, en octobre 2008. Tous ont conduit « au pillage organisé de l’entreprise pour ramener de l’argent aux financiers », estime Rolland Sabatier, de la CFTC. Sans tenir compte des salariés. Résultat, des licenciements à la pelle et un plan social qui ne dit pas son nom. Entre 2003 et 2006, environ 300 personnes ont été débarquées chaque année pour des motifs suspects ou ont été vivement encouragées à négocier leur départ. D’après les syndicats, les procès pour licenciement abusif aux prud’hommes ont tous été gagnés par les salariés. En septembre, les patrons devront aussi s’expliquer devant le tribunal de grande Instance de Lille pour les mêmes agissements dans la filiale Cegelec Nord-et-Est.
manque à gagner
Pour ceux qui ont refusé de s’en aller, la situation est morose. Les avantages sociaux fondent comme neige au soleil. Les primes de fin d’année sont remises en question. La mutuelle, normalement prise en charge par l’entreprise à hauteur de 50 %, est presque payée en totalité par les salariés. Et les indemnités de déplacement sont aussi sur la sellette. Une personne en grand déplacement toute l’année pourrait perdre ce bénéfice. D’après les syndicats, les salariés auraient alors un manque à gagner « entre 30 % et 50 % du salaire », s’exclame Éric Fatoux. La promesse de l’actionnaire numéro 1, Qatar Diar, en 2008, de faire de Cegelec une vitrine sociale s’est envolée. D’après Myriam Picchiarini, déléguée FO, « le dialogue social est inexistant dans l’entreprise ». Elle l’explique : « Les LBO favorisent ce genre de fonctionnement. Pour avoir de l’argent, il faut supprimer les acquis sociaux. »
Le rachat par Vinci, un industriel et non pas un financier, a surpris tout le monde. Il laisse une porte ouverte dans une situation très dégradée. Aujourd’hui, les élus du comité d’entreprise de Vinci rencontrent la direction des ressources humaines. Il sera question de l’avenir de Cegelec. Seulement un changement de cap et un remplacement des responsables permettront de retrouver un peu de sérénité. En attendant, l’intersyndicale de l’entreprise d’ingénierie et de services se dit, elle, toujours prête à « entrer dans une lutte à mort » contre ses dirigeants.
Cécile Rousseau