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Cesare Battisti : Aujourd’hui je suis allé voter et dimanche prochain j’irai voter !

Publie le vendredi 26 mars 2004 par Open-Publishing

Version complète du "coup de gueule" de Patrick Cressend paru dans Libération (cf. ci-dessus) :

"Aujourd’hui je suis allé voter et dimanche prochain j’irai voter !

Alors que cela fait de nombreuses années que je ne votais plus ou que je votais blanc (vote qui ceci dit en passant qui est comptabilisé avec les votes nuls).

Q’est-ce qui à causé ce revirement d’attitude ?

Je suis membre d’une association de littérature noir à Valence dans la Drôme « Les Travailleurs du Noir » qui organise chaque année un festival du Polar « la Cambuse du Noir » (8ème édition cette année). J’ai appris, le 11 février 2004, avec stupéfaction l’arrestation de Cesare BATTISTI. Passer le moment d’émotion du à l’arrestation d’une personne que l’on situe dans le cercle proche de ses intimes, d’une personne que l’on apprécie pour ses qualités humaines. Je me suis demandé ce que signifiait à l’échelon national cet acte éminemment politique.

Pour la première fois, je crois, de l’histoire de la 5ème république un gouvernement revient sur la parole donnée par la France. (En 1985, le Président de la République François Mitterrand, s’opposait à l’extradition d’anciens activistes ayant rompu avec leur passé de révolutionnaire.) Reniant le principe du droit d’asile, et un point d’honneur, la parole donnée par un président.

« Le respect de la parole donnée » cher à notre actuel président du moins dans son discours je le cite : « Il faut avoir le respect de l’autre, il faut avoir le respect de la parole donnée » -interview au palais de l’Elysée par Guillaume Durant le 12 décembre 1996, à propos du conflit des routiers.

Il « n’est d’autre chemin que le stricte respect de la parole donnée » - extrait du journal l’Humanité le 8 janvier 1998, à propos du conflit israélo-palestinien.

Pourquoi, n’entendons nous pas aujourd’hui M. Chirac s’ériger, dans les médias, en ardant défenseur du « respect de la parole donnée par la France aux réfugiés politiques italiens » ?

Dois-je comprendre que la parole donnée par un ancien président n’engage pas ses successeurs ? Mais alors que veulent dire les mots ; France, honneur de la nation, garantie de la parole d’état, image de la tradition humaniste de la France à travers le monde ? Dans la bouche de M. le président et de ses alliés, qui les utilise, ne sont ce que des mots creux vidés de leurs concepts, servant une communication de mercatique électorale ?

M. Perben Actuel Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, fut, dans cette affaire, surpris en flagrant délit de mensonge, je le cite : « M. Battisti a été arrêté mardi 10 février à la suite d’une menace de mort proférée contre l’un de ses voisins… C’est en enquêtant que les policiers se sont ensuite aperçus que M. Battisti faisait par ailleurs, l’objet d’une demande d’extradition émanant des autorités italiennes ». Extrait de l’émission Grand Jury RTL/LCI/Le Monde, du dimanche 15 février 2004.

Pourquoi, pour une soit disant querelle de voisinage (je crois qu’aucune main courante n’en atteste la réalité) aurait-on envoyé des policiers de la brigade nationale anti-terroriste ? Pourquoi faire croire que cette mise sous écrou extraditionnel est suite à des circonstances fortuites ? Alors que le 20 mai 2003 M Perben écrivait au procureur général de la cour d’appel de Paris un courrier demandant l’extradition de Cesare Battisti et de deux autres réfugiés politiques italiens. Ce même procureur de la république lui répondait le 4 décembre 2003 « J’ai l’honneur de vous faire retour non exécutées des trois demandes d’extradition visé en objet. »

Qu’y a t’il de si important dans cette affaire pour qu’un ministre de la justice méprise l’opinion public au point de faire de grossiers mensonges sur des médias nationaux et de passer outre toutes les décisions judiciaires et administratives qui avait, depuis 1985, confirmées le droit d’asile politique ?

Décidément je trouve ces pratiques véritablement malsaines.

Nous vivons dans un système ou ne pas voter est une possibilité qui nous est offerte, cela peut être une _expression politique, cela peut vouloir dire en faisant un raccourci, messieurs je vous trouve trop mauvais, revoyez votre copie et alors peut-être que je pourrais m’exprimer valablement en votant pour l’un d’entre vous. Cela a été souvent ma position depuis les années Mitterrand, en colère contre la gauche « caviar » qui n’avait fait qu’accompagner le libéralisme global, nouvelle renaissance de l’hydre capitaliste. Qui avait vite oublié, pour ne pas dire trahi, ses racines populaires.

Mais aujourd’hui, la coupe est pleine, l’amnésie sélective de M. Chirac, l’arrogance, le mépris de son gouvernement et de sa majorité envers « la France dans bas » est insupportable. Il ne leur suffit plus de transformer notre société en champ de ruine. L’attaque contre le droit d’asile des réfugiés italiens laisse présager que demain c’est nous qui remplirons leurs geôles. Ils ont préparé l’appareil policier et judiciaire à cette fonction. (Lois Sarkozy, et Perben 2)

En aucun cas mon vote est une motion de confiance. Mais aujourd’hui j’ai voté pour l’opposition, et Dimanche prochain je voterais pour l’opposition.

Dimanche 21 mars 2004

Patrick Cressend, un citoyen"