Accueil > Cesare Battisti : a la plage (5/5) : transalpine

Cesare Battisti : a la plage (5/5) : transalpine

Publie le samedi 4 septembre 2004 par Open-Publishing

de Pierre MARCELLE

De plage, il n’était plus guère alors que celle de Paris-sur-Seine, qui, le 20 août, remisa son sable pour là-dessous retrouver ses pavés. C’est dans ces eaux-là, dans cette plage chronologique courant du 14 au 21 août, que Cesare Battisti fit ce qu’à sa place évidemment nous eussions fait (pas vous ?). A son contrôle judiciaire, le14, il avait pointé, et le 21, pas.

Dès le 2 juillet, Chirac avait déclaré « de son devoir de répondre favorablement à une demande d’extradition » que la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait jugée recevable. Pour Battisti, la perspective d’un charter pour Rome, direct Perpét’-terminus sans passer par la case Prétoire, se précisait, vertigineusement.

Tandis qu’il est question de principes (parole d’Etat et paix civile, celle-ci depuis vingt ans perpétuant celle-là), ce 23 août, le ministre italien de la Justice et de Berlusconi, Roberto Castelli, accusait la gauche européenne de « défendre les assassins ».

Que Perben y fasse écho ne surprend pas ; que des voix à vocation plus démocratique laissent dire déçut ; que des consciences chipotent hors sujet la personnalité de Battisti surprit ; et que le seul Noël Mamère ose aujourd’hui affirmer qu’il ouvrirait sa porte au fugitif, accable.

Car de quoi parlons-nous ? Nous parlons d’Europe, de justice et d’Italie, où Jean-Marie Colombani se rend régulièrement en vacances et en famille. Le patron du Monde a un fils adoptif d’origine indienne.

Début août, irrité par le zèle des douanes locales harcelant systématiquement le jeune homme, Colombani s’en ouvrit à La Repubblica. Le ministre de l’Intérieur avança de diplomatiques regrets.

Castelli (de la très xénophobe Ligue du Nord) les récusa dans ces termes : « Je ne m’attendais pas qu’un ministre de la République italienne s’excuse devant un maître à penser de la gauche française. »

A l’appui de son propos, « le cas Battisti »... S’ensuivit une polémique, assez rude et que le Monde n’évoqua pas ; cependant, il se murmure que, depuis l’incident, l’ex-activiste y est traité avec une notoire circonspection.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=235895