Changements à venir au sein de la direction de la CFDT

de Rémi Barroux

Changement de têtes en perspective à la direction de la CFDT. Dans les semaines à venir, le syndicat devrait voir partir deux de ses secrétaires nationaux, Jean-François Troglic et Michel Jalmain : le premier gère les questions internationales et représente la CFDT à la Confédération européenne des syndicats ; le second est en charge de l’Unedic (dont il est vice-président) et de l’action revendicative. Tous deux siègent à la commission exécutive (depuis 1985 pour M. Trogrlic et 1995 pour M. Jalmain), une instance d’une trentaine de personnes qui prend les décisions quotidiennes du syndicat et réunit notamment, outre le secrétaire général, François Chérèque, les neuf secrétaires nationaux.

Ces changements devaient être discutés à l’occasion du bureau national de la CFDT, réuni depuis mardi 21 septembre et jusqu’au jeudi 23 septembre à Bierville (Essonne). D’autres changements à la tête de la CFDT pourraient suivre d’ici au prochain congrès de la confédération, qui se tiendra en juin 2006 à Grenoble (Isère).

Ces départs marqueront un renouvellement générationnel et la volonté de M. Chérèque de se doter d’une direction qui accompagne le cours nouveau de la CFDT. Le secrétaire général devait d’ailleurs proposer, mercredi 22 septembre, une réorientation de l’action de sa confédération à l’occasion de la présentation au bureau national d’un rapport qu’il a rédigé au terme d’un an de dé- bat interne. Ce rapport "préparatoire" sera présenté au conseil national, les 19, 20 et 21 octobre.

Si aucune rupture dans la stratégie de la confédération - qui fêtera ses quarante ans en novembre - n’est à l’ordre du jour, le bilan des deux dernières années amène le syndicat à repenser son action. Le dossier des retraites, avec le soutien apporté au printemps 2003 à la réforme menée par François Fillon, le conflit des intermittents ou celui des chômeurs privés de droits par la convention de l’Unedic ont percuté le syndicat.

Dans son rapport, M. Chérèque s’est attaché à revenir sur cette période. Il reconnaît que la "réforme des retraites a entraîné des départs en nombre de la CFDT". Le chiffre n’est pas encore établi, mais il pourrait avoisiner 30 000, selon un responsable de la confédération. C’est à la suite de cette crise que la décision avait été prise d’organiser des rencontres avec les adhérents et militants : "plus de 15 000" d’entre eux ont été consultés, assurent les dirigeants nationaux.

Fort de cette consultation, M. Chérèque assure que la CFDT doit maintenir le cap du réformisme et ne doit plus craindre d’affirmer sa "stratégie de transformation progressive". Mais la direction concède que la CFDT a souvent été jugée "trop gestionnaire". A charge pour elle de mieux dissocier, dans l’avenir, ce qui entre dans le cadre du paritarisme et de la gestion des organismes sociaux et ce qui relève de l’action revendicative.

PLUS OFFENSIF AVEC LA CGT

Il n’est pas question non plus pour la confédération de se laisser enfermer dans l’image de syndicat des salariés du secteur privé, abandonnant la défense du secteur public aux "organisations les plus corporatistes, qu’elles soient autonomes (FSU, Groupe des Dix) ou confédérées (CGT ou FO)".

Dans le même temps, le syndicat devra "renouveler sa critique sociale". Dans son rapport, M. Chérèque emploie à plusieurs reprises le terme de "capitalisme", pour en critiquer l’aspect "non régulé". Il n’est cependant pas question d’adopter un discours inspiré par la "lutte de classes", abandonné à d’autres centrales, notamment la CGT. M. Chérèque propose néanmoins à sa confédération d’être plus offensive à l’égard de la centrale de Bernard Thibault.

En ce qui concerne le fonctionnement interne de la CFDT, M. Chérèque propose de revoir les processus de décision et les liens entre les différentes instances de direction.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-380047,0.html