Accueil > Cegelec : lettre à l’encadrement

Lettre aux chefs d’équipe et aux responsables de chantiers de Cegelec.
Chers collègues,
Si vous faites partie des 700 salariés sur le 1900 ayant droits qui se sont partagés 3 500 000 euro de primes bonus (de 500 à 24 000 euro), si vous faites partie des 150 cadres dirigeants à qui la direction a offert 55 000 000 de stock-options en 2007/2008, si vous faites partie des 1150 cadres qui en 2009, viennent de se voir attribuer par la direction du groupe les 27 000 000 d’euro de stock-options, si vous faites partie de ceux à qui la direction a consenti un avantage en nature sous la forme d’une voiture de fonction disponible gratuitement 365 jours par an et sans limite de kilométrage… ce courrier ne vous concerne pas, toutefois, n’étant ni des traîtres ni des adeptes du faux-fuyant, nous vous la faisons parvenir.
Je m’adresse aux milliers de collègues, à qui des responsabilités ont été données, à qui depuis des années, la direction a promis mais en tenant que très rarement ses engagements verbaux, à qui la direction a fourni un véhicule de société mais avec des contreparties qui nuisent à la vie familiale… et à qui aujourd’hui, la direction demande de calmer l’état de colère des salariés de chantier, après l’annonce de la remise en cause des usages et accords concernant les frais professionnels, des remises en cause qui vont faire perdre des milliers d’euro aux travailleurs et en faire gagner des millions aux actionnaires (dirigeants et qatari)
Des cadres, ceux du premier chapitre ont osé déclarer il y a quelques jours : « mais tu ne vas perdre que 200 euro », un autre a dit « mais soyez heureux que les salariés ne soient pas aussi redressés », un autre « si vous bloquez les chantiers, je vais perdre ma prime bonus », un autre « on doit se plier à la concurrence des pays de l’Est », un autre « mais on va traiter au cas par cas », un autre « on vous sortira du chantier 1 mois par an »… beaucoup on dit mais personne ne l’a ou n’a voulu l’écrire !
Dans les récentes réunions de l’encadrement de chantier qu’il soit du premier ou du deuxième collège, vous avez tous constaté que la direction avait le souhait que vous soyez les porteurs de la « bonne parole », celle qui réconforte, celle qui apaise avant l’hallali social du 31 décembre 2009.
Mais avez-vous constaté que la direction avez omis de convoquer les délégués du personnel, des délégués qui auraient mis en avant la réalité face aux mensonges bien appris de la direction et des chefaillons de service, ceux du 1er chapitre.
La direction a réussi une chose, celle de rassembler les syndicats sur une plateforme revendicative nationale établie en juillet 2008, élargie aujourd’hui à la question des usages et accords sur les frais professionnels des salariés de chantiers. Et cela n’a pas été difficile puisque tout le monde est aujourd’hui concerné par la perte, à court terme et à moyen terme, de pouvoir d’achat dans cette période déjà si difficile tant financièrement que moralement.
Certains parmi vous, ont déclaré lors des dernières visites de chantiers « on va être obligé de le faire ! » ou « si c’est pas moi, un autre le fera à ma place ! »… déclarations terribles quand on sait que de nombreux collègues perdront des milliers d’euro sauf au cas par cas, c’est-à-dire non écrit et avec le canon sur la tempe, le barillet chargé et la gâchette armée.
En clair « tu fais ce que je te dis ou alors… j’appuie sur la détente ! ».
Chers collègues,
Pouvons-nous vivre et travailler normalement dans une telle entreprise dans laquelle la peur du lendemain, la pression et le mensonge permanent font loi ?
Pouvons nous vivre et travailler sereinement dans une entreprise dans laquelle l’individualisme et le cas par cas détruisent des années de droits collectifs historiques et gagner par des luttes collectives, autant celles de nos parents et grands-parents que par les salariés de Cegelec… ?
Pouvons nous admettre sans réagir, qu’un euro soit plus important qu’une vie, qu’une famille, que l’avenir d’un enfant ?
Car il est évident que Cegelec, entreprise multinationale milliardaire, entend faire d’un grand nombre de ses salariés actuels à la compétence reconnue, des travailleurs pauvres qui seront mis en concurrence avec des salariés low-coast sans droit et que vous aurez en charge de surveiller.
La mise en concurrence des travailleurs eux-mêmes, crée la haine, la xénophobie et à terme la dictature violente, une forme politique qui n’est jamais subit par les nantis mais toujours subit par les travailleurs dont les seuls moyens de subsistance sont de vendre leur force de travail et leurs compétences à qui veut bien les acquérir, mais toujours au meilleur tarif, au plus bas prix possible.
Mais quand il y a concurrence entre travailleurs, haine, racisme et méfiance s’installent. L’instinct de survie dans un milieu qui n’est pas naturel à l’homme, fait que tous les coups sont possibles dans une loi de la jungle qui s’instaure au détriment des plus faibles physiquement et des plus fragiles psychologiquement... l’intelligence et les compétences ne servent plus à rien dans une telle société…
Ne rien dire c’est laisser faire, laisser faire c’est subir, subir c’est se détruire soi même, se détruire soi même, c’est anéantir ses collègues et à terme démanteler son environnement de travail, donc sa propre famille et ses propres amis.
Ensemble, refusons cette implacable logique libérale que le directoire de Cegelec entend mettre en place pour sauver les millions que vous avez gagnés, les millions qu’ils se sont accaparés, des millions qu’ils n’ont jamais voulu partager.
Ensemble, soutenons les syndicats, soutenons les élus et les représentants du personnel, dans leurs appels à l’unité la plus large, il en va de notre avenir, celui de chacun, celui de tous...
Aujourd’hui nous fêtons le 14 Juillet, la fin de la monarchie, allons nous la laisser revenir ?
Recevez mes plus cordiales salutations